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Par Camille Loty Malebranche
La réalité virtuelle du web est l'oxymore vivant et dynamique d'un autre rapport des échanges humains, forme alterelationnelle par de nouvelles insertions dans l'intimité humaine, qui ébranle les murs des vieilles étanchéités pour la perméabilité des contacts distants.
Avant l’avènement du phénomène poignant et globalisateur de l’internet (« web » ou toile en français), le virtuel désignait le potentiel humain, telle possibilité à transformer en capacité effective par l'éducation et la motivation (sphère culturelle) ou telle tendance de la nature à provoquer tel phénomène (éventualité naturelle) l'une et l'autre comme pouvoir être. Avec le web, le virtuel est devenu l’autre réalité, l’espace de la vie seconde des institutions, le chenal d’expression planétaire des individus qui l’utilisent pour transmettre leurs idées. Avec le web, la téléprojection de soi de chaque internaute, par l’intervention publique, baigne dans le mouvement d’un fleuve d’interactions dont le lit est potentiellement le monde.
En dehors des tiraillements sémantiques et logiques du vocable de Réalité, l’homme contemporain vit une porosité des deux blocs, à en perdre dans certaines occurrences, jusqu’à la portée des faits. Mais en fait qu’est-ce que le virtuel que constitue l’internet? Un monde parallèle, reflet du monde dans les cas d’action en direct. Mais aussi et surtout un monde vrai de transmission et de réception d’informations, le virtuel est ce par quoi naît la réalité singulière d’un nouveau mitsein par le partage et l’échange grâce à des interconnexions de toutes sortes et aux retombées qui en découlent. Le virtuel du web (réalité internautique) n’est point le domaine du potentiel préinternautique, mais celui de la télé-action interactive où l’enclenchement technologique de la communication à distance par toutes formes de dispositifs de contacts et de simulations, fait du monde dit virtuel, un champ fécond d’artefacts bien réels dans leur conséquence. La voie inhérente au virtuel internautique, c'est d'imposer sa vérité bien réelle dans la réalité. Et, au niveau tant liminal que subliminal, internet - avec l’incommensurable multitude des interactions supraréelles, la puissance de ses innombrables simulations de l’impossible fait possible sur la toile - instille au mental et aux comportements de l’humanité contemporaine et à venir des formes de fascinations, de réflexes voire de pulsions autant saines que pathologiques qu’il serait tout simplement ignare d’ignorer comme réel.
Après avoir bouleversé sémantiquement et juridiquement les notions d'espaces privé et public, ces problématiques d’une civilisation qui peine à joindre ses prétentions de grandeur aux exigences spirituelles et morales de la vie sociale et du vivre ensemble, le virtuel redéfinit la communication des savoirs qui, de plus en plus, frappe d'inanité la nécessité des institutions telles l'école et l'université physiques pour au moins toute discipline discursive ne réclamant aucun entraînement technique-pratique - institutions que néanmoins les États et sociétés veulent à tout prix garder pour maintenir les secteurs économique et de pouvoir qu'ellent représentent. Le virtuel est devenu réalité inévitable dans nos vies personnelles où le recours à son utilisation est rendu incontournable pour la recherche, l'information avancée ou alternative et le maintien de certains contacts élaborés avec nos interlocuteurs éloignés.
Parce que le multivers du web n’a de limites que les confins des songes et des imaginaires, il défie le petit univers immédiat de ladite réalité où les simulations et le déferlement des excentricités restent corsetés dans le hic et le nunc de l’espace et du temps, il livre toute la démesure du génie humain mais aussi l’insondable abysse sans fond des dérives et travers monstrueux de l’être humain. Défi pour les législateurs et le droit, le cyberespace avec ses activités, ses criminels, est le reflet fidèle des excès qui couvent chez plusieurs mais aussi le lieu de la tentation de nos cerbères politiciens et oligarques vicieux, avides, toujours en quête d’étendre leur pouvoir, leurs ventes, leur surcontrôle de l'humanité à travers toutes sortes de harcèlements idéologiques et publicitaires.
Et, parce que ses transmissions-réceptions d’informations sont aussi vraies, aussi réelles que ladite réalité ordinaire, l’empan d’internet ne fait que commencer à bouleverser la civilisation, le fonds communautaire voire la chose collective publique des prétendus homo sapiens.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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