Par Camille Loty Malebranche

(Contre la pudibonderie et le maniérisme moral d’une idéologie criminelle.)
L’inaction de l’homme politique, parce qu’il s’est proposé à l’action bénéfique pour la communauté qui l’y a préposé, est un crime contre la morale et la société. L’inaction ou le silence du citoyen, quant à eux, sont complices coupables de l’indécence politique du pouvoir.
L’exigence de sens, l’obligation de signification chez un être social qui interagit avec ses semblables et les structures au cœur de la société - chez un être où l’intuition de la signifiance et de la fin excède de loin l’immédiate absurdité de l’impermanence du Multiple c’est-à-dire des éléments épars qui constituent le nombre nombré du nombre nombrant global qu’est l’Un indivis de l’univers - aboutit nécessairement à des règles de vie qui commandent le mode d’être de l’individu dans son rapport à l’univers et à la société. Ce rapport de la conscience humaine au cosmos et au social est projeté de cet autre rapport insondable qui est le dialogue intérieur existentiel de l’homme avec lui-même, l’indescriptible et imprescriptible Rapport à Soi. Naturellement pour manipuler les hommes, après avoir émietté la morale et y avoir substitué une éthique fonctionnaliste-utilitariste, la ploutocratie ose parler de démocratie au moment même où elle utilise les hommes comme marchepied de son enrichissement dans le mode de production et de travail, pour la monopolisation de toutes les ressources planétaires et la violence et l’excès de toutes sortes contre l’humanité et l’environnement. Pour centrer notre point de vue, nous devons préciser que deux catégories de valeurs jalonnent l’empan du sens de l’action humaine malgré les innombrables directions et aboutissements expressifs de celui-ci : la valeur logique et la valeur morale.
La première (la valeur logique) réfère aux choses et aux faits et répond strictement à nos exigences herméneutiques, où nous entreprenons de comprendre la signification immanente des choses. C’est le champ de l’entendement et la mise en acte de l’intelligence dans l’appréhension, la quête interprétative du monde.
La seconde (la valeur morale) renvoie à l’action et est du domaine du jugement et de la responsabilisation de l’homme agissant. Elle est transcendante à l’acte posé et implique la conscience de l’homme agissant qui ne peut se dérober en tant qu’être libre à sa responsabilité d’étant choisissant et volontaire.
Rejet de la « métaphysique » opportuniste et réactionnaire de croissance personnelle.
Il existe de notre point de vue trois grands schèmes d’existence pour l’homme : l’ontologique, l’organique et le politique.
1) L’ontologique référant au fait d’être me met constamment dans mon rapport au sens transcendant de l’espèce avec toutes les grandes questions métaphysiques auxquelles chacun répond selon sa foi, la lecture de son rôle dans l’univers...
2) L’organique est le schème du rapport au corps à sa vie ses exigences de subsistance, de bien-être, son fonctionnement en tant qu’organisme mortel qui a besoin pour bien vivre d’un certain nombre de satisfaction de ses besoins.
3) Le politique est ce rapport dynamique des hommes aux structures sans quoi la société eût été statique. C’est donc l’univers du social avec tous les stratagèmes individuels d’intégration, de relation au pouvoir de la structure et du groupe.
En tous les trois, la morale est la voie et l’arbitre de l’action et de la réaction de l’homme. C’est par elle que cette action et réaction signifie et est jugée à la fois comme intention et fin, indépendamment de leurs prémisses et conséquences même si dans le jugement moral d’un acte, on ne saurait ignorer les conséquences dudit acte. Mais la morale vise d’abord l’esprit de l’acte, le choix, le projet et la volonté constituant les motifs de l’agissant posant l’acte.
Contre la métaphysique des morales réactionnaires de fausse responsabilité du sujet humain pris au lasso du social et contre les mystifications d’un certain mysticisme oriental de soumission et d’opportunisme social de l’individu, la morale libérée et libératrice doit évaluer les vraies responsabilités personnelles de l’humain sans absoudre bêtement les manants profiteurs des structures qui se cachent en coiffant la kunée d’une idéologie structuraliste refusant sciemment de voir l’immonde culpabilité humaine dans l’horreur historico-structurale justement façonnée et planifiée dans le temps par les maîtres économiques et politiques de la société, qui exploitent et subvertissent l’orientalisme moral très communautaire derrière un individualisme mesquin d’une soi disant réalisation de soi. Fort d’un tel constat, nous disons que nul n’a le droit d’accuser ceux qui refusent l’assimilation voire la phagocytation de leur être global sous prétexte d’intégration dans le social faite à ses dépens ontologiques. Car nul n’est tenu de faire abnégation de son essence humaine pour les miettes de l’acceptation sociale !
Pour l’esprit de notre temps de prêche d’opportunisme moral prôné à l’individu pour qu’il profite des opportunités structurelles, La pensée du refus est impie car elle risque de maintenir l’individu dans la marge, mais la liberté, la dignité sont-elle négociables ? N’est-ce pas dignité, cette chose inestimable de la morale vraie, que d’affronter le social en confrontant ses bêtises idéologiques, plutôt que de se prostituer pour une aise matérielle déshumanisante ! Voilà pourquoi le christianisme authentique et sans cléricalisme, celui qui, rejetant toutes les églises, s’oppose à l’injustice sociale du monde sans la démagogie d’une nécessaire harmonisation de l’homme et du social, m’a toujours paru supérieur à toutes les morales orientales et leur « sociodicée mystique » mystificatrice, soi disant proposée en vue d’une « harmonie » supposée de l’individu avec la société, où il y a toujours en filigrane une culpabilisation personnelle du révolté ou marginal face au social qu’il n’accepte pas, un autodénigrement allant à l’autopunition de l’homme qui ne se laisse pas assimiler. Morale de croissance et de réalisation personnelle dans le monde qui condamne le refus de la pseudo-intégration de la personne humaine à l’ordre sale lui demandant de se nier et de nier tout idéal de justice sociale pour « se réaliser » en collaborant - ne serait-ce que par son silence, son abnégation - avec la réification de l’homme qui sévit structurellement dans nos sociétés. Hélas! Le tribut à payer dans un monde de monstres idéologiques mangeurs d’homme, est la marginalisation de quiconque ose dire non aux ploutocrates et à leur horde barbare de proxénétisme et de réification de tous ! Le mode de cette corruption de l’essence humaine sied bien à nos maîtres corrupteurs vides de toute valeur sinon le besoin pathologique d’écraser leurs semblables en brandissant l’argent comme référence de grandeur et de supériorité par laquelle ils instituent leur propre idolâtrie chez les masses. Il s’agit ici du vide qui se pare de maniérisme et d’arrogance pour dominer.
L’absence d’intériorité totale des ploutocrates ne peut donc qu’engendrer discrimination et incommunication sociale, puisque leur système établit une pseudo-hiérarchie entre les humains selon leur acquisition matérielle ou leur appartenance aux institutions systémiques. Il ne s’agit donc plus de blessure narcissique des corrupteurs qui se défoulent sur les paupérisés, mais de blessure spéculaire propre à la vacuité de toute humanité, car il n’y a là nulle contemplation de soi à laquelle le narcissisme ferait référence malgré son excès maladif! Blessure spéculaire donc de monstres esclaves de leur propre avidité matérialiste, qui s’autoproclament maîtres des vies et des biens, seigneurs d’un monde qu’ils sont seuls à faire vivre par leur prétendu mode socio-économique immoral! Blessure spéculaire et cécité mentale de prédateurs pris au rétiaire de leur propre ignominie au point de se faire accroire que ni aucune autre société ni aucun monde différent au mode de vie plus humain n’est possible voire imaginable, fors leur ignoble bourbier abjectement inhumain, sinistrement matérialiste !
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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