Par Camille Loty Malebranche
L’espace public est celui de l’intervention plurielle de chaque secteur de la société dans ce qui concerne la communication, la structuration idéelle et les modalités d’action permettant l’amélioration du vivre ensemble. Dès lors, nous pouvons entériner que l’espace public prétendu de la société menée par des institutions mercantiles et selon la consommation qui transforme tous, tour à tour en instruments du système, en travailleurs chosifiés, en consommateurs, en marchandises vivantes, n’en est pas un. Ce n’est que de la singerie de démocratie des riches qui s'exhibent tout en faisant leur jouet du reste de la société façonnée par et pour leur ordre oligarchique établi.
Communication, du suprahumain à l’artefact social…
Selon la tradition biblique, de Babel au Cénacle, le parcours mystico-religieux de l’espèce humaine est scellé par la communication. L’état et le devenir humains semblent illustrés à travers les turbulences de la spiritualité et de la mystique qui se communiquent par le langage que suivent l’action et la révolution ontologique (c’est-à-dire existentielle de l’être humain)... La Pentecôte, en effet, célèbre la communication retrouvée au Cénacle d’où Pierre, possédé par le Paraclet parla à tous ceux qui l’entendirent ce jour-là dans leur propre langue. Renversement par Dieu de l’incommunication entretenue par les intérêts indus et le mental confus des hommes de Babel. Revanche de la communication. Comme si la bonne communication n’existe que dans les projets salvateurs et vivifiants où les hommes forgent en harmonie leur destin et planifient leur réussite collective sans basculer dans la mégalomanie manipulatrice que dicte l’orgueil. On peut aisément imaginer qu’à cette tour primitive devenue Babel par malédiction ainsi que nous le rapporte la mythologie de la Genèse, les tribus et ethnies croyaient s’utiliser les unes les autres pour qu’enfin l’une emportât le pari hypothétique de la conquête du vide sidéral confondu au ciel. Mais l’élévation sociale, l’accomplissement d’un homme ou d’une nation s’il en est, ne peut être acquis ou conquis que si cet homme ou cette nation se fonde un objet précis et sensé où sa réussite ne constitue ni l’échec ni l’utilisation du semblable, fût-il étranger qui le côtoie et partage le vivre ensemble.
Si je fais cette digression vers le mythe et le dogme religieux pour évoquer la place éminente de la communication dans la réalité humaine et sociale, c’est pour marquer l’importance fondatrice et déterminante de la communication dans toute entreprise sociale et étatico-nationale. L’espace social, espace public par excellence, espace du vivre ensemble, dépasse à mon sens par son injonction et son devoir de collaboration pour la subsistance, le simple « mitsein » (ce vivre avec) qui définit toute communauté humaine et qui est présenté comme une sorte de fatalité due à la socialité voire à la grégarité des humains.
L’espace public est avant tout une communauté de droits et de devoirs ponctuant la communauté supérieure d’essence et de destin social et national. Il s’agit au prime abord de construire la vraie citoyenneté ; et ensuite, de créer les différentes institutions tant matérielles qu’immatérielles (culturelles, éducationnelles, juridico-légales) qui favorisent la communication publique, l’échange citoyen où le nanti de toutes sortes participe à l’enrichissement collectif. Il chaut donc de réformer la structure même du mode d’existence sociale de l’individu et des secteurs d’intérêts. Avoir l’ouverture et les institutions garantes des droits mais aussi disposer de toutes les structures de protection juste de toute la société pour forcer la minorité des antisociaux de toutes espèces, autant celle des dégénérés comme des criminels en série que celle des financiers, banquiers et politiciens à leur solde, ces esclavagistes économiques qui font des biens collectifs, leurs biens privés en pillant la nation, à contribuer au bien collectif. Les visions bornées et mesquines des élites économique et politique bêtes qui, jusque là, ne voient que leur petits intérêts immédiats en oubliant que la nation, pérenne, doit primer dans leur choix de génération, doivent être impitoyablement réprimées par la loi pénale.
L’esclavage du « tout le monde travaille pour quelques hédonistes » qui en jouissent en disposant de milliards tout en raréfiant ce que les travailleurs, les marginalisés, les exclus peuvent trouver pour vivre matériellement, doit être jugulé. Ainsi donc, c’est une nouvelle culture d’élite libératrice qui doit aujourd’hui prévaloir, en tant qu’une nouvelle élite avant-gardiste, active doit prendre l’initiative sans se contenter simplement de réagir (car en fait l’homme réagit beaucoup plus qu’il n’agisse), pour réengendrer le modus vivendi collectif. Réforme du penser et de l’agir, réforme de l’imaginaire et des mythes négatifs puisque le mythe, l’imaginaire est un composant aussi influent dans la politique et l’histoire que l’action réelle. Et parmi les mythes, il en est de purs défaitistes pour le peuple. Le mythe du bourgeois qui fait vivre la communauté en est un d’asservissement idéologique des mentalités, ledit bourgeois n’ayant aucune légitimité dans son extrême richesse acquise par l’exploitation et les privilèges obscurs que lui confèrent les structures de l’État ploutocratique ennemi du peuple et de toute démocratie véritable dans les faits.
Contre les ferments d’aliénation collective.
Aujourd’hui, par delà le narcissisme des riches et des politiciens qui cherchent le plébiscite des niais et des flatteurs, par-delà le journalisme menteur magnifiant idéologiquement les escobarderies de l’establishment, par-delà le sectarisme qui s’exprime dans les préjugés minables, les orgueils sots, les jalousies et méchancetés interpersonnelles de ceux qui croient que les clivages sociaux sont surnaturels et cosmiques ; les vrais amis de la liberté doivent entreprendre la nouvelle croisade des mentalités et comportement en élaborant une autre axiologie loin de ces ostracismes manichéens voire idéologiques, générateurs des polarisations désastreuses parmi ceux qui sont tous des victimes de la prétendue société dite démocratique et de droit alors même que sévit la pire ploutocratie de droit divin contre les peuples.
Du complexe d’abandon improprement appelé « complexe de Caïn » par Piaget - (car Caïn avait tort de se plaindre d’une prétendue défection ou déréliction ontologique puisqu’il fut l’abandonnant qui violait les principes de la relation avec Dieu et du rendez-vous avec le destin) - nous devons comprendre qu'en politique, nous sommes sinon les seuls, mais les premiers à pouvoir faire quelque chose de nous et pour nous. Si nous nous abandonnons nous-mêmes fatalement à la défaite par indignité et impéritie, par de viles luttes intestines, par les baragouins des faux socialistes et gauchistes, par la transformation du pauvre, de l’immigrant en boucs émissaires, ne nous étonnons pas que l’univers entier nous abandonne ! Ce n’est certainement pas une classe bourgeoise prédatrice, impérialiste, raciste et ploutocrate, protagoniste sordide de l’inégalité des chances, faiseur délétère de la manipulation du reste de la société, qui favorisera jamais l’avènement du nouvel espace public.
Réinitialiser la communication dans son élément de base qu’est le dialogue serein entre de nouveaux clercs et de ceux-ci avec le pouvoir et le peuple pour rejeter les vices et pièges et dépasser la claustration d’une mentalité réduisant le discours public en idiolectes clientélistes et politiciens, voilà notre mission nouvelle de combattants du changement. Nous ne voulons pas de pontifes proclamant ex cathedra, urbi et orbi, les pires inepties en accusant sans cesse autrui de mésinterpréter leur répétition maladroite, véritable psittacisme grotesque de théories de la sociologie des administrations, théories inapplicables dans le contexte actuel. Car, il nous faut des créateurs, des imaginatifs au pouvoir et au timon des communications de masse pour refonder la société. L’échec des belles idées socialistes, aujourd’hui galvaudées par des vendus et des fonctionnaires du gauchisme partisan inféodé par la Droite mondiale, prouve qu’il nous faille penser la refondation de l’État et remodeler la société pour briser cette croix de la défaite où le destin des peuples semble cloué.
L’espace public n’a de sens que s’il demeure le lieu du discours citoyen dépassant l’émotion des paroles partisanes pour regarder et voir objectivement afin de pouvoir les aplanir ou les combler, les pierres et aspérités maudites où les vœux du changement social et la constitution d’État-Nation au service du citoyen respecté dans sa citoyenneté ne cessent d’achopper. Car l’État-nation est resté depuis l’avènement de l’État bourgeois, une fiction moqueuse du peuple, une ironie de la société par quelques prédateurs qui s’autoproclament la Nation en pulvérisant tous en empêchant la naissance du vrai citoyen seule pierre vivante et légitime du peuple qui, lorsqu’il est vraiment souverain, constitue la Nation, pour faire croire à une citoyenneté par procuration où le peuple est asservi et réifié.
L’espace public doit être un lieu d’échanges pluriels pour les nouveaux compromis sociaux permettant aux différents composants de la société actuellement en miettes sans en avoir l’air, de se remettre ensemble selon une modalité viable et gagnante pour les majorités comme les minorités. Minorités trop souvent réduites au stade de guignols exotiques ou de singes acrobates dans nos sociétés d’assimilation mimant l’intégration de l’immigrant ou du citoyen d’origine différente des citoyens dits de souche. Contourner la monopolisation de tout l’espace public par le culte de la salissure propre aux dirigeants malsains de l’État et de l’économie, et briser l’incommunication voire la misologie (cette haine de la raison et du discours critique qu’elle enfante), pour repenser nos bases axiologiques : telle est notre vocation, nous de cette génération qui avons hérité de l’horreur cumulative sévissant aujourd’hui dans nos sociétés ! Sociétés dont le soi disant espace public n’accueille que les échos humains, les perroquets de ses propres mensonges, les singes et guignols du système.
Seuls les rêves forts et volontaristes deviennent monde pour entrer dans le monde et le changer. Seuls les rêveurs agissants avec la volonté forte qui excède de loin les velléités et volitions individualistes étriquées, peuvent aller au-delà du factuel et d’eux-mêmes, pour engendrer la nouvelle réalité. Seuls nos efforts et notre refus de collaborer avec les monstres qui usurpent ce qui est à tous pour leur propre enrichissement, libèrera la société des alluvions mentales et toxiques des élites économiques et politiques corrompues et corruptrices de tout.
Aménageons-nous, par nos propres soins, le nouvel espace public de pensée, d’action et de vrais échanges, sans faux débat, pour révolutionner le substratum socio-étatico-national au service des peuples souffrant sous la trique des ploutocrates se gargarisant de démocratie factice par une économie liberticide à leur seul profit oligarchique. Comme nous le disons souvent: l’économie capitaliste libérale est une ironie idéologique ploutocratique de la démocratie et du citoyen.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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