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Par Camille Loty Malebranche

Amis du Blog d'Intellection,
Suite à la décision du gouvernement islandais de présenter un projet de loi interdisant la pornographie sur le web en Islande, au motif que le porno incite à la violence sexuelle, j'ai publié en contribution au débat généré par le site newsring.fr, posant la question "Un internet sans porno est-il souhaitable?  Je vous propose ci-après, le texte de mon intervention.
Bonne lecture! CLM



 

Nous vivons une société de sexualisme, de surenchère de la sexualité, de réduction de la vie sexuelle à la chair et à l’animalité primitive ponctuée d’interdits parfois castrateurs, de négation de toute nature humaine des genres et d’un délire de liberté où les apparences de démocratie cachent les pires servitudes économiques avec leurs trains d’altérations des relations humaines sans oublier les misères nées de la souffrance au travail, des manques matériels et des besoins sentimentaux inassouvis, que la sexualité débridée est souvent rendue comme un réflexe des humains cherchant défoulement compulsivement dans le plaisir charnel. À côté de l’aspect commercial, le sexe étant très vendeur, l’invasion du porno qui constitue la principale marchandise sur la toile au point que certains disent que la gratuité de certains services sur internet serait compromise si le sexe ne s’y vendait si bien, (le sexe représentant un fort pourcentage de vente sur le web), est un signe du manque de libération et de satisfaction sexuelle et non l’inverse. Comme les élections cycliques masquent la dictature financière des oligarchies sur le monde, aident à faire impression de la démocratie absente, le voyeurisme pornographique aide à oublier les frustrations nées de la banalisation somato-mécanique de la sexualité dans le réel où l’amour, la quête de rencontre et de partage de soi dans une relation approchant le fusionnel, sont pratiquement impossibles dans nos sociétés désignifiées, déshumanisées, consommant les esprits par la fausseté et les corps par des copulations utilitaires sans place pour l’humain, sans espace pour l’idéal d’éros que suppose la rencontre des sexes!

 

On oublie que l’extase dont la sexualité est censée être porteuse, sied à une humanisation voire une spiritualisation de l’acte entre les partenaires des deux genres, cherchant complétude au-delà de soi!    

 

Unir l’affectif à l’érotique, joindre le sentimental au sexuel en aménageant une société de la convivialité et de la chaleur humaine en général et entre les genres en particulier, voilà, sans doute, une voie à explorer pour rendre la sexualité réelle gratifiante et marginaliser les pratiques virtuelles, voyeuristes et masturbatoires.

 

Quand la sexualité est juste un défouloir, un vidange pour se débarrasser du trop plein d’énergie qu’évacuent les jets de sécrétions corporelles, il n’y a même plus de charme à rencontrer l’autre et l’acte lui-même, devenu mécanique et machinal, peut s’accomplir avec des gadgets de toutes sortes  dont le porno sur le web. En fait, le porno au ciné ou sur la toile est une forme de sexualité objectale - ici, un objet visuel - qui ne fait que rappeler l’avachissement du sujet dans les interstices anthropocides de nos systèmes idéologiques qui claustrent les humains dans la tour matérialiste étrangement immatérielle de l’ordre social avec pour patibulaire axiologie, l’argent, la consommation et l’hédonisme vulgaire, forcené sans nulle noblesse eudémoniste. Quand les réflexes programmés d’un ordre social, cloîtrent les humains dans leur individuation sous prétexte de liberté, afin de mieux détruire les liens sociaux possibles et les manipuler uniquement pour l’économique, la condition individuelle devient morbide inachevée et involuée, basculant dans l’inaptitude à toute croissance ontologique vers le stade de Personne humaine.  

 

Hélas! Comme dans tant d’autres domaines, la liberté en sexualité est victime de stéréotypes pseudo-éthiques, d’abus et de consommations où le sujet qui se croit usager et maître, n’est souvent que triste objet, asservi par ses pulsions, esclave des contrevérités collectives débitées par des idéologues de toutes sortes, de sinistres spécialistes à la solde de l’ordre socioéconomique!

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Tag(s) : #Monde du Concept
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