Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Joël Des Rosiers Poème, extrait du recueil Gaïac, éditions Triptyque, Montréal, 2010
images-copie-19

 

un océan de fécondités gît
sous les ciels de gaïacs pieux et torsadés
une longue détresse s’évente
qui ne vibre plus au ciel fendu
et la jeune fille est vierge
et la jeune fille est lettrée
elle est l’île
que l’amour abandonne
aux vents torturants



la lumière lasse
l’encre répandue sur vous
figures humaines qui venez de loin
les danseurs disent avec leurs bras
qu’il y a une chose vivante
eux pleurent d’amour
dans l’invisible entracte
et la jeune fille dépose en créole animal
les mots sur la couche en tant que sonores


des baumes des fioles des résines
au long d’ongles frénétiques
sur elle l’odeur des embrocations
qu’on versait sur son corps
lubrifié de bois saint
c’est par fièvre de février
que la jeune fille plongea ses flancs
dans la vasque d’apparat
remplie d’eau violacée
de lourdes essences fuyaient
en spires antihoraires
et le ciel était l’opale
la montrant presque nue

nous alésons une langue
tachetée de vert sombre
sentant l’iode et le gaïac
car quiconque est désiré par l’amour
ne parle que par chapelet d’injures
la langue natale livrée
à la misère de syllabes chromatiques
qui sortaient de la bouche de la Nixe
dieu la mort l’amour le jugement
sa toute-puissante sauvagerie
ma pauvre Sœur

Tag(s) : #Archives, autres écrits.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :