Par Camille Loty Malebranche
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L’homme au monde, en plus de la violence ontologique qu’il voue à l’insignifiance du tangible pour sa propre essence et le sens, est le seul individu espéciel qui doit livrer une lutte sans merci contre les propensions tuantes ou à tout le moins, assimilatrices, phagocytantes de sa propre espèce.
Partout, les forces annihilatrices du social et du monde, de l’appartenance ou de l’étrangeté, bref de l’identité exterminatrice et de son essentialisme idéologique, vouent l’homme à l’effacement qu’il ne peut surmonter qu’en se battant contre les structures des prédateurs « humains » de l’humanité.
L’homme, après avoir été déicide dans l’idéologie et la réalité, est devenu littéralement géocide et anthropocide. Le vingt-et-unième siècle de la chrétienté occidentale, est point critique de l’avenir de la planète physique altérée et déstabilisée par les surexploitations et mésusages qu’en fait une ignoble espèce qui ne sait utiliser ses immenses ressources d’intelligence que pour tuer, régner en charognard et enfin, bêtement s’autodétruire.
Violente et diaboliquement tournée vers le mal et la méchanceté par ses folies hégémoniques et ses délires de « gloire » aux dépens de ses semblables et de la nature, plus que jamais l’espèce dite Homo doublement « sapiens sapiens », ne connaît ni ne respecte que la violence et la force meurtrière. Parmi ces bêtes puantes que sont les soi disant hommes, gare aux faibles sans armes de défense ! Seuls sont épargnés ceux qui ont le pouvoir de noyer l’agresseur dans son propre sang, ils ont et auront la chance de subsister! Même dans la jungle, nulle autre espèce ne détruit aussi systématiquement par tous les moyens directement ou structurellement violents, par meurtres, hécatombes et génocides proprement dits en passant par des génocides psychologiques et économiques criants, ses propres membres. Hormis quelques grands mâles rivaux et femelles rivales ou mères dévorant un rejeton peu viable, ou encore de cannibalisme femelle chez des espèces entomologiques telles les veuves noires ou certaines mantes religieuses mangeant leurs mâle après copulation, les cas d’homophagie sont rarissimes dans les sociétés animales. Pourtant chez nous, soi disant humains, l’homophagie se fait système et mode de pouvoir et de gouvernance, au nom de toutes sortes d’essentialismes imbéciles et criminels. Le pire ennemi de l’homme, en effet, demeure son semblable, l’autre homme muré dans son altérité haineuse. Hélas ! Malgré toute l’histoire et les théories morales et spirituelles d’humanisation et de civilisation, l’instinct criminel d’écrasement de l’autre et d’en faire le marchepied de son orgueil et de ses intérêts, prime encore la logique de ce que l’on ose appeler indécemment par pure excentricité lexicale et narcissisme nominal menteur : l’Humanité! Narcissisme d’autant plus crucial qu’il est distillé dans une incommunication tissée de part en part par les médias. Les rapports interpersonnels en deviennent un prolongement des bobards de la presse. Car la communication authentique est affaire d’intimité. Comme je le dis toujours, on ne communique que soi et c’est un véritable solipsisme extraverti que communiquer véritablement. Intimisme ouvert qui, toutefois, ne souffre pas de se réduire à la soumission ou la mime de l’autre.
Malgré toutes les désillusions politiques et sociales d’un monde pris au piège de ses mots oiseux sans conséquence, l’illusion de gloire sur la ruine de ceux désignés comme les autrui à utiliser et écraser malgré parfois les sourires et discours humanistes, semble encore la bannière maudite d’une humanité pauvre de l’essentiel et privée des valeurs fondamentales spirituelles qu’elle altère et dévie.
Il n’y a pas de relation entre agresseur et agressé, ni de rapports humains entre exploiteurs et exploités; banquiers prédateurs et proies endettées, il n’existe en ces occurrences que de la sujétion et de la souffrance consentante et consentie par aliénation. Les rapports humains sont justes et respectueux ou ils ne sont que de l’assimilation réifiante et pathologique des uns par les autres ; de la promiscuité où règnent quelques corrupteurs sur la masse servile qui juge et brime ses propres membres selon le degré d’engluage dans l’aliénation.
Après avoir construit la « civilisation » sur la conquête, le vol et les hécatombes à répétition, l’humanité reste et demeure la seule espèce lugubre qui cultive à l’intérieur d’elle-même, la prédation des uns par les autres, et le monde « humain » n’est que la scène odieuse et pernicieuse de la logique homophagique du prédateur et de la proie. Quelque puissants que puissent être les profiteurs, ils finiront eux aussi par s’autodétruire dans leur immonde obsession de pouvoir. Eux qui croient qu’ils pourront quitter la terre après l’avoir trop salie, trop polluée contaminée par ce que nous convenons d’appeler des éco-pathologies anthropiques frappant des espèces tant animales que végétales. Ils croient qu’ils pourront y laisser les pauvres incapables de payer l’odyssée qu’eux, les riches, entreprendront pour coloniser une hypothétique exoplanète aux caractéristiques terrestres.
Ne serait-ce que par l’historicité, chaque fait comme chaque évènement sans être éternel, car l’éternité est le contraire de toute temporalité - (le fait et l’évènement se différenciant respectivement par leur caractère volontaire et involontaire, humain et suprahumain naturel ou systémique) - est à jamais inscrit dans le temps. Disons que l’histoire de nos monstruosités espécielles hideusement placées sous nos yeux, semble laisser indifférents les monstres sous-animaux qui nous dirigent, trop obnubilées par l’intérêt immédiat pour entrevoir l’intérêt de l’humanité à stopper l’involution de son espèce vers l’infrabestialité constante.
Quant aux maltraités de la terre, qu’ils sachent que la non violence passive n’est pas une option face aux criminels qui, depuis toujours les traitent en choses et moyens pour régner. La seule posture digne, est celle de la violence défensive sur les structures d’asservissement et leurs mainteneurs pour la libération. La route de la libération révolutionnaire passe par toutes les justes guerres au mal de servitude où qu’il soit. C’est en fait l’agression qu’il faille rejeter pas la violence dont d’ailleurs les agresseurs profiteurs des structures, se sont donné le monopole et par laquelle ils ont toujours asservi le monde.
L’un des privilèges des tenants de la classe dominante est de détenir les armes de l’idéologie appliquée. La classe du pouvoir, elle-même réifiée de ses propres structures aliénantes, car on ne réifie pas tous sans être soi-même réduit au livide statut de chose, est avant tout celle du privilège des artifices de l’idéologie. L’idéologie, cette maîtresse de l’illusion quand elle est entre les mains des tyrans, fomente ses faussetés, ses signes et symboles pour signifier la société et l’humain à sa guise. Le privilège idéologique des tenants du pouvoir, c’est d’établir du sens et de la signification des mots et des choses qu’ils imposent aux hommes, puis de s’en jouer au gré de leurs besoins et intérêts. Ainsi la confusion par la sémantique demeure l’une des munitions les plus efficaces des tyrans. Ils appellent guerre, l’agression des peuples plus faibles, nomment civilisation la colonisation et ses crimes, justice, la défense du butin de leurs actes de prédations, héros, les crapules qui assassinent pour eux. De même aujourd’hui, l’occident subvertit le sens du concept de non violence en lui octroyant une vocation de soumission aux maîtres de statu quo qui peuvent crier à la violence de quiconque se rebelle ou se défend des crocs et étreintes mortelles de leurs structures. Et dans des sociétés où la vie quotidienne avec ses occupations, ses souffrances et opiums gardent l’homme noyé dans les illusions de la "réalité" présentée comme indépassable, le recul nécessaire pour lire et comprendre le monde, manquant cruellement, le système peut mener et abêtir idéologiquement à son gré les individus.
L’occident confond sciemment et impudemment Non violence et Non agression. La Non agression est la lanterne qui éclaire le chemin de la paix et de la non violence. D’où la violence qui élimine l’agresseur bestial et forcené refusant de lâcher prise malgré la dialectique des mots et de la raison, est la voie de la non agression et donc d’un monde plus près possible de la non violence, d’une société la moins violente possible par la mise hors d’état de nuire des bêtes violentes de l’agression d’autrui.
La non agression générale comme lanterne du rapport sain à autrui conduit aussi à l’éradication de toutes formes d’agressions, physique, économique et politique. Elle impose une répression réhabilitante contre l’agresseur. Elle est la violence vitale et libératrice contre l’ordre de servitude agressant la très grande majorité des membres de l’humanité.
Naturellement, cela signifie un combat global contre les structures, la désaliénation et l’humanisation des poncifs ambulants anthropomorphes de l’infecte société dominante actuelle qui formate les individus faits choses organiques de telles sortes que le plus grand nombre soit une masse d’esclaves haineux de toute liberté, montés par l’establishment contre l’esprit libre toujours perçu comme altérité gênante à convertir en chose parmi les choses sinon à marginaliser, excommunier...
Le premier pas de la révolution efficace sera de rendre par l’implantation des valeurs de partage, de convivialité et de respect sans chantage matérialiste, la multitude des individus réifiés à leur humanité en promouvant la valorisation de leur personne renversant leur exploitation et leur servitude par l’ordre exclusif, unidimensionnel de la consommation.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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