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Par Camille Loty Malebranche

 

Évoquer les signes de l'homme, c'est aussi entreprendre son ontologie fondamentale à travers toutes les grilles cognitives connues et dont la plus aboutie est sans conteste la métaphysique. Elle est si vaste que ses données s'avèrent incontournables même pour la phénoménologie qui constitue l'autre versant corollaire voire complémentaire du questionnement de l'Être en soi. Le logos métaphysique comme philosophie fondamentale met à contribution toutes les ressources discursives afin d’étayer l’ontologie, à travers l'anthropologie et la cosmologie, pour tenter d'appréhender les pans possiblement saisissables de l’Être.

 

La question métaphysique, inévitable pour arriver à une ontologie plénière, question accaparante entre toutes - parce que non alogique mais supralogique - est le qu'est-ce que l'Être? Et parmi l'Être, dans sa dissémination anomique, innommable, qu'est-ce que l'Homme? Effort d'abstraction épistémique et de chimère cognitive de la philosophie depuis sa naissance sur l'échiquier de la cogitation et de l’intellection humaine! Question éternelle aux facettes illimitées; question insurmontable à laquelle toutes les expériences spirituelles et temporelles de l'homme s'efforcent de répondre; question infinie, pleine d’embûches où la substance et son corollaire dialectique, le "vide", la non substance ou plutôt l'autre substance indéfinie dans son altérité, se retrouvent intelligées dans la redondance interrogative; question traumatique et blessure imaginale vu les abyssales béances et bouleversements de la raison quelle charrie; question qui rend humble, car tout loin de toute forme d'humiliation qu'elle est, elle instille néanmoins lhumilité comme par une sorte de blessure cognitive à l’intelligence humaine forcée d’y reconnaître ses limites, étant donné le camouflet du non savoir qu’elle implique. Question persistante, omniprésente, obligeante pour le non sachant traumatisé qu’est l’homme; question sans réponse définitive, qu'il ne saurait pourtant en aucun cas, éluder. Les modalités de la Présence, comme ce qui a brisé l'ordre régnant du silence et donc la condition de non être qui, de toute évidence, a eu précession sur l'univers, et qui a fait de ce "vide" de forme tangible, cette apparente absence absolue - (remarquez qu’il n'y a pas de vacuité car la vacuité serait pureté, or la pureté n’existe guère puisque sa condition sine qua non serait le pur néant impossible qui ne se peut imaginer) - une matrice constamment génératrice, une Présence créatrice et ordonnante. Cette Présence ou plutôt Antéprésence car avant toute présence connaissable, mystérieuse, surlogique continue à avoir précession sur les êtres les étants et sur ce fait tardif qu'est l'apparition de la vie.

 

La métaphysique à la fois comme ontologie et comme vision de l'homme placé sur le plan du sens et du devenir, s'enracine dans la spiritualité ou dans le "nihil", (qui est ici l’abandon, cette déréliction de l’esprit incroyant) dans la question de la vérité sur la condition ontologique tant cosmique et humaine, à la lumière des origines premières (Surgissement, Création) et des fins dernières (Eschaton). La métaphysique - étudiant l'au-delà de la réalité à travers les ancrages de l'homme dans l'impondérable rapport à l'Être et à l'infini labyrinthe existentiel, tous deux immédiats sans être confondables - est ce lieu où l'homme concret c'est-à-dire incarné dans le corps morphologique qui caractérise l'espèce, voit ce dernier (le corps, comme être "réel") comme canal afférent et efférent de l'intériorité dans ses démarches d'absurde ou de transcendance.

 

A l'heure de l'uniformisation médiocre et crapuleusement affairiste de la culture, où tous sont nivelés par une basse société de consommation fortement appuyée et véhiculée au gré des médias de masse dans l'orbite occidentale, même le temps d'un rapport à soi semble interdit. Le nivellement indolent, amenuisant traîne ses salissures, et, plus que jamais, seuls les étrangers volontaires cultivant l'étrangeté, un peu comme celle même qu'évoque le Christ par rapport au monde, celle qui efface pour les élus initiés, le camouflet chaotique de Babel par la révélation en langue unifiée de la Pentecôte, signe et gage du pacte éternel du Paraclet avec l'humanité croyante, sauvera l'homme de la morne aliénation qu'est l'abandon à la mollesse et à la fausse abondance.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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