La révolution est métempirique car elle doit procéder de l'ici et du maintenant spécifique qui, toujours, évolue selon la spécificité endogène du milieu et en rapport au contexte géopolitique voire mondial. Nul ne sait exactement avant coup les nuances de la voie révolutionnaire qui doit être aussi un dialogue collectif de la société en mutation avec ses leaders révolutionnaires.
Tout est illusion et manipulation quand l’institution sociale cherche à soumettre tous par consensus abjectement idéel aux intérêts de quelques-uns. Et la société des horreurs qui en découle, tel un théâtre de psychotiques, voit se déferler la horde des malades dociles et violents selon leurs rôles, leurs affects et représentations, leurs complexes et leurs délires ! Et les « élites », bouffies, intumescentes, sont la pire canaille génératrice d’encanaillement déshumanisant dans un monde désormais sans vrai paradigme!
À ce stade du 21ème siècle de l’ère dite « chrétienne », une simple vue d’ensemble des comportements et de la mentalité sociale occidentale qui les sous-tend, nous révèle l’extrême servitude de l’homme contemporain, réduit à vivre au rabais pour la gloire de quelques seigneurs de l’économie comme au moyen-âge mais avec l’illusion de la démocratie. Homme dansant macabrement sur le vide de lui-même dans la douloureuse béance de ses néants multiples, sa vacuité quasi-totale dans une société voracement anthropocide. Vacuité qui se rabat sur trois grandes dépendances, véritables assuétudes tuantes d’humanité, comme trois grandes béquilles en guise de supports aux pathologies de presque tout un monde occidentalisé à souhait, sauvagement et primitivement matérialiste, financiarisé à l’extrême sur fond de violences de toutes sortes, des guerres aux assassinats, des tireurs fous à des lieux publics aux prédateurs sexuels en passant par l’ostentation indécente de la richesse des milliardaires à des émissions de tarés et de rescapés dans les médias:
1) La dépendance à l’argent et à la consommation.
2) La dépendance aux médicaments ou aux drogues.
3) La dépendance au sexe.
Le satisfecit social en capitalisme, ne se mesure qu’à l’aune d’assimilation de l’individu à la consommation. Le plus terrible ennemi de l’esprit libre vivant et défendant sa liberté, n’est pas le tyran s’érigeant en maître, mais l’esclave agressif qui croit que sa servitude est l’ordre naturel des choses et veut en prosélyte zélateur, l’imposer à tous par tous les moyens. C’est de l’essentialisme servile des majorités manipulées. Et rien n’est plus barbare que la civilisation dont les superstitions sont convenues comme vérités dans leur essentialisme idéologique.
La valeur et tout ce qui composait encore l’axiologie personnelle et sociale sont désormais mis à mort au profit de l’argent et de la consommation. La bile antihumaine et amorale d’un système putréfié et fier de l’être, va si loin que c’est maintenant une gloire de colliger toutes les insanités pourvu qu’elles soient payantes. L’argent est littéralement devenu le maître de tout et cette littérale numismolâtrie impose au monde humain et environnemental une chrématistique effrénée dont les producteurs sont loin d’être les enrichis. Il s’agit du primat de la monnaie où la sujétion de l’homme par les faiseurs et émetteurs d’effigie sur métal et sur papier, de somme virtuelle sur des cartes de plastic, d’argent électronique et de cryptomonnaie, est rendue normale selon les codes pervers de l’économie politique imposant la finance et la monnaie. La place de l’argent dans le monde est en fait le lieu où les limites infinies de la bêtise collective des hommes, démentent toute prétention d’élévation et d’humanité. La borne de la satisfaction saine est outrepassée et s’estompe pour l’irrationnel puis le pathologique dès que l’objet ou le service consommé, délaissant l’utilité ou le plaisir du consommateur, entrant par représentation dans l’imaginaire, devient dispensateur identitaire de prestige social, signe ostensible d’« accomplissement de soi ».
La politique, que dis-je, la cybernétique socioéconomique instrumentalisante de l’homme, donne pleinement raison à ce chef industriel bouffi qui criait dans le dialogue fictif, de mon livre ‘L’Exécution du Prométhée’ :
« Que tous les hommes m’obéissent au doigt et à l’œil comme ces machines que j’actionne par une simple pression. Que vienne l’automation totale et que l’homme devienne le premier automate » !
Bien avant que l’État capitaliste vicieux et vénal n’ait commencé à vendre de la drogue récréative désormais légale dans cette fourrière de fous qu’est la société marchande contemporaine, la médicalisation par la pharmaceutisation du monde fonctionnait déjà avec les revenus exponentiels qu’elle procure aux grandes pharmaceutiques, tout en chosifiant l’organisme selon son traitement objectal. C’est comme si, par un scientisme médical, sachant tout du corps et de l’homme, l’humilité saine de la grande part du non savoir, était devenue un honte à éviter ! Et l’idéologie médico-pharmaceutique doit montrer qu’elle sait tout et que le malade ne sait ni ne peut rien pour lui-même, afin de rendre les patients dépendants à vie de la clinique et de la pharmacie.
Il est difficile de connaître le pourcentage exact de la population consommant régulièrement des médicaments à un titre ou à un autre. En tout cas, les big pharmas ne se plaignent guère d’un manque de ventes. Les médicaments en vente libre sont exponentiellement absorbés. Les analgésiques, les suppléments alimentaires, les pilules ou sirops pour améliorer l’appétit, pour maigrir, pour digérer, pour l’activité érotique ou la performance sexuelle, les crèmes rajeunissantes ou d’autres onguents pour embellir la peau en la bronzant ou en l’éclaircissant, médicament contre la constipation, l’acidité gastrique, la grippe… Quant aux prescriptions d’anxiolytiques et antidépresseurs et d’autres formes de psychotropes recommandés au petit bonheur par des toubibs soupçonnés en affaire avec des fabricants, elles mettent pour ainsi dire, une bonne part de la population malade des souffrances de civilisation, du stress et de la contamination chimique de l’alimentation, de l’air et de l’eau, en sursis pour la mort ou le dysfonctionnement organique. Enfin, il ne faut pas oublier dans cette liste, les vaccins douteux qui pullulent de plus en plus au grand dam des bons médecins dignes de leur serment d’Hippocrate. Les pathologies civilisationnelles de ce temps oscillent parfois à l’extrême, comme en ce qui a trait au « look », malade d’une part, d’un narcissisme de mode nourrissant l’arrogance des péronnelles et béjaunes citadins qui se croient beaux et belles comme des Apollon citharède et des Vénus callipyges et d’autre part, des souffrances de la dysmorphobie. De même que l’anorexie et l’orthorexie engendrée par l’ordre médiatique de la minceur et la diffusion d’une fausse et excessive hygiène alimentaire prolifératrice et pathogène, provocatrice d’obsession toxique de santé compulsive et de beauté artificielle voire forcée. Dans un autre registre, c’est parfois la boulimie qui, dans un contexte de solitude, de recherche de soutien dans des aliments peu hygiéniques, fait loi.
Sans souci réel de dépendance, des doses exagérées de médicaments sont administrées et même certains savants proposent de trouver des drogues douces qui rendront heureuses les populations et préviendront ainsi les crimes voire les révoltes populaires. Nous sommes dans l’extravagance iatrogène d’un système infect, malade de ses graves crises de sens avec ses effondrements axiologiques dans les pires ersatz civilisationnels. Et, naturellement à côté des médicaments, ces drogues plus ou moins douces, il y a bien-sûr, le grave et terrifiant problème des drogués proprement dits. Outre l’authentique absorbation de drogue thérapeutique telle la marijuana dûment prise à cet effet, l’alcoolisme, non classé comme intoxication narcotique, entre la quête d’un plus-être substitué au néant abyssal du social et l’assuétude pure et simple du petit-bourgeois taré recherchant le rêve et le plaisir illimité, les individus de nos beaux pays démocratiques fuient le réel et exècrent la réalité engloutissante qui les phagocyte, les réduit en simple nutriments de ses rouages. Là encore, très difficile de mettre en pourcentage la masse écrasante de ceux qui, du cannabis à l’héroïne, du crack, de la cocaïne au hachisch, s’expatrient artificiellement dans les bornes liminales par le psychédélique voyage des substances dangereuses, interdites.
La laideur sociale du monde capitaliste, disons-le clairement ici, est si pesante, si agressante, si interdisante d’humanité et de vrai partage humain, qu’y faire face sobrement, est un pari des mentalement et intérieurement forts et aptes à vaincre dans l’affrontement aux monstres souvent directs mais surtout invisibles et subtils de l’ordre. Car il faut beaucoup de ressources personnelles pour transcender le mal-être social masqué de bruits de consommation et de loisirs aliénants, oui beaucoup d’assises humaines pour vivre l’ostracisme imminent sans s’effrayer de la menace du rejet par la société infecte, ordurière et violente toujours prête à accuser et rejeter l’individu aux poubelles carcérales que sont asiles psychiatriques et prisons, ces institutions pour criminel et psychopathe sous-produits pour la plupart, de l’ordre social gravement pathogène et délétère. Sans parler de la barbarie bourgeoise du travail, de la suspicion permanente pesant sur quiconque ne peut ou ne veut suivre le cours infâme des choses, citons : la grossièreté hypocrite des pairs, la confrontation à l’illogisme tyrannique de l’ordre de la consommation, la performance excessive épuisante, et toutes les pressions familiales ou autres façonnées par un monde haineux de l’homme.
Dans le contexte d’une société aliénée et platement matérialiste voire animaliste, où l’amour et l’attachement sont soupçonnés de faiblesse et d’arriération, où tenir à l’autre, est stupidement taxé de dépendance affective, l’anatomie génitale des genres en devient pour plusieurs, des sortes de baïonnettes et balafres de tarés sado-maso se faisant mal et cherchant bestialement l’assouvissement rapide et sale de leurs besoins.
La sexualité - en devenant surmédiatisée, compulsive, platement animale voire performante, réductrice de toutes les dimensions humaines aux protubérances et orifices organiques - cesse d’être relationnelle-symbiotique et cathartique pour devenir servitude où, de l’action allumeuse séductrice en passant par l’exhibitionnisme, il est question pour l’individu diablement sexué de vider bestialement sa sécrétion dans des extases orgastiques bâclées comme pour se débarrasser d’une sorte de morve au mépris de toute humanité. Il en ressort de la frustration, engendrant une dépendance qui, en quelque soit son domaine, est la pathologie du frustré devant recommencer encore et encore sans jamais être apaisée, sans satisfaction aucune de son élan naturel d’amour et de partage dévié dans la copulation bestiale, vulgairement commué en assouvissement de besoins répétés et contraignants à jouissance purement charnelle. Jouissance donc ténue et abrégée à l’extrême.
Ce n’est même pas du donjuanisme, car le don juan cherche au moins un sens d’amour à sa sexualité souffrante inassouvie, mais simplement de la banalisation des organes sexuels utilisés comme muscle de besoin et de sport où des aliénés de toutes sortes se vautrent dans leur humeur et sécrétion sans pouvoir humaniser leur acte. Là où le désir est sélection et exaltation, la dépendance, est quête fébrile, compulsive et le besoin, soumission, coercition et déshumanisation par l’asservissement aux pulsions basses et instincts malsains. Hélas ! Nous voici dans un monde où la perversion et la débilité du plaisir sale et servile, astreint aux zones érogènes du corps, signent la dernière abdication de l’animal humain devant sa vocation d’humanisation. Et dans cette galère en naufrage, les médias ne font rien, ne programment quasiment rien, sans une suggestion sexuelle généralement calquée sur la vie des jets set des magnats du showbiz où le peuple imbécillisé, gavé de faux rêves, se masturbe sur l’inaccessible, salivant sur la vie débauchée de quelques millionnaires et milliardaires dont il n’est que le marchepied. La suggestion, nous le savons, est de loin plus efficace dans la manipulation des consciences que l’injonction ou la loi, car elle laisse au manipulé l’impression de liberté que la coercition légale ne lui donne pas et donc, ne provoque aucune envie de désobéissance.
Quant aux mœurs, on est désormais à l’heure du sexualisme délirant et grimaçant, c’est-à-dire de la sexualité-idéologie, avec toute une redéfinition de l’« amour » et du mariage. On peut entrevoir, dans la lancée du mariage redéfini tous azimuts et proposé par certains, la venue zoophilique du mariage alterespéciel reconnu par l’état civil entre, par exemple, l’homme et sa guenon de compagnie, la femme et son chimpanzé domestique.
Pour l’instant, le plaisir sain et sublime de la chair et de l’esprit, la jouissance de l’être global partagé et aimé dans l’érotisme authentique des genres qui apporte la complétude de l’homme et de la femme fusionnés, spirituellement et corporellement assumés, est marginalisé et souvent carrément dénaturé par la compulsivité du sexe rendu chose parmi les choses à consommer et à acheter, à vendre ou à prendre selon le rang dans la société de l’argent-dieu et l’influence dans les structures de domination.
Et dans cette société des excès et de tous les non sens, la prolifération d’armes, le banditisme urbain, la violence sexuelle, la froideur et l’inhumanité, la haine et le racisme, le vedettariat d’imbéciles médiatisés, sont les nouvelles cartes de visite de l’humanité. Une agressivité larvée versant dans le brigandage social ordonné, un mal-être ininterrompu et une singerie hypocrite de bonheur.
Pour proposer un regard neuf sur l’humanité, je dis que les lois spirituelles et cosmiques, parce que divines, sont les seules à intégrer, quoique en nous les adaptant en pleine lucidité.
Quant aux lois ou plutôt, aux « normes » sociales (choses en soi agressantes et mensongères car le normal est naturel et non culturel et le seul normal en société est ce qui élève globalement l’homme), elles doivent être interrogées et plusieurs, rejetées. Car si le monde et la société sont cette malencontre écrasante, ce capharnaüm de malaises voire parfois cette véritable déchetterie aux horreurs et aux crimes, c’est que nombre de ses normes, étayant sa prétendue normalité, sont en fait anormales et nocives pour la nature humaine.
Pour clore provisoirement ce débat, je dis sans détour et sans les circonvolutions propres à certains pharisiens des sciences sociales qui ménagent leurs patrons bourgeois, que le capitalisme est réclusion nocive et géhenne mortifère, responsable de multiples et innombrables dénaturations déshumanisantes. Que le bourgeoisisme dont ressort le capitalisme, est essentiellement clivant et que l’harmonie sociale dans la politique d’un tel ordre socioéconomique, sied à l’asservissement accepté des uns par les autres, à l’essentialisation matérialiste et idéologique de classe. Je dis que le bourgeoisisme est un soubassement à toutes formes de ségrégations avouées ou inavouées. De l’infériorisation salariée qui maintient les masses laborieuses et toutes les couches intermédiaires de la société, dans la dépendance de quelques-uns. De la sujétion du monde par quelques bourgeois s’érigeant maîtres des vies et des biens malgré tous les rires condescendants et verbiages théoriques qu’ils font à la société aliénée.
Il s’agit de rejeter tout capitalisme et tout stalinisme et de trouver la meilleure formule d’intégration de la personne humaine dans une société qui est sienne et où enfin l’on peut vivre dignement et humainement sans pressions pour enrichir quelques-uns, sans être un objet utilisable jetable au service d’un ordre. Car il est inadmissible, injuste et irrationnel que les gens de bien qui refusent de piller et de manipuler les plus faibles ou d’être connivents de ceux qui pillent les peuples; oui, il est inadmissible, injuste et irrationnel que les gens de bien qui dédaignent de détruire leurs semblables, de se prostituer, de servir par lâcheté, flagornerie ou bas intérêts ceux qui font le mal - à cause de leur morale respectueuse d’eux-mêmes et d’autrui - soient si pauvres dans un monde haineux des vrais mérites et valeurs au point de devenir subalternes, employés voire esclaves des prédateurs qui se sont enrichis, sauf exceptions, directement ou indirectement (leurs parents ayant, pour la plupart, accumulé dans l’horreur leur héritage), par la cupidité, les privilèges indécents et tous les vices qu’eux, les respectueux du bien ont refusé et refusent par conviction morale.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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