Par Camille Loty Malebranche

Le pardon ne peut s’obtenir que du mérite de l’esprit évoluant de ses propres faiblesses selon la volonté d’amélioration intrinsèque d’un homme coupable d’une action néfaste contre autrui. Le pardon se mérite par la démarche d’humanisation accrue d’un être humain contre tel trait de caractère jugé contraire au sens du voyage d’ascension intrinsèque de l’homme dans son humanité plénière et profonde prise pour horizon.
Le pardon est donc conditionnel de l’évolution méliorative d’un coupable ainsi déculpabilisé par la restauration de soi et la réparation de son méfait. Pour une victime, ne pas haïr un malfaiteur - la haine faisant davantage souffrir le haïssant, même s’il est la victime - ne veut pas dire pardonner au malfaiteur, qui s’engonce dans son action, sans jamais ni s’excuser ni rien réparer, préférant comme une bête primitive, comme un monstre, continuer dans sa voie répréhensible. Et, face à l’ignorance, le pardon s’avère être comme une exigence d’apprentissage du bien violé par le fautif délaissant consciemment son erreur.
Quand un homme offense son semblable par un mal objectif, un préjudice de fait, il doit reconnaître le mal qu’il a causé et réparer ce qui est réparable. Quand nous disons méfait objectif, nous voyons le mal vrai qui porte un préjudice effectif aux hommes. Car plein de méfaits subjectifs sont reprochés à des hommes qui n’ont rien commis de mal envers ou contre quiconque, comme le fait de ne pas vivre ou parler à la manière du commun, d’être prestigieux dans ses idées, d’être confiant en ses talents, d’être vif dans ses réparties… Le monde a tant de petits inquisiteurs invasifs et complexés aigris qui guettent leurs semblables à des fins d’accusation et de haine! Par ailleurs, bien des législateurs et gouvernements s’adonnent à satiété à leur traitement légaliste de la personne humaine, à des fins crapuleuses. Pour eux, complices éhontés des pires ordres d’injustice, le monde est un code de lois, et l’humain un objet de la loi! Ils accusent, culpabilisent et menacent, c’est leur seule raison d’être, hormis servir les puissants riches qui les emploient. Ceux-là sont des bourreaux méprisables et c’est eux qui méritent d’être sur la sellette pour répondre de leur forfaiture contre les peuples.
Évoquer le pardon, nous porte donc à bien cerner le tort effectif selon son degré. Certaines horreurs commises font de ceux qui les perpètrent des monstres ne méritant tout simplement pas la réintégration parmi les hommes, vu la dangerosité manifeste des criminels qui les commettent. Pardon ne veut pas toujours dire réhabilitation… Par ailleurs, le pardon n’est possible que par la véritable acceptation par le fautif offensant, de la malfaisance de son acte. Un acte illégal sans malfaisance contre quiconque sinon qu’à la volonté stupide et égoïste de certains dirigeants faisant le chef ou l’excès de zèle au profit de leur clan et des foules manipulées, excitées, ne nécessite aucune repentance ni imploration de pardon.
Néanmoins, celui qui fait souffrir inutilement son semblable au nom de la loi, est un méchant qui mérite le dédain de tous.
Celui qui offense par ignorance doit s’ouvrir à l’éducation et se libérer des ténèbres mentales qui l’on fait malfaiteur. En ces occurrences, le plus grave mal est l’ignorance; car si l’homme y demeure, sans jamais évoluer, aucun mal ne pourra lui être pardonné. Se fermer à la connaissance alors qu’on fait souffrir les autres par un comportement ténébreux ou refuser de prendre conscience du mal par égotisme arrogant au mépris de ceux que l’on blesse voire sacrifie, est purement et simplement une déchéance du malfaiteur et un crime contre ceux qui subissent les conséquences de ses errements, ses forfaits.
Pardonner du point de vue d’une victime, ne doit jamais être compulsion ni veulerie car celui d’en face qui demande pardon et donc l’obtient selon ses promesses de changement, ne peut exiger que son ancienne victime lui fasse confiance comme avant. Un énergumène qui fait le mal et que je considère pareil dans le temps, sera toujours perçu énergumène à mes yeux, donc même quand, je n'ai aucune rancœur et encore moins aucune intention de vengeance, il n'a donc point mon pardon en tant que celui-ci est affaite d'éprouvement d'estime ou de répulsion par rapport à un fautif! C'est au fautif de devenir appréciable! Nul n’a à prendre de risques inutiles d’être blessé une seconde fois, parce qu’il fait la largesse de pardonner. Pardonner n’est pas de la servitude vis-à-vis d’un ex coupable et ne saurait être compulsif ni coercitif contre celui qui veut se protéger à jamais des préjudices passés, à qui, l’on ne peut enjoindre d’oublier sa répugnance envers son ancien offenseur ou sa répulsion du méfait jadis subi de l’action ignoble de celui-ci.
L’individu humain, perfectible par essence, est appelé à se débarrasser de tout défaut contingent qui l’empêche de propulser son être vers les sommets de l’humanisation globale, par delà les limites immédiates d’animal humain qui l’affectent et l’accablent et qu’il doit dépasser dans son parcours existentiel, pour son exaltante vocation spirituelle. De la part du fautif, s'excuser pour un mal commis, est signe de dignité morale. Dignité qui implique pour le fautif, de transcender ses propres limites et défauts, désapprendre ses failles de caractère pour vivre dans l'estime de sa propre personne et ainsi, savoir estimer et respecter autrui afin de le traiter dignement. C'est donc un travail de purification de la représentation de soi-même. Pardonner un grave mal causé par un fautif montrant sa volonté de se vaincre lui-même et de briser ses servitudes et ainsi convaincre sa victime de sa bonne foi et de sa dignité du pardon imploré, n'exclut pas toutes les peines encourues selon la gravité du méfait commis, même s'il les diminue et déculpabilise la conscience repentante prête à se travailler elle-même. Toutefois, des peccadilles commises doivent être reconnues comme tort sans que le fautif ait à se tordre de honte devant l'autre par des excuses obséquieuses car tant de nigauds se cachent derrière leur exigence d'excuse pour des banalités afin d'humilier l'autre. Par contre la grossièreté envers quelqu'un est toujours un grand tort dont il faut savoir humainement s'excuser afin d'exorciser la bestialité à laquelle le coupable s'est laissé aller en piétinant d'abord sa propre humanité, sa propre dignité humaine.
En spiritualité - tout en sachant se préserver des ruses et se prémunir contre les intentions du méchant - il faut savoir se défaire de tout sentiment négatif à son endroit, en faisant confiance à la justice divine qui ne saurait ne pas sévir contre les esprits dénaturés encrassés dans l'orgueil de leur salissure malfaisante. Lâcher prise ainsi par la foi, en se confiant en Dieu et à sa Justice, évite de souffrir, empêche l'extension présente des souffrances subies de préjudices passés, tout en permettant de les transcender, les dépasser définitivement, pour être libre de vivre l'univers mental du spirituel.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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