Par Camille Loty Malebranche
Comme l’abeille est attirée par les fleurs à l’inverse des mouches qui guettent la décomposition, les hommes spirituels perçoivent et admirent le charme tandis que les légions d'organismes anthropomorphes, barbares inavoués qui peuplent la soi disant civilisation, sont sous la séduction de ce qui correspond à leur niveau global d’inhumanité.
Le vrai charme est l’expression idéelle ou esthétique de l’intérieur dont la substance n’est sensible qu’à un interlocuteur assez cultivé - indépendamment de la scolarisation, cette cachette de tant de sots agressivement arrogants - ayant la faculté de juger selon le jugement juste une production de l’esprit et toute la minutie scrutatrice pour appréhender la portée des idées et des formes.
Le charmant attire par des valeurs alors que le charmeur ment par la séduction. Le charme émane naturellement du caractère et n’est point une quête qui cible un individu, un groupe ou une institution. Tout charme recherché est facticité et stratagème de séduction. L’attirance sexuelle tient du magnétisme chimique de la chair, ce n’est que de l’attraction pulsionnelle mais oncques du charme. Seul l’esprit connaît la vérité du charme.
Le charme authentique se passe de séduction qui est manœuvre exhibitionniste, alors que le charme, lui, ne simule jamais rien, étant émanation de la personnalité forte, la vérité du soi dans l’exceptionnalité des valeurs véritables. Si le charme n’est pas érotique, il est amoureux et au-dessus du sexuel, l’érotisme étant pour nous ce qui mène irrépressiblement à la consommation organique du désir charnel. L’érotisme somatise, alors que le charme amoureux spiritualise et idéalise l’être bien-aimé même sans jamais viser à aucun toucher physique. C’est l’archétype de l’idéal respectivement féminin ou masculin des hommes et des femmes, par delà les êtres de chair et de sang rencontrés sur la voie plate et grise du réel.
Le charme n’est perceptible que dans l’interlocution et l’échange, où il exige et implique un niveau d’appréciation pour être saisissable, car c’est à travers les schèmes idéel et langagier qu’il se révèle. C’est seulement le niveau de jugement abstrait, intellectuel ou intuitionnel sans servilité, qui touche l’interlocuteur apte, proche ou lointain, pour engendrer l’admiration ou à tout le moins le respect devant le beau, le profond et le transcendant.
Le charme des grands penseurs, des artistes de valeur ayant vécu des millénaires comme et même plus que celui des contemporains présents à nos côtés, continue de nous attendrir, de nous toucher, nous passionner au-delà du temps.
Être capable de sentir le charme du beau et du sublime par la profondeur est un trait puissamment révélateur, très disert sur l’état mental et le contenu global du caractère du charmé. C’est même un lieu spéculaire pour l’esprit, un miroir métaphysique de l’humain.
Ce n’est pas pour rien qu’une civilisation incapable de connaître le charme, inapte à la sensibilité intrinsèque de l'esthétique intérieure, est vulgairement séduite par César, le dictateur conquérant, destructeur de la république ou Napoléon, envahisseur colonialiste et esclavagiste, plutôt que par un ordre du monde au pouvoir horizontal de partage interhumain et international en toute dignité. Ce n'est pas pour rien que les moralistes et idéologues glorifient encore les conquérants ouvertement frustes agressifs, manants bellicistes et agresseurs. Ce n'est pas pour rien non plus que les pires violents ressassent en bons bonimenteurs manipulateurs, la non violence qu'ils assimilent perfidement à de l'immobilisme voire à de l'accommodement au monde immonde tel qu'il est: il s'agit pour eux, d'une part, se faire accroire moraux, et, d'autre part, décourager la juste révolte!
Ce n’est pas par hasard que Barrabas, bien plus que JÉSUS, continue de suborner un monde sans esprit, malgré les apparences de raffinement des monstres hypocrites, innombrables de l'indifférentisme, du scepticisme et du formalisme religieux qui se retrouvent encore aujourd'hui bien plus en le sinistre gracié de Pilate dont jadis, leurs pairs aux pulsions malsaines, grossièrement éhontés, exigèrent la libération à la place du Seigneur de Justice, parce que trop ontologiquement bas pour être charmés par ce céleste Désapprobateur du confort des inconsciences, sublime Dénonciateur spirituel des faussetés convenues.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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