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Si le cannabis souffre encore d’une image désastreuse dans l’esprit de certains américains, le pays doit faire face à un danger autrement plus nocif et
réel que la plante désormais légalisée dans les Etats du Colorado et de Washington : les médicaments anti-douleur qui seraient à l'origine de plusieurs milliers de décès chaque année, révèle le
Los Angeles Times.
Une équipe de journalistes du Los Angeles Times a enquêté à propos de médecins spécialistes dans le traitement des douleurs intenses et chroniques. Pourquoi ? Certains médicaments prescrits causent ou contribuent à la mort accidentelle de patients. Ils ont épluché le registre des médecins légistes de quatre comtés du Sud de la Californie et font parler les chiffres et les statistiques. Grosso modo, entre 2006 et 2011, 3733 personnes sont mortes dans les comtés de Los Angeles, Orange, Ventura et San Diego. Soit plus que les morts imputables à l'héroïne à la cocaïne, précise le journal.
Le présumé coupable n’est jamais loin sur les lieux du décès. La déjà connue OxyContin (ou Oxycodone) et ses "Pain Clinics" sont là, mais le médicament proche de l’héroïne n’est que la surface visible de l’iceberg. On peut aussi ajouter à cette liste les noms suivants : Hydrocodone, Vicodin, Fentanyl, Opana. Elle n’est pas exhaustive.
Les journalistes ont également rencontré de nombreuses familles qui témoignent de cette descente aux enfers médicamenteuse vécue par un proche. "Ils étaient des adultes dans la force de l’âge, professeurs, infirmières, policiers, ils avaient une douleur au dos, une hernie discale, des genoux douloureux." L’article précise également que certains patients sont, avant de commencer le traitement de choc, déjà accros à une substance, et dépressifs.
Cet argument qui tente de ne pas faire peser la faute de tout son poids sur les médicaments contre la douleur est complété par le docteur Van H. Vu. Le cador aligne 16 victimes tuées à cause du Fentanyl, pharmacopée 100 fois plus puissant que la morphine. En venant le consulter, les patients savent que c’est le carabin de "la dernière chance". Malgré certaines précautions qu’il prend : "test d’urine pour savoir si le patient ne prend pas de la drogue en plus de son traitement, vérification pour voir si le patient ne va pas chez d’autres confrères pour avoir plus de médicaments", Van H. Vu. affiche le plus gros bilan macabre parmi les médecins des quatre comtés spécialisés dans le traitement de la douleur.
Naturellement, les autorités ont du mal à reconnaître le danger de ces médicaments prescrits par les médecins. Présidente de l’American Academy of Pain, le docteur Lynn Webster, affirme qu’il y a un "manque d’appréciation à propos du risque d’addiction que le patient encourt en prenant son traitement."
Derrière ces propos, et c’est finalement là le plus intéressant, on constate clairement un intense travail de lobbying qui remonte à plusieurs années. Il fallait pouvoir délivrer ces médicaments à tous les malades et non plus seulement à ceux en phase terminale de cancer. Dès 1980, à longueur d’articles scientifiques, les praticiens clament qu'il est "inhumain d’ignorer les souffrances des patients qui ne sont pas atteints d’un cancer". En même temps, les fabricants pharmaceutiques font des efforts pour que la formule de leurs médicaments anti-douleur soit acceptée. La publicité est là pour minimiser le risque d’overdose et surtout mettre l’accent sur le soulagement de la douleur.
En 2001, le Congrès américain a annoncé le début de la "Decade of Pain Control and Research", autrement dit : les médecins dans tout le pays peuvent maintenant évaluer et traiter la douleur chez tous leurs patients. Entre 1999 et 2010, l’usage de l’anti-douleur a quadruplé. Les médecins ont effectué environ 300 millions de prescriptions en une seule année. "C’est assez pour que chaque adulte américain soit médicamenté 24h/24 durant un mois", comme le rapporte le Centers for Disease Control and Prevention. Le même organisme affirme que 15 500 personnes meurent tous les ans.
Via : Boingboing.net et Los Angeles Times
Illustration : DEA
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