La police est devenue une armée coloniale dans presque toutes les villes des Etats-Unis. Les 18 000 agences gouvernementales et locales de maintien de l’ordre réparties sur tout le territoire des Etats-Unis constituent davantage un danger qu’une protection. En 2008, il y avait 12 501 départements de police locale avec à leur tête au moins un officier de police à plein temps. Cette année-là, les départements de police locale avaient environ 593 000 employés à plein temps dont 461 000 étaient assermentés. Environ 60% de tout le personnel étatique et local assermenté était composé de membres de la police locale. Selon le Bureau des statistiques de la Justice, environ 75% des officiers de la police locale en 2007 étaient employés par des départements de la police qui autorisaient l’usage "d’objets conducteurs d’énergie" - comme les Tasers - alors qu’en 2003, il n’y en avait que 47%. Soixante et un pour cent des départements de la police locale utilisaient régulièrement des caméras vidéos dans les voitures de patrouille pour 55% en 2003. Il y avait environ 71 000 caméras dans les voitures en 2007 pour 49 000 en 2003.
Les "appréhensions" policières ont donné lieu à la fouille au corps de 150 000 à 200 000 personnes rien que dans la ville de New York depuis le début de l’année, et plus de 85% des personnes appréhendées étaient des Américains d’origine hispanique ou africaine. Tant que les citoyens de ce pays ne se rendront pas compte de l’impact de la police sur nos communautés, nous continuerons à subir un niveau de répression, de surveillance illégale et d’incarcération bien supérieur à celui du reste du monde.
Les policiers qui commettent des meurtres sont placés "en congé administratif rémunéré" et peuvent bénéficier des services de leurs syndicats et de leurs avocats avant qu’une investigation indépendante ne soit mise en place par les procureurs de district ou des agences de police extérieures. (Vous vous rendez compte, ils se retrouvent en congés payés grâce au fait d’avoir tué quelqu’un -la famille de la victime ne bénéficie pas de congés payés - seul le flic assassin y a droit !) Le police a des mois pour mettre au point sa version des faits avant que le reste de la communauté entende seulement parler du crime. Après un crime, la police expose aux médias sa version des faits qui est considérée comme parole d’évangile.
Comme la police est la seule habilitée à filmer ou enregistrer ce qui se passe sur la scène de crime jusqu’à ce que la police ait décidé avec ses supérieurs de ce qu’il fallait dire, la police a un pouvoir absolu sur les faits dans la "justice" américaine. Beaucoup de monde pense que la police manipule les scènes de crime en y mettant des armes, des bombes incendiaires et des drogues soi-disant utilisées au cours de l’incident. Le public n’a pas le droit d’assister à ce qui se passe sur les lieux après le crime jusqu’à ce que la police ait donné ses conclusions et tenu une conférence de presse.
Quand il y a une crime ou un accident, ils font arrêter la circulation pendant aussi longtemps qu’ils le jugent nécessaire. Par exemple, quand on a tiré sur un officier de police, le trafic a été interrompu pendant neuf heures sur la 680, une artère essentielle de la Baie de San Francisco, au grand détriment de milliers de personnes.
Il y a aussi les funérailles d’officiers de police tués en service. Les fonds publics sont utilisés pour leur offrir des funérailles grandioses en présence de milliers de policiers.
Ils psalmodient le mantra :"Nos policiers sont entraînés à utiliser la force nécessaire et raisonnable pour effectuer une arrestation ou éliminer une menace" pour justifier les atrocités que la police commet comme si le seul fait de prononcer ces paroles les rendaient vraies. Et c’est ainsi qu’on en arrive à la situation absurde où les policiers tiennent tous les rôles pour leur plus grande profit et s’absolvent de toute mauvaise conduite en étant tout à la fois le juge, le jury qui prononce les peines et ceux qui les appliquent. La police de Vallejo par exemple, a tué un citoyen tous les mois dans les 5 derniers mois et tous ces meurtres ont été déclarés "raisonnables et nécessaires."
La police de San Francisco, presque deux fois plus nombreuse que celle de San José, est impliquée dans deux fois plus de meurtres par an que nos voisins du sud. Un noir sur trois est en prison ou en liberté surveillée aux Etats-Unis. Nous arrêtons et emprisonnons un pourcentage plus grand de citoyens que n’importe quel autre pays du monde.
Et pourtant, les chefs de police viennent l’un après l’autre déclarer dans les quotidiens que si nous avions assez d’argent pour louer les services de davantage de brutes des rues pour maintenir l’ordre, nous serions plus en sécurité. C’est sûr et faire payer des impôts aux milliardaires serait mauvais pour les pauvres parce qu’on sait de quelle générosité et de quelles tendres attentions sont capables des voyous comme les frères Koch.
Allez les amis, apprenez à penser par vous-mêmes et à lire entre les lignes. Moins de police signifierait moins de délits, moins de meurtres et moins de racisme. Nous n’avons pas besoin qu’ils envahissent nos communautés pour nous protéger, nous le faisons bien mieux nous-mêmes. Un nombre limité de policiers dont la mission serait de contrôler les crimes violents des gangs, de la Mafia et des extrémistes religieux serait bien préférable aux armées de métier installées au coeur de nos cités.
Marti Hiken, Luke Hiken
Luke Hiken est un avocat spécialiste du droit criminel et militaire, et du droit de l’immigration et des appels. Marti Hiken est la directrice de Progressive Avenues. Elle était auparavant directrice associée de the Institute for Public Accuracy et présidente de the National Lawyers Guild Military Law Task Force.
Traduction : Dominique Muselet
Source: lien