Par Camille Loty Malebranche

Il est deux violences claires et distinctes chez l'Homme: la vitale, fondamentale pour l'affirmation de la vie, et la létale qui détruit ou menace la vie comme par corruption de l'énergie vitale.
La violence vitale de l'homme, c'est, après les efforts somme toute organiques de subsistance et de se perpétuer comme espèce par la reproduction, d'affirmer avec force et détermination les grandeurs globales de ses attributs et facultés où il manifeste l'élévation de l'espèce en ce qu'elle a de beau. Une violence vitale qui devient létale si déviée par la logique ignominieusement aberrante de sourdes et inavouables compétitions sociales dérivant en haines. La perversion humaine est telle que même les lieux de saines compétitions comme le sport - cette activité créée pour canaliser les énergies humaines dans le dépassement de soi et contre la violence destructrice - dégénèrent assez fréquemment sous la dictée insidieuse d'intérêts malsains et de passions morbides. Car passions et intérêts dévoyés sont comme des déserts où prolifèrent les épines vénéneuses des sauvageries extrêmes et des rivalités agressives; ce sont des terreaux fertiles en violence létale...
L'Homme est un être violent qui a survécu et s'est imposé par sa violence tant intelligente que physique, mais malheureusement, son mésusage de cette force vitale, en fait une puissance de destruction de sa propre espèce. Toutefois, la bonne violence, lorsqu'elle apparaît, est un attribut, un fonds de l'espèce pour sa survie, son maintien pur et simple dans la vie.
Au sens ontologique, l'Homme est une somme de violence essentiellement vitale contre la violence létale. Pour exister dès le commencement nous avions, sur le plan phylétique, à faire face aux bêtes sauvages nous visant comme leurs proies. Par ailleurs, notre corps provient, pour ainsi dire, de la course du microgamète pour atteindre l'ovule, une sorte de violence vitale pour la reproduction; ensuite, la lutte immunitaire permanente de l'organisme contre les violences des agents pathogènes, une autre violence...
Sur le plan spirituel et moral, la violence que nous devons mener contre la faiblesse au laisser aller, l'effort d'orientation et de transformation de toute pulsion en énergie du bien dont on a le contrôle tout en ostracisant la complaisance asservissante au mal, la culture de la saine répulsion envers tout ce qui dénature, et déshumanise, le refus des situations malsaines qui favorisent l'abaissement dans le vice, le rejet sans tolérance aucune de toute pratique indigne de la nature humaine, prouve que c'est par une sainte violence que nous nous humanisons.
Sur le plan social ou sociohistorique, intervient le désastre de la violence aliénante, létale. Je doute fort que le temps des bûchers de l'église, du supplice de la roue infligé par des rois et des colons, du massacre des esclaves dans les colonies, fût moins violent que le nôtre. L'humanité n'a pas beaucoup évolué; néanmoins, le discours des philosophes et sages humanistes a quand même atténué voire porté à éliminer certaines aberrations. Aujourd'hui, aucun pontife ne peut se permettre, en occident à tout le moins, de dresser un bûcher ni de donner des ordres aux hommes en se déclarant blasphématoirement vicaire du Christ dont il n'a jamais fait que salir le saint nom! En mettant l'église à sa place, en plaçant en partie l'autorité religieuse et séculière sous la loi, l'occident a fait des pas de géant dans ses patelins. Il faut aujourd'hui que le même occident cesse, toutefois, d'être le diable ailleurs, toujours assassin et voyou criminel, et continuer à se démocratiser intérieurement en abolissant les privilèges financiers capitalistes qui favorisent des nantis prédateurs de peuples et séquestreurs d'État au détriment des nations et des citoyens.
Nous ne sommes ni plus ni moins violents qu'hier mais nos moyens de destruction industriels et cybernétiques - je parle de l'automation des drones sicaires, par exemple - sont devenus plus efficaces pour exprimer l'infrahumanité des establishments et des majorités qui les soutiennent activement ou passivement dans leurs crimes... Les tares de la violence létale sont les mêmes, c'est aux sages des nations de les contrer par les lois en renversant le système actuel où quelques-uns agressent économiquement les peuples ainsi affligés de tous les malheurs de la pauvreté et de la misère comme la mort, la maladie évitables uniquement dues aux conditions de vie misérables; maux criminels qui sévissent uniquement par l'égoïsme individuel et de classe de quelques-uns très minoritaires que, malheureusement, la lâcheté ou l'indolence complaisante et permissive des majorités, laisse faire en véritables tortionnaires légaux voire plébiscités de l'humanité.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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