Par Camille Loty Malebranche

Les raisons d’être charitable et donc juste (car la charité est justice) à l’égard des humains, sont pratiques, objectifs, pleins de gratitude, car tout ce que j’utilise pour vivre, me vient du travail de l’Homme. C’est pourquoi j’abhorre et conspue les quelques prédateurs voyous qui accaparent les biens communs de l’humanité par la finance et la politique, tout en mentant et aliénant les majorités par les mensonges de l’idéologie. Toutefois, cette justice que nous pourrions appeler charité-devoir, parce que considération due à tous comme traitement élémentaire de leur humanité, ne comporte guère de raisons axiologiques ou sentimentales d’aimer l’Homme. Car la grande majorité de l’espèce est déroutante, une fois posée sur le plan des valeurs, où l’on est censé reconnaître la manifestation et l’élévation de la nature dite humaine!
La nature humaine embourbée dans ses abandons aux pulsions destructrices et autodestructrices, maculée d’horreurs, engluée dans une autolâtrie rendant impossible l’équilibre du recul critique sain de la conscience saine et autocritique selon la juste mesure de sa liberté, patauge dans les monstruosités dénaturantes de l’amour de soi dégénéré en faux amour-propre pervers et agressif contre autrui. Ainsi, à travers le diabolique culte de l’égo, culte misérable du moi qui croit s’élever du ravalement d’autrui, l’homme ne cultivant aucun conatus spirituel, ne répond guère des grandeurs potentielles qu’annihilent les conventions et convenances collectives, les pressions de groupe, les motivations corruptrices du mode de vie en société. Mode de vie sous-tendu par les infamies de l’intégration assimilatrice au social où « réussir » implique souvent la déréliction de tout effort d’ascension, la négation pure et simple du Soi spirituel pour les gouffres sans fond de l’assouvissement déshumanisant des injonctions obvies et tacites, les crapuleries inavouées et inavouables du système institutionnel de pouvoir tant séculier que religieux. Hélas! Nous sommes dans un monde où le mensonge et la réification de l’homme par l’homme sont gages de réussite sociale! Système somme toute stercoral et anthropocide, sous la houlette mortifère des stercoraires structurels de l'économie et de la politique, pour qui l’homme n’est qu’instrument!
J’aime l’humanité qui m’accompagne comme espèce et grâce à qui, après Dieu, j’ai tout sur cette terre, mais je ne peux m’empêcher de plaindre la horde sociale que deviennent la plupart des hommes abdiquant leur devoir de transcendance, leur vocation déitaire de fils de Dieu, leur mission d’ascension dans l’Esprit qu’ils vouent à l’ignominie des dénaturations charnelles pour le sensible du social et du monde qui passe. Le charnel psychologique, cette reddition de l’Esprit à l’escabeau des platitudes et déchéances du monde, n’a pas, hélas, fini d’étaler les dépouilles de l’homme déshumanisé, les restes de l’humain dénaturé, la mort à l’esprit, mort de l’esprit assassiné, avorté au scalpel des illusions mobilisatrices de lugubres pulsions…
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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