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Par Camille Loty Malebranche

 

Les clivages de classes sont le signe d'une disjonction dans l'essence originaire de la socialité humaine. Un artefact dislocatoire de l'union inscrite dans la détermination sociale fondatrice, un vice corrupteur de la caractéristique fondamentalement sociale de la nature humaine. La vie en société étant à la fois une condition et une vocation immédiates de tout humain, une vocation au bonheur ou à tout le moins au bien-être d'être ensemble.

 

La vocation de la société aux origines tient à la fois du besoin et de la volonté des hommes à se créer un espace de convivialité enracinée dans un vouloir vivre collectif, un vivre avec commun, un mitsein humanisant. La vocation du regroupement social étant de resserrer les échanges et la solidarité entre les hommes et non d'engendrer un lieu de compétitions malsaines, d'évincement et d'écrasement de l'homme par l'homme au nom d'une certaine satisfaction des besoins. Si l'inégalité interindividuelle est un fait naturel et normal, tous n'ayant pas le même niveau d'intelligence, d'habileté..., l'inégalitarisme social, par contre, constitue un tératogène dans l'histoire des sociétés où il tient de l'idéologie. L'idéologie, dans ces conditions, n'est donc au départ que le voile qui tente de masquer la contre-nature. C'est un constat pérenne dans les sociétés humaines: les monstruosités telles l'injustice, la méchanceté, la mesquinerie, la salissure comportementale ont l'insidieuse propension, le sordide réflexe de chercher à se voiler la face par la beauté trompeuse des farces et des masques pour mystifier les foules et tout se justifier.

 

La politique des chefs s'est donc portée sur les dieux, lesquels au lieu de demeurer une représentation du surnaturel sont devenus l'absolu dans la superstition du peuple abêti, servant d'appui à l'absolutisme arbitraire. Tout cela, le plus souvent, selon un hiératisme théocratique, force dogmatique d’évitement de toute critique et de la mise en question du pouvoir. Le monarchisme qui a ensuite quasi généralisé son règne, s'est toujours peu ou prou déployé dans une certaine veine théocratique où le droit divin écrase les peuples. Inutile de rappeler la sujétion de l'homme-chose assujetti, utilisé, sacrifié à la gloire voire au bon plaisir des rois et nobles. La plus grande ironie de la marche historique est précisément le dépassement du droit divin vers le constitutionnalisme aboutissant à deux grands cas de figure: la monarchie constitutionnelle et la république. Toutes deux, censées établir la démocratie, ont planifié les nouveaux arbitraires et façonné la mise à l'encan des consciences, la mise à quia de la souveraineté et des libertés populaires piégées dans les parois oppressives des structures de l'État, ce bénéficiaire toujours ultime de ladite souveraineté du peuple pulvérisée aux mains égrugeuses de l'idéologie systémique.

 

La république - en prétendant inventer le statut nouveau du citoyen comme agent responsable de la cité dont il est « copropriétaire » à la différence du serf ou du sujet - s'est quasi généralisée à l'effondrement de l'aristocratisme, la "res publica" avec ses soi disant promesses de faire de l'État la "chose publique" aux mains de la nation, surtout par le droit de vote et le retour cyclique des élections. Pourtant, dès ses débuts, la république s'est dotée de toutes sortes de structures s'érigeant en système, pour contourner son appropriation par les majorités votantes. Représentées par les partis politiques le plus souvent vendus aux intérêts de quelques minorités, les majorités constatent la flaccidité et la faiblesse de pouvoir de ses choix inaptes, où même leurs plus sincères élus se retrouvent soit récupérés soit assignés à des rôles de figuration par le système économique. En outre, au rythme du mode de vie industriel et financier, tout se conjugue dans les limites strictes du conditionnement social, selon les vœux des oligarchies opulentes. La logique essentialiste du droit des minorités oligarchiques aux prérogatives d'abondance et des privilèges, ayant gagné les masses, la domination et l'exclusion prennent valeur d'autorité morale. Les peuples, hélas, sont essentialistes jusqu'à l'idolâtrie! Et, le clairvoyant, proclamant son refus du statu quo, devient un marginal. Et pour les nouveaux maîtres, toute fierté ou dignité verticale et résistante est arrogance agressive voire punissable! Et les maîtres idolâtrés du système se chargent de marginaliser le résistant et sa résistance qu'ils s'attachent à dénigrer par la critique vile et mensongère en vue de l'éviction de toute note discordante!

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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