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Par Camille Loty Malebranche

 

L'Histoire, dans sa détermination de la réalité humaine, à la fois comme génitrice et comme témoin, dévoile parmi ses principaux signes dominants les mécanismes de construction de la vision du monde et de la civilisation. Non d'une weltanschauung collective mais de cette vision-action par quoi s'imbriquent les pierres de l'édifice social où se perçoivent l'achoppement des idéaux, les petites réussites et les grands gâchis, tels les obstacles à la liberté humaine et les souffrances de l'homme infligées par l'homme dans la société. Gâchis d'autant plus poignants qu'ils sont orchestrés par des hommes, l'homme étant à la fois, l'architecte, le maçon et la pierre active de l'édifice socio-systémique dont la pensée-action humaine est le terrain de construction.

 

L’Histoire est, disons-le, anthropocentrique comme tout vécu humain et toute connaissance humaine. Activité principielle de la connaissance des causes et déclics de tous faits et situations, elle rejoint la démarche cognitive de la description qui prédomine dans les champs du savoir depuis la phénoménologie husserlienne, jusqu’au structuro-fonctionnalisme en passant par le gestaltisme et le holisme. Elle est en définitive métaphysique car, allant de l'âge mythologique à l'âge idéologique, elle qui s'érige par essence comme tremplin de l'évolution, elle reste immuable dans l'expression d'une intuition du sens par l'homme et que celui-ci cherche et construit dans ses expériences collectives et civilisationnelles.

 

Métaphysique et finalité en histoire

 

La métaphysique à travers l'histoire, en tant que domaine paroxystique et fondamental du sens, se pose comme espace de la morale. D'où, le tragique de notre temps dont les crises du sens aboutissent à la grande crise de moralité et de valeur qu'on y voit, car la morale constitue la plus claire expression du sens et de la valeur. Pour dire vrai, il faut constater que la morale contemporaine n'est qu'un tissu pseudo éthique de pragmatisme individualiste, d'hédonisme débridé et de la suprématie de l'obligation de travailler et d'être rentable pour les compétitions du marché; tout cela réglementé par des lois désormais laïques sur la propriété et la sexualité. Le mérite, quant à lui, n'est plus que la consécration de celui qui consomme ou de ce qui fait consommer. Par delà tous les rêves vaincus par delà tant de défaites d'idéals et de déroutes d'utopies dans un monde désenchanté et platement séculier où la laïcisation consommationnelle remplace les horizons de ses vieux sens religieux institutionnels, ostracise toute transcendance spirituelle, l'Histoire, en tant que parcours spatio-temporel de l'espèce, demeure - nous le redisons - la face de notre quête d'espèce voulant transcender l'animalité de fait qui s'imprime en elle pour affirmer l'esprit et sa conscience infinie!

 

"Système autorégulé par la raison dialectique qu'elle engendre" d'après Hegel, l'Histoire, fondée sur la logique du progrès perpétuel et dialectique en est arrivée, par le nivellement planétaire de l'idéologie, à cette sorte d'informité que fut la Mondialisation, Mondialisation de l'ordre capitaliste néolibéral qui s'avère impossible vu les abîmes clivant le monde par de graves et extrêmes disparités économique, structurelle et technologique avant l'ère actuelle d'émergence de la multipolarité géopolitique du 21ème siècle en cours! Expédiant au diable vauvert l'hypothétique "fin de l'Histoire" de Fukuyama, qui se révèle plutôt une longue transition à destination imprévisible pour tout Argos ou Janus, transition très heurtée vers un ordre inconnu et périlleux pour les petits États qui se retrouvent parachutés à la Postmodernité, ce corollaire de la Mondialisation, sans avoir connu la Modernité.

 

Au stade métaphysique, nous nous rappelons Kierkegaard qui pourfendait l'historicisme hégélien et soupçonnait d’inessentielles pour l’accomplissement - c'est-à-dire le Salut eschatologique dans la langue théologique du philosophe danois qui se surnommait "poète du religieux" - les doctrines de l’Histoire.

 

Vu la finitude imprimée par la temporalité aux choses humaines dont l'historicité est l'empreinte même de l'inaccomplissement, vu également les contingences des faiblesses et défauts humains imprimant ruptures et discontinuités même aux acquis de ses idéaux tanguant et cahotant sur sa voie impétueuse, l’Histoire, en effet, ne peut atteindre la fin des idéaux dont elle porte la voix au moins dans les grandes chartes et leur axiologie universelle. L'histoire, hélas, s’épuise dans l’évanescence des temps inaccomplis et l’inachèvement des voeux humains de tous ordres! Seule la sphère spirituelle suprahistorique est entéléchique car relevant de l'infini divin.

 

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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Tag(s) : #Monde du Concept
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