Par Camille Loty Malebranche
Sauf en autocratie, dans l'occurrence de la doctrine personnelle de
l'autocrate, en politique, un courant de pensée sociale et économique qui a jeté ses bases depuis des générations et a charrié des idées et principes clairement définis et édictés, ne peut
en aucun cas, être réduit aux seuls gestes d'un chef sans application étatico-sociale. Si le chef au pouvoir, a assez de leadership pour personnaliser valablement ledit courant, il ne peut,
en aucun cas, prétendre le personnifier au point de le circonscrire à des épiphénomènes comme le comportement qu'il considère moralement lié audit courant, où il choisit d'exprimer sa
sensibilité personnelle sans se soucier d'appliquer la rigueur politique du courant dans la gouvernance de l'État à transformer. Sauf à changer de société, il n'y a point de socialisme
effectif.
En lisant çà et là, l'on constate que les propos concernant l'élu de l'Élysée, évoquent presque tous, la "modestie" personnelle du président qui a réduit son salaire de 30%, ainsi que le nombre de ses gardes du corps. Qui a ordonné à son cortège de s'arrêter aux feux rouges. Qui utilise la voiture et même le train là où Sarkozy préférait l'avion et l'hélicoptère. Qui choisit de passer ses vacances à la résidence présidentielle du sud de la France, différemment de Sarkozy qui passait les siennes dans les villas les plus luxueuses des stations balnéaires étrangères. Oui, à lire tout cela comme au miroir de modestie présidentielle, nous disons qu'il est facile au commun de se perdre sur la mission d'un élu socialiste à tête de l'État. Pour en rire, l'image "modeste" du président, a été écorniflée par un journaliste humoriste qui a révélé aux français que Hollande, loin s'en faut, n'est pas si modeste qu'il voudrait leur faire accroire, puisqu'il a placé la commande d'un lot de coussins de luxe d'une dispendieuse marque espagnole pour son congé au fort de Brégançon. Ce qui, étant donnée la banalité humoristique de la chose, n'a provoqué que remous et ruminations de salon! De notre côté, bien plus sérieusement, voici ce que cette « modestie présidentielle » nous suggère quand nous y repensons: la pompe onéreuse à la tête des États, nous répugne et nous apprécions le refus de Hollande d'être dans la continuité de Sarkozy. Je suis personnellement pour la frugalité dans les dépenses liées à leur fonction officielle, des dirigeants d'État. Frugalité et non modestie, celle-ci étant trop souvent hypocrite et affectée! Frugalité qui consiste en l'expression de la décence et de la sobriété dépensière personnelle, excluant l'extravagance onéreuse et le népotisme à la tête des États par les élus du peuple. Néanmoins, la frugalité des politiciens couramment en poste aujourd'hui - lesquels si loin de la stature d'homme politique et si étrangers au statut d'Homme d'État - n'existant pas, nous nous inquiétons quant aux convictions socialistes du président, de sa volonté à diriger selon lesdites convictions, voire sa capacité réelle à appliquer réellement le socialisme en France! C'est là, l'unique préoccupation de tout observateur digne. Ici, disons-le, tant que ne sera attaqué en ses fondements, le capitalisme ploutocratique mené par quelques grandes banques privées qui déterminent selon leurs diktats financiers, le sort économique du peuple et des familles, les gestes de modestie d'un président, fut-il nommément et officiellement socialiste, resteront de la gesticulation trompeuse pour faire croire à un changement de cap alors qu'il n'est que gestuelle de surface. Il n'y a de socialisme que politique. Politique révolutionnaire appliquée dans l'économique et le social, contre les privilèges et la dictature oligarchique.
Les mignardises, les mièvreries souriantes d'un président, si elles plaisent à ses partisans qui peuvent en arguer de bonne foi, ne changeront strictement rien dans la nature politique de l'État ni dans le sort des millions de citoyens qui attendent la révolution sociale et économique pour avoir enfin droit de sortir du gouffre.
Pour le reste, tout ne sera que de la frime politique si rien ne change dans les structures financières instaurées par quelques ploutocrates qui instrumentalisent oligarchiquement l'État séquestré au service de leurs intérêts privés aux dépens du peuple. Pour le citoyen français ordinaire et pour tous les socialistes authentiques du monde, qui vous observent, il ne s'agit pas d'avoir un président issu du parti socialiste, il faut que le socialisme soit effectivement au pouvoir, que les principes socialistes soient à l'oeuvre dans la gestion de l'État au service des multitudes majoritaires, et que la gouvernance pleinement socialiste imprègne l'administration, au moins pendant le mandat que vous a prêté le peuple, monsieur le président.
Le socialisme ne pouvant être réduit aux manières présidentielles, quelque moralisatrices se prétendent-elles, nous attendons tous une transformation politique de fond, un socialisme de gouvernance.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE