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Par Camille Loty Malebranche

 

Le bonheur est un fonds spirituel entretenu par l'aptitude à la transcendance.

  

Dire que le bonheur s'éprouve mais ne se prouve guère en se mesurant par la mensuration ordinaire et quantitative des objets, comme d'ailleurs tout sentiment, est un truisme.

 

Du point de vue langagier, le bonheur est un lemme indicateur avec son propre univers sémantique, une polysémie qui vient du vivant humain, de la pluridimensionnalité de l'Homme. C'est sûr que pour être heureux, certaines conditions de base telles, un niveau de santé, un minimum de bien-être matériel, une certaine part de stabilité sentimentale, semblent nécessaires. Mais au bout du compte, qui peut se permettre de définir cette chose que la théologie, tous les courants de la psychologie, la psychanalyse (avec son "principe de plaisir") et la philosophie de l'Homme à travers ses multiples champs, placent comme l'entéléchie humaine globale, détermination de toutes les démarches de projection de soi par l'être humain? Qui peut oser dire qu'il sait, à part soi, définir le bonheur, ce musagète de toute fin provisoire et éternelle de l'Homme? L'Homme est finaliste et le BONHEUR constitue l'une des motivations omniprésentes, promesse incontournable dans sa marche téléologique, sa démarche vers ses fins immédiates, temporelles absurdes;  tout comme son appétence pour le destin spirituel et éternel. Si nous devions définir le bonheur au point de le mesurer, le quantifier nous connaîtrions l'homme, et n'aurions plus vraiment besoin de faire de l'ontologie humaine. 

 

Le bonheur, dans notre constat, constitue l'attraction et l'impulsion la plus forte de l'humain, même s'il prend toutes les formes de l'action comme projection de soi chez les individus et les collectivités. Le bonheur est téléologie et entéléchie car il mobilise toutes les énergies humaines comme projet et comme fin.

 

Confondre bien-être et bonheur, c'est indifférencier la subjectivité et l'objectivité.

 

Le bien-être est objectif et relativement, sinon quantifiable, évaluable en pourcentage par rapport à la satisfaction des besoins matériels et sociaux des individus ou d’un pays considéré par rapport à d'autres; c'est une situation de l'homme social. Alors que le bonheur est essentiellement subjectif, situation de l'homme ontologique, profondément impondérable. Il implique toutes les dimensions intrinsèques de l'homme. D'où, le bien-être est en certaines circonstances une sorte d'à priori au bonheur, qu'il ne saurait néanmoins garantir.

 

Le BONHEUR est donc essentiellement un rapport de l'homme à l'être, au sens et aux fins dernières. Sinon comment expliquerait-on tous ces gosses de riches qui se droguent, des cossus en santé physique et considérés sains d'esprit qui se suicident, des "puissants du monde" si malheureux dans leur vacuité de sens, leur vide eschatologique personnel!? Tous ceux, aisés et socialement bien établis, dont le moindre revers pécuniaire ou de pouvoir - (je vois ici, par exemple, tous les riches suicidés de la crise économique de 1929) - provoque une désolation existentielle telle, qu'ils courent au suicide?! Pour eux, le bonheur n'a jamais existé, sauf l'opium des situations qui, une fois envolé, les laisse dans l'horrible et lugubre pauvreté de leur non être, leur intenable néant.   

 

Pour nous, spiritualiste et chrétien, nous dirions que les vicissitudes du matériel et du temporel en général, étant inéluctables, seule l'aptitude spirituelle d'un Homme à la transcendance lui permettra d'aboutir à cette sorte de palier existentiel où le bonheur pérenne est possible. Car les joies immédiates mal pesées dans leur rapport de causalité avec l'ensemble des circonstances de la vie de chacun, sont si souvent porteuses de désillusions ravageuses! Il faut aussi par les forces spirituelles, la méditation et la prière de la foi, parvenir à garder l'aptitude permanente à la transcendance car nous avons tous nos moments de faiblesses qui, sans la grâce spéciale de Dieu, peuvent nous laisser atteignables aux malfaisances agressantes de ce monde si souvent ignominieux où la foule des mufles et des méchants, est innombrable et majoritaire.   

 

La transcendance du monde dans l'approfondissement du sens intérieur et transcendant, cette intuition spirituelle de l'ailleurs du fini, est donc le principe premier de tout bonheur, toute félicité!

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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