Par Camille Loty Malebranche
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Agir, se mettre en route par l'ensemble de ses actes posés en créant sa situation subjective et objective pour fixer son positionnement par rapport à soi, à Dieu, au cosmos, au monde et à tous les autrui, nous présente l'action comme à la fois, la source, le cours et l'estuaire du fleuve conscientiel qu'est l'humain!
Ce que je nomme actéologie, c’est la plongée analytique et critique au cœur des modalités de l’action depuis son émergence des profondeurs de la conscience volontaire jusqu’à ses implications immédiates voire téléologiques dans la démarche finalitaire de l’homme. L’action ainsi perçue est toujours finaliste en tant que l’homme guette de toute manière en agissant une fin, celle-ci fût-elle éthique, gnoséologique, métaphysique, politique, sociale...
L'homme agit-réagit tant au niveau privé que public où il affirme ce qu'il revendique être. C'est là, le schème de l'Action.
Force est de remarquer qu'au moins au stade individuel, il y a l'action proprement dite, (l'action dynamique) où l'on parle d'un mouvement de l'individu; il est également à un autre niveau, (l'action passive) comme le fait de se faire spectateur. Celui qui suit un match de football est un agissant passif mais pas un inactif car il reçoit, jouit, s'excite, s'inquiète, se fâche, bref est affecté et réagit dans ce qu'il a choisi comme contexte.
Ailleurs, dans des contextes strictement institutionnels, l’homme pratique, en tant qu’il ne fait que simplement manifester son appartenance au courant comportemental d’une structure idéelle ou institutionnelle. C’est le schème de la Praxis.
Il est donc deux schèmes possibles d’actes au niveau de l’homme agissant : l'action stricto sensu ou la praxis.
1) L'action est l’orientation générale des déterminations subjectives et objectives de la conduite humaine à travers des actes particuliers de l'individu que nous étudions sous le vocable d’actéologie.
2) La praxis est le mode d'agir contextuel, interactif et politique de l'homme en rapport au code grégaire ou institutionnel qu'étudie la praxéologie. Là, la nuance entre la poïesis aristotélicienne qui consiste à fabriquer quelque chose de particulier plutôt qu'une praxis qui est la pratique en général, fait que le fabriquant individuel imaginant et créant peut être un protagoniste de l'action, artisan qui opère la fabrication comme création, projection de soi dans une perspective personnelle en vue d'un but personnel, où il crée quelque chose de son cru. Dans le cas contraire, on a le fabricant qui est juste en train de produire et de collaborer au sein d'un mode de fabrication institutionnelle régulée de production collective, sérielle ou non, selon la politique de l'institution dont il relève et donc ne fait que pratiquer sans vraiment agir. La praxéologie, par delà les études descriptives des praxéologues, est donc par essence, l'ensemble des disciplines et méthodes d'élaboration des politiques des pratiques institutionnelles et de leur efficacité pragmatique. Là, il faut souligner que le révolutionnaire en action dans le cadre de la révolution qu'il opère, est au-dessus de la praxis car il projette sa vision politique nouvelle comme mode de penser et d'agir afin d’établir le monde social nouveau dont il embrase le peuple pour précisément briser la praxis constituant le statu quo.
Ici, dans ce texte, nous nous intéressons surtout à l’actéologie en scrutant le schème de l’action vu que la praxis est avant tout une logique des techniques et de la gouvernance institutionnelles, laissant de fait très peu de place à la liberté, l’homme y étant totalement structuré en agent d’institution. Néanmoins, devons-nous le souligner ici, l’homme n’en demeure pas moins jugeable, en tant que c’est par choix qu’il a opté pour ce genre de vie et de reddition de soi. Ainsi, l’homme politique qui vient nous arguer qu’il est obligé de poser tel acte injuste, répréhensible plutôt qu’un autre, est sans excuse. C’est un couard, un pusillanime infâme qui veut jouir de privilèges personnels et de « pouvoir » au mépris de la justice et du bien.
Action et sens
L’action comporte au stade privé et intime dont nous traitons ici, trois grands domaines du sens : Logique, Morale, Ontologique.
L’action ainsi perçue, comme nous l'avons dit dans notre exergue, est toujours finaliste car l’homme y manifeste sa téléologie intime et personnelle. Naturellement, parce qu’elle implique et entraîne l’immanquable rapport à soi et à l’être en général, l’action est toujours ontologique, ce qui, ici, ne veut nullement inférer qu’elle soit obligatoirement métaphysique. Car, soit dit en passant, si toute métaphysique est ontologie, la réciproque est fausse quand il s’agit d’un rapport très parcellaire du sujet agissant à tel acte particulier qu’il pose. Par contre, pour autant que cet acte soit une expression de sa liberté et de sa conduite en tant que soi pensant et agissant dans le monde, qui y manifeste sa vision globale d’être-au-monde, ledit acte devient un geste métaphysique par le sens.
L’action sous-tend l’acte réfléchi et porteur de sens et moralement impliqué, se distingue de l’habitude comme acte répétitif qui peut être même strictement physiologique, remarquons que l’habitude a, quand elle est en dehors du champ physiologique strict, tout son sens moral de projection du soi de l’homme (téléologie). Car l'habitude est l'habitus de la volonté accommodée à une sorte d'automatisme agissant.
La fonction téléologique d’un acte, soit dit ici, passe par sa valeur spirituelle morale.
L’action est le juge objectif de l’homme là où la conscience en est le juge subjectif.
Galvaudage logique et dénaturation de la valeur.
Toutes les fois où l’homme reconnaît un prix temporel, un quelque chose de social ou de matériel pour lequel il accommoderait son humanité, transigerait sur ses valeurs ou négocierait ses principes, il y a prostitution et aliénation de soi.
Tout le verbiage politique et religieux d’une morale sociale n’est qu’alibi des crapules maîtresses des structures pour dominer les masses. La morale véritable est affaire de conviction intime et non d’apparat public. Justice et droiture sont émanation de l’intrinsèque et non soumission aux autorités. L’institution sociale perverse de l’homme pervers est donc haïssable, car elle essentialise l’injustice et la domination oligarchique en légiférant tout en arguant de droit. Gare à celui qui renonce à être ferme indomptable, le laxisme est collaboration et complaisance à la corruption de soi. Corruption qui est perte de la souveraineté dans le jugement, aliénation de l’action comme expression de soi.
Un fait de société est ici très important à souligner, le snobisme que j’appellerais culturo-institutionnel. En effet, la société, toute société, instille un chauvinisme de facto (snobisme) à ses membres vis-à-vis de ses institutions officielles par manière de sacralisation de celles-ci et comme fondement de la sociodicée c’est-à-dire la préjustification de l’autorité sociale sur les membres de la société. Sans le snobisme latent sous forme de sensibilité culturelle chez l’individu, il est impossible de sacraliser les choses du pouvoir et d’obtenir l’adhésion des individus. Ainsi, au temps d’aujourd’hui, sous prétexte de science, d’énormes et innombrables aberrations sont véhiculées justifiant l’économisme, les choix de la finance déviant et dénaturant l’économie effective des nations, les excentricités astrophysiques comme le voyage dans le temps, la conquête d’exoplanètes, rien qu’en les faisant distiller à l’étamine des institutions renommées et de haute reconnaissance sociale telle la Nasa, Harvard et consorts. Par exemple, un "savant" des institutions officielles qui a déjà dit qu’un gène de blatte inoculé à l’homme - parce que les blattes furent présentes aux pires impacts d’astéroïdes provoquant des embrasements, et ont survécu à leurs radiations - pourrait rendre l’être humain invulnérable aux rayons dangereux de l’espace, a été assez pris au sérieux pour être présenté à un documentaire, comme élaborateur d’une hypothèse scientifique à démontrer ou travailler! La sensibilité snobe des individus socialisés, est l’énormité au monde, la mieux répandue quoique la moins consciente au cœur d’un monde malade et pathogène qui se veut normal et fondateur de normes.
Celui qui, ainsi, renonce à se projeter et s’exprimer par sa propre pensée et action, n’est même pas chose, mais ombre simiesque qui singe et gesticule…
Le refus de l’asservissement et l'exigence de la proactivité - où le sujet refuse la sujétion d’un monde qui le confine à la réaction programmée, réaction-reddition à un ordre établi qui pense et agit pour lui et dont il n’est que le reflet dans ses réactions correctes - est une responsabilité spirituelle, intellectuelle et rationnelle de chaque homme voulant rester fidèle à son humanité, pour la dignité tant personnelle qu’espécielle.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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