Par Camille Loty Malebranche
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L’essor extatique est avant tout élément du schème représentationnel et non celui de l’immédiat ou du réel. Conscience du surréel, du surnormal, du surordinaire. La logique étant définie comme trame harmonieuse et démonstrative des prémisses et conséquences, elle ne peut en l’analyse complexe des faits mentaux ou psychiques, s’abîmer dans une démonstration mécaniste des phénomènes mais doit produire la description des causes et conditions de l’événement. Elle doit s’arrêter à leur insolite, leur indicible, observer leurs racines psychosomatiques, leur source anatomique, leur déclic caractériel individualisant, leur universalité, leur espace de déclenchement, leur forme réflexe, leur intensité. Les contours de l’extase sont en somme ceux de la vérité du schème qui l’implique. C’est à ces schèmes que vont s’intéresser nos interrogations.
LE SCHEME MYSTICO-RELIGIEUX DE LA PIÉTÉ OU ESPACE DIVIN DE L’EXTASE.
Les sciences religieuses, la théologie ne peuvent étudier que ce qui n’est pas religieux de la religion.
Toute l’extase, nous le redisons, semble connaître trois grandes sources déterminant ses trois sortes normales : la sacrée, l’artistique, l’amoureuse. Perception en tant que saisie de la présence perçue, conception c’est-à-dire envisagement approfondi de la présence saisie, représentation comme association mentale et imaginaire de la présence perçue et conçue avec des valeurs et symboles qui la rendent spécifique à l’individu ou à l’espèce ou au groupe, ces trois, sans proposition, c’est-à-dire sans présentation d’un mode d’intervention, façonnante, font leur tour dans l’involontaire surgissement d’un transport extatique. On peut chercher l’extase, la désirer mais on ne contrôle point sa manifestation, on ne peut que provoquer les univers qui lui servent de cadre ou de matrice.
En matière religieuse, c’est le spirituel, quoique déterminé par le sensible: la musique, le chant, l’incantation qui l’enfante. En religion, l’extase est elle-même le tremplin d’où s’envole la transe et la possession, ces seuils extatiques du religieux. Alors que le réel atteint le commun des hommes, esclave des foules, des masses; l’encanaillement et ses bêtes ne salissent point l’homme transcendant de la foi qui les voit comme de la saleté des cohues déferlantes sans nous atteindre. La vérité en spiritualité est ce qui contribue à l’accomplissement et à l’éternité de l’homme; sans quoi, c’est l’illusion, le mensonge, l’irrémédiable misère. L’Homme, dimension imaginale du démiurge, ne s’intégrera que par l’extase à la démiurgie; car s’intégrer, c’est s’ouvrir aux compromis sans gober les coupes malsaines des compromissions. Là, le compromis est étranger à la compromission et sa corruption, et la sphère de Dieu est bel et bien ici-bas, celle du compromis spirituel qui intègre la chair et le sang, le social, le temporel du croyant: d’ailleurs, s’intégrer, c’est être viable. Être viable au spirituel, c’est expédier toute fausse doctrine, c’est refuser les baragouins de l’hylozoïsme et de toute antispiritualité incongrue.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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