L’extase sacrée, espécielle…

Par Camille Loty Malebranche

Dans le monde hellénique, la montagne de Prométhée ou de Sisyphe nous renvoie au supplice et à la fausse élévation de la damnation. Il s’agit de montrer la condamnation colportée par le refus de Dieu de ces criminels sans foi, sans contrition, sans repentir et donc sans rémission de ces damnés suppliciés pour leur antispiritualité. Une manière mythologique, dans ces mythes pïens, de dire aux hommes que le pardon des péchés et la véritable élévation de l’homme sont en Christ! Car la montagne, heureusement, est totalement contraire dans le monde judéo-chrétien, où elle est lieu de bénédiction et d’extase, une extase espécielle que le Christ portera au pinacle au jour de l’ascension où physiquement il accomplit l’élévation que j’appelle espécielle, c'est-à-dire vocationnelle de l’espèce humaine en route en ce monde vers l’infinitude.  

Et, pour citer certaines occurrences de cette orographie métaphysique du surélevé qui nous propulse vers les cieux et le divin, prenons les cas qui suivent, d’abord la montagne du Sinaï, lieu de la rencontre et du dialogue de Dieu avec l’homme où la révélation divine est apportée à l’humanité à partir de l’interlocution du Buisson ardent avec Moïse, un Buisson en feu que l’Éternel utilise comme théophore occasionnel visible dans l’environnement dénudé et aride du désert! Force est de saisir que le cadre désertique montagneux désigne l’exigence de transcendance du sensible faite à l’homme voulant avoir le primat de l’esprit afin de pouvoir rencontrer Dieu et vivre avec lui. Ensuite, le Calvaire n’aura été qu’une parenthèse patibulaire ouverte et vite refermée pour annoncer la rédemption future au troisième jour, une rédemption matérialisée par la résurrection. Rédemption absolue et définitive dispensée à l’humanité par la mort de Jésus qui ressuscitera pour vaincre à jamais la mort et établir le triomphe de la vie et de la vie éternelle! Et puis, le mont Thabor où le Christ fut transfiguré. Et enfin, la montagne de Galilée, lieu de l’ascension du Christ ainsi que susdite comme illustration suprême et ultime de l’extase espécielle, cette transcendance immanente à l’homme et à sa destinée finale si jamais il assume son être selon l’esprit dans la voie de la foi spirituelle, de la destinée supérieure de l’esprit.

Les trois types d’extases…

L’extase connaît trois types provenant de ses trois grandes sources normales : la sacrée ou métaphysique, l’esthétique et l’érotique.

L’extase sacrée comme d’ailleurs toute extase, (ce que le catholicisme nomme « transverbération ») n’est pas tout à fait hors des sens mais un état modifié des sens focalisés de l’extasiant sur une sensibilité extrême tendant vers l’absolu pour vivre l’objet de ladite sensibilité comme une conscience imprégnée, un sujet suraffecté (puissamment affecté) qu’il se confond à l’univers sacré devenu son univers. Une sensibilité qui bénéficie, procède d’une tendance, d’une prédisposition naturelle et surnaturelle que nous appelons enstase.

Nous y reviendrons

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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