Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Par Camille Loty Malebranche


La première caractéristique de l’impérialisme, c’est l’hubris chthonienne de vouloir accaparer tous les espaces en privant tout le reste du monde du moindre espace d’existence. L’impérialisme avec son expansionnisme, sa convoitise infernale et compulsive de tout accaparer partout en envahissant, en tuant, en asservissant est donc la négation vorace et criminelle de l’autre et de son droit à l’existence. 

Un empire est toujours colonialiste par essence d’une manière ou d’une autre. Là, colonialisme ou néocolonialisme (colonialisme sans présence physique du colon), sont des fatalités de l’impérialisme, la face inavouable mais incontournable de tout empire, c’est ce qu’on peut appeler "l’impérialité", l’essence même d’empire.
   
Le monde, ainsi que je l’ai déjà dit, n’a besoin d’aucun empire et les empires sont par nature des protagonistes de malheurs de toutes sortes pour l’humanité, par la violence visant la domination de l’autre, le vol des avoirs et l’effacement de l’être de l’altérité.

L’empire, c’est littéralement le « si vis pacem, para bellum », ce paradoxe du prédateur attribué à tort ou à raison à Végèce mais adopté et assumé par César. Aberration justificatrice du conquérant qui prend la guerre pour domaine et norme. Car le seul guerrier qui aurait le droit de se prévaloir d’un tel paradoxe extrême, est le défenseur qui pratique la bénignité pusillanime de la défense, la paix juste, en noyant la violence dans le sang du violent envahisseur ou conquérant. Et c’est toujours à contrecœur qu’un tel guerrier frappe car par nature, il est un pacifique. Pour lui, même un « si vis pacem para bellum » contribue à la paix, à un « si vis pacem para pacem » car la guerre, quelque féroce soit-elle, est pour le guerrier défenseur, un vrai moyen de paix, une dissuasion pour revenir à la paix et la garder. La domination prédatrice est donc, comme nous venons de l’observer, immanente au principe premier de l’impérialisme qui ne vise qu’à l’expansionnisme par la séquestration des vies et des biens d’autrui, un principe premier qui, cela va de soit, rend la violence nécessaire et non accidentelle au comportement de l’entité impériale. 

Tout empire vit de l’acceptation idéologique de ceux qui croient à la supériorité « naturelle » d’une catégorie d’hommes sur l’humanité. Tout empire se nourrit de la collaboration complice de ses alliés serviles qui espèrent régner avec lui sur et contre les peuples et les pays visés par l’impérialisme. Tout empire subsiste et règne en forte partie par la reddition collaboratrice de ses victimes qui l’accueillent en aliénés; plutôt que de le repousser sans merci et de l’expédier pour son arrogance asservisseuse comme il le mérite en tant qu’envahisseur et prédateur ne pouvant en aucun cas apporter le bien à ceux qu’il cible comme proies ou comme instruments...    

Entité étatique mue par le déchaînement des bas instincts criminels propres au délire de grandeur et toujours empli de la rage de convoitise auxquels il donne libre cours selon son essence systémique, un empire est avant tout un establishment étatique hégémonique qui érige les monstruosités tels le pillage, l’asservissement et la violence guerrière en norme politique contre autrui. Car l’autrui, cet autre État, cette autre Nation qui est réifié et instrumentalisé, est toujours la mauvaise altérité, le mauvais autre à corriger et à transformer par sa soumission et sa réification! Ainsi, tout empire pousse jusqu’au délire l’exaltation de la civilisation qu’il se figure être et pour cela, il est dangereusement, excentriquement chauvin, agressivement envahissant. Il est diaboliquement, hégémoniquement civilisateur! Et c’est faisant de l’autre sa proie, en étant prédateur, qu’il civilise.

Les  civilisations étant de vastes prismes générés par les miroirs institutionnels tant physiques qu’immatériels, lesquels prédéterminent la rationalité et les fictions les plus loufoques des sociétés, l’on comprend que l’action d’un empire soit toujours teinté de folies grandeur, de psychopathologies liées au délire de mégalomanie et de mythomanie primaire! Où commence la raison et où finit le délire civilisationnel qui porte des humains à se croire autorisés d’envahir et soumettre d’autres humains au prétexte d’un droit sacré qui le justifierait?! L’activité impériale d’une civilisation nous en montre le chevauchement à travers l’écheveau de monstruosités rationnelles et irrationnelles qui en découle. Il s’agit précisément de construire la violence du vol comme idéologie pour dépouiller les humanités tombées sous sa conquête. L’empire n’est donc pas juste une puissance économique et militaire qui influence la politique internationale, non, car cela est légitime dans le jeu de force et de finesse de la politique interétatique, l’empire est une mégastructure systémique permettant l’expression systématique de la crapulerie criminelle d’un establishment économique et financier séquestrant l’État pour assouvir le pire bellicisme carnassier afin de broyer les pays et peuples qu’il vise à conquérir. C’est à la fois un prédateur conquérant, un parasite avide selon les circonstances, qui dévore tous ceux dont il s’empare! Plus qu’une propension, qu’une appétence, l’impérialisme est une rage des bas-fonds primitifs d’un establishment ne pouvant contrôler ses convoitises et ses bas instincts de dévoration d’autrui par le vol et l’infériorisation. Car sans infériorisation introjectée, nul n’accepterait à être colonisé. Pour un empire, convoitise et vol sont érigés en mode d’idéologie géopolitique!

L’empire - cette entité étatique expansionniste qui s’impose à des États indépendants dont il subvertit l’indépendance en dépendance masquée par la puissance financière et la dissuasion militaire desdits États ou conglomérat d’États qu’il séquestre est toujours utilisée par la classe de pouvoir qui s’en sert par sa procuration. N’écoutez jamais la canaille de service qui prétend que c’est l’État qui, anonymement, serait impérial, non, ce sont les classes du pouvoir. Car si ces classes veulent cesser l’impérialisme en changeant de politique, l’empire cesserait d’un coup d’exister en se transformant. C’est donc une classe sale et abjecte, criminelle et crapuleuse qui imprime à l’État sa nature impériale et assouvit par le biais de l’empire, son expression extrême, immonde, sa plus pernicieuse voracité dans les crimes de finance et de sang contre l’humanité. Une classe qui y montre son appétence criminelle contre l’humanité qu’elle perçoit comme proie, l’État impérial étant une bête invasive, avide qui tisse les toiles et pièges de sa conquête selon la cynégétique idéologique par laquelle il se définit. 

Un empire est, il ne faut jamais l’oublier, la manifestation obsessive et l’incarnation diabolique du désir d’hégémonisme imprégnant une oligarchie obsédée par l’expansion à travers la soumission d’autrui à tout prix. Désir obsessionnel, besoin abject d’effacer les hommes, les peuples et les pays pour la gloire de la structure étatique faite empire selon le délire de pouvoir de l’oligarchie impériale dirigeante! C’est la rage dominatrice érigée en mythologie d’une identité qui se glorifierait par la domination asservisseuse de l’altérité; une forme d’infantilisme sanglant manifesté par l’arriération d’adultes qui entendent s’imposer en étalant leur gestuelle du plus fort...

Avant de clore provisoirement le sujet, il nous faut ici conspuer Keir Starmer, l’actuel pm britannique qui - en déclarant que les ex colonies de l’Angleterre devraient faire montre de gratitude envers l’ex métropole -, a osé dire tout haut ce que pensent les colons et néoclons des vieux empires déchus mais maintenant les réflexes vivants de l’impérialisme colonial. Ah! Vraiment, Honte au premier ministre britannique Keir Starmer, honni soit son nom du milieu des humains pour sa grossière mesquinerie éhontée!

Ainsi selon la déclaration du pm britannique en plein 21ème siècle, ce sont les victimes des ex colonies qui doivent avoir de la gratitude pour la Grande-Bretagne qui les a asservies, leur a pillé leur bien, leur force de travail jusqu’à leur être, les ont traitées comme choses utilisables tout en gardant leurs ressources chez elle! Ainsi, si l’on prend un seul des faits criminels de l’Angleterre coloniale du 20ème siècle, cette fameuse famine, ce génocide par la famine qui a tué des millions d'indiens de l’Inde sous ordre de Churchill était une oeuvre civilisationnelle grandiose! Une probante preuve de la toxicité, de l’inhumanité, la monstruosité infrahumaine de l’impérialisme et de son néocolonialisme qui considère naturels ses crimes et crache supérieurement sur l’humanité des victimes qu’il piétine et égruge au nom de sa prépondérance et de sa grandeur suprahumaine.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2024

Politique de Reproduction

Les textes du Blog INTELLECTION peuvent être reproduits, en tout ou en partie, gratuitement, à condition d'indiquer clairement la source http://intellection.over-blog.com/, avec lien actif vers notre site. Dans le cas de la reproduction sur un support autre qu'Internet, la mention de l'adresse du Blog INTELLECTION (http://intellection.over-blog.com/) est exigée.

Tag(s) : #Monde du Concept
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :