Par Camille Loty Malebranche
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Si la barbarie sociale, ainsi que je l’ai spécifié dans un autre texte, émane toujours des civilisations au nom desquelles lesdites barbaries procèdent malgré l’antonymie dénotative et connotative qui oppose les deux termes, il n’est néanmoins pas nécessaire que le civilisé soit barbare car il s’agit de contingence historique née du mythe collectif et intériorisée malheureusement par certains individus dans le brut de leur représentation et parfois assumée par l’État au niveau idéologique.
Le ressortissant d’un empire n’est pas nécessairement impérialiste car il peut ne pas souscrire à une telle monstruosité venant de son pays. Toutefois, hélas, les nouveaux barbares sont « civilisateurs » et tout ce qu’ils érigent, c’est la sordidité d’un ordre grossièrement matérialiste où même les soi disant spiritualités pataugent dans le déni de soi au service des vénaux et des hégémons de la finance, des compagnies pharmaceutiques, pétrolières des rois de l’industrie militaire. Et le pire dans la civilisation ayant cours aujourd’hui, c’est le paravent diplomatique souvent utilisé derrière l’Onu et des organisations régionales pour agresser légalement par des sanctions de toutes sortes les États et les Nations. La géopolitique terroriste des puissances occidentales avec son chaos de sang et ses montagnes d’exterminations au nom de la démocratie, une démocratie rendue génocidaire de peuples sans omettre la terrible arme des sanctions déstabilisatrices empêchant le fonctionnement institutionnel d’États pour le bien des populations que ces sanctions affament, est, sans doute, la plus cruelle, la plus inhumaine, la plus paradoxale déviance imprimée à la civilisation! Le crime d’État se maquille désormais en droits humains et l’hégémonie s’accoutre en intervention humanitaire…
La barbarie ne prendra fin ni même ne reculera que si les sociétés se débarrassent des points ténébreux de leur identité immanente à leur mythologie fondatrice mais aussi de l’appât de la domination et du gain sans oublier cette tare socialement ancrée à vouloir dominer pour se sentir supérieur, centre du monde plutôt que de penser à un rapport de partage où la grandeur visée traverse horizontalement l’espèce plutôt que situer les uns par la violence faisant des autres leur marchepied. Là, il y aura toujours des grands et des moins grands mais pas selon un plan macabre de freinage et d’assujettissement...
Instaurer par la réflexion et l’élévation de penser, un appel au recul qui permettra la rationalité altruiste contres bas instincts de domination et de prédation avec leur rationalité monstrueuse, monstrueusement égoïste de classe, par une éducation radicalement et révolutionnairement différente de ce que la société clivée à l’excès orchestre idéologiquement comme écrasement de l’homme par l’homme fait du monde, doit être le nouveau but à atteindre pour tout ami de l’humanité et de l’émancipation des humains.
La pire des barbaries de notre temps est la réduction de l’homme en valeur comptable à travers la fonction productive du jeu de la consommation. La pire des barbaries de notre temps, c’est l’exclusive tyrannique dictature de la réduction de l’humain à l’économique. Une réduction telle et si réussie que la plupart s’évaluent eux-mêmes uniquement comme chose marchande, valeur numéraire. Le barbare est celui qui, au nom de l’ipséité, croit avoir le droit de traiter grossièrement et indignement l’autre sans que cet autre ne lui ait porté aucun préjudice objectif. C’est la brute si abrutie en sa subjectivité bête et méchante, qu’elle s’imagine que c’est son droit de projeter sa salissure sur l’autrui qu’elle prend pour cible de ses haines irrationnelles ou ses intérêts mesquins et sordides.
Le barbare cultive l’ignarerie de la grossièreté brutale voire carrément criminelle qu’il justifie par la civilisation lui servant de prétexte à sa bassesse de pensée et d’action.
La barbarie est la posture du déshumanisé agressif opportuniste dans sa déshumanisation qui voit la gloire dans ce qui est plat et abject pourvu que cette déshumanisation sociale collective soit acceptée voire louée, parce qu’adopté par l’indolente grivoiserie des populaces idéologisées. L’infamie idéologique de l’institution sociale appuyant pragmatiquement n’importe quelles bassesses ou aberrations payantes, populaires dans un monde méchant et bête dans ses choix, constitue, en vérité, une base solide aux barbaries individuelles et grégaires.
Dans la cohue des multitudes de la société, la manifestation du pouvoir est presque toujours celle de la force du dominant et de l’institution de la violence structurelle imposant des injustices et iniquités systémiques de classes et de personnalités à travers toutes espèces de brimades des droits par des privilèges immondes. La barbarie est partout où la société humaine inflige des maux évitables à ses membres. La pauvreté, les privations de toutes sortes et toutes formes patentes ou voilées d’exclusion injustes sont des fulminances de la barbarie. La barbarie est dans la nature sociale même des hommes et provient de l’égoïsme agresseur et prédateur où le débordement de l’ego individuel ou grégaire tend à effacer l’autre pour en faire le marchepied du plus fort. La barbarie est tellement sociale que les individus finissent par la considérée comme normale!... Les sociétés humaines sont si ignoblement iniques, si sordidement injustes que l’on finit par oublier que d’innombrables misères humaines sont strictement des misères sociales, des misères orchestrées par l’organisation sociale et instituées par le pouvoir légitimé par le grand nombre tout comme celles façonnées par des pays dominants contre d’autres sur la face inhumainement maculée de la planète! Et c’est sans doute l’horreur la plus communément légitimée et convenue, une horreur « normale » au regard indolemment aberrant des multitudes complaisantes, plus ou moins aliénées qui composent les nations. Une horreur qui, pour être tant répandue, ne cesse guère, toutefois, d’être répugnante et révoltante par son ignominie, son inhumanité méphitique, infecte, déshumanisante...
Les barbares structurels (médiats) du pouvoir, qui orchestrent un ordre géopolitique infligeant aux pays d’un certain sud, toutes les misères de la pauvreté avec toujours la menace d’interventions militaires capables de rayer ces pays de la face du monde; les barbares qui effacent des nations entières à causes de leur ethnie, de leur position géographique, de leur mode d’organisation sociopolitique sont des monstres discrets, pires que le coupeur de tête, même si la barbarie immédiate de ce dernier est plus clinquante.
Alors que plus qu’auparavant, la civilisation titube dans les abominations extrêmes du capitalisme qui dévore au moins les deux tiers de l’humanité et que se profilent d’autres barbaries diluées dans toutes sortes de résurgences immondes telles celle du racisme avec réintroduction de la race après l’obsolescence du terme réhabilité, alors que les extrémistes religieux envahissent les moindres recoins et que le sexualisme étend son idéologie dans les écoles pour déformer jusqu’au sens du genre dans les curricula scolaires, il est temps que l’homme d’aujourd’hui fasse une halte pour voir sa déshumanisation pernicieusement barbare et reprendre la voie de l’humain contre les indolences complaisantes, l’ignominie de ses barbaries convenues!
Les sociétés humains portent toutes la marque des misères de l’homme comme être très imparfait, limité et comme moules de construction reflétant autant les grandeurs que les ignominies non élucidées telles pour être éradiquées et donc auxquelles les membres et classes des sociétés se complaisent indolemment et ténébreusement; par la culture qui en font des civilisations, les sociétés orchestrent la hauteur et la bassesse, et l’ascensionnel y côtoie de multiples bas-fonds car la hauteur n’y est point étrangère aux abysses les plus sombres, les plus macabres.
La barbarie sociale commence dans la flatterie de l’ego collectif divinisé et qui s’étend dans une forme d’hypertrophie identitaire pour justifier les pires défauts de la collectivité mystifiée au nom de l’ethnie mythifiée et de l’histoire sacralisée.
Les civilisations sont des espèces de matrices tératogènes, des parturientes de monstres, des moules de la plupart des formes de monstruosité, et, en érigeant tout mal probable sous la justification idéologique, tels les crimes nationalistes, les excès moralistes du social, les barbaries s’enracinent et décomposent lesdites civilisations en rendant bêtement barbare le civilisé trop pétri de la supériorité propre à sa rationalité civilisationnelle.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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