Par Camille Loty Malebranche
La déification est en soi une propension naturelle de l’esprit et donc une potentialité métaphysique de l’homme. En aucun cas, l’homme animal ne se déifie, et ce n’est que par la conscience avertie et fine de sa propre condition que l’hypostase qu’est l’esprit, emprunte la voie terrestre de sa déification que constitue cette vie. Toute vie menée hors de cette perspective déificatrice est une parfaite gageure, un gaspillage de la vie, une gabegie existentielle.
Déjà, au stade que je dirais réflexe de son essence culturophore, l’homme, en refusant l’animalité, tend, même avant la conscience métaphysique que nous évoquons, à se déifier par sa visée à l’infini! Et, c’est normal, puisque la vraie nature humaine par delà la chair et le sang est à l’image de Dieu. Néanmoins, toute déification qui s’oppose à la voie divine et veut jouer les voleurs de feu à la Prométhée ou usurpateur du pouvoir divin comme lucifer se fourvoie dans la dénaturation et la damnation immanente à la démesure de son délire, sa démence. L’homme ne doit jamais négliger de transcender la bassesse ténébreuse des pulsions, ni sous-estimer la pernicieuse force de ses propres faiblesses, lesquelles ne sont dominables que par la foi!
Force est de remarquer que le feu divin est déjà conféré aux hommes à travers l’intelligence, la raison et toutes les victuailles du bon jugement et de la compréhension et de la créativité que Dieu nous dispense en facultés naturelles de l’esprit; et, ce n’est précisément que par ignorance de la lumière de ce feu que l’homme altère tout et préfère soigner les lumignons sombres, fuligineux de ses propres errements! Car le feu incompris en sa finalité d’abord spirituelle ne peut qu’incinérer et détruire la nature humaine à travers la pensée et l’action dénaturée.
La foi surclasse les catégories de la subjectivité et de l’objectivité, elle est l’assumation de la condition immatérielle conduite selon la fin de l’homme comme être au monde. Et, pour le croyant au moment même de projeter la fin envisagée, celle-ci est déjà accomplie quoique à venir, car le foi voit vit la fin en Dieu en qui il les risque du temps n’existent point! La foi trône comme champ de l’éprouvement strictement intérieur, intuition de l’immatériel; et, en aucun cas, son essence qui appelle la certitude ne se soucie de la démonstration objective. Sa sensibilité supérieure est celle de l’intangible. Elle est indémontrable et exclut le champ de l’évidence. Si elle est montrable, c’est seulement en tant que manifestation de la conscience supérieure imprégnant l’esprit. Elle est le tremplin intérieur de l’esprit vers les cieux de sa vérité immatérielle, incernable à la mensuration.
Tout le drame de l’accomplissement de cette déité tient dans sa mise en route du soi. Refuser la bêtise de vouloir être dieu sans Dieu qui a fait tant de déchus pour accomplir son être intérieur, telle est la voie.
Jésus n’a-t-il pas repris cette vérité à ceux qui lui reprochaient de se dire Fils de Dieu, lui, dédaigneux de leur misérabilisme, qui leur répondait : « N’est-il pas écrit que vous serez appelés des dieux? Est-ce à moi que Dieu a sanctifié que vous osez reprocher de m’appeler Fils de Dieu »? Force est ici de comprendre que nul n’est au stade du Christ, Verbe Incarné et qui porte en lui la divinité du Verbe de Dieu avant toute la Création, car le Verbe est immanent à Dieu et est dès le départ, Dieu Créateur, Incréé. Néanmoins, Jésus nous rappelle notre participation comme esprit à la nature divine qui a donné naissance et être à tout étant spirituel, car l’étantité spirituelle de tout esprit porte l’essence de Dieu dont il vient. Mystère, soit, mais nous pouvons voir l’effet de la dimension spirituelle par delà la chair et le sang quand nous observons les aspirations totalement étrangères à la chair que porte l’être humain. Et, comme je le dis toujours, telle une baignoire d’eau de mer a toutes les caractéristiques naturelles de l’eau de mer mais certainement pas ses grands pouvoirs d’héberger des monstres marins, d’être navigable, d’avoir des vagues, des marées, de provoquer en certaines circonstances des tsunamis. C’est la différence d’envergure qui rend improbable et inacceptable la déité de l’homme tellement visiblement faible, fragile et mauvais dans les faits ici-bas, à la simple raison et sa rationalité superficielle. Cela vient également de la déchéance. Car les grands esprits proches de Dieu, ceux que l’on nomme couramment les bons anges, les anges fidèles, loin des malpropretés de mauvais esprits déchus comme satan, l’excrément des abîmes, les anges sont de grands manifestants de la déité des esprits gardant leurs prérogatives originelles. Ils sont limités mais leur envergure infime par rapport à celle illimitée de Dieu, est quand même formidablement remarquable si nous nous référons à des expérimentateurs de leur présence comme Jean de l’apocalypse évoquant sa vision de l’île de Pathmos.
Amour de Dieu
Dieu obéit à l'Amour, son Amour, il s’obéit car l’Amour est son propre principe; il nous a créé pour vivre avec lui dans l'amour, vivre avec lui l'amour; quiconque ne le comprend, n'est qu'une ombre, qu'un mort errant!
Le principe de l’amour est le principe spirituel suprême de la foi accomplie, principe par lequel nous nous déifions.
L’amour a été au fondement de la Volonté décisionnelle de Dieu de créer, de déterminer, cet acte éminemment divin par sa caractéristique, la Création que Dieu tire de lui sans matière première, sans matériaux ni modèle. Création improprement dite « ex nihilo » dans la langue profane de l’homme car aucune matière première de signifie point le néant et un Créateur ne saurait exister en même temps que le néant. C’est pourquoi il faut aimer le Créateur et aimer l’amour qui est la motivation suprême de l’acte de création.
L’esclave mental, nous l’avons dit ailleurs, est si aliéné qu’il ne peut respecter quiconque car trop sale, trop bas pour apprécier la grandeur d’autrui ni même aucun principe supérieur qui le dépasse, seul l’homme vraiment libre peut apprécier et aimer sans bas intérêt ni bas instincts de mesquinerie mais par aptitude à considérer.
La déité est le destin offert à l’homme en inscription immanente dès sa création par l’essence spirituelle qu’il porte comme créature spéciale de Dieu, c’est pourquoi nous parlons de la vocation, car une vocation, c’est toujours une offre à la différence d’un pur destin lequel n’est jamais que fatalité.
Dans un monde de claustration dans le carcan ténébreux du sensible, monde d’idolâtrie de l’utile et du rentable où l’animalité est obvie car seuls l’animal et les sottes gens à l’intelligence animale s’abaissent exclusivement à l’utile - (au manger au boire et à l’assouvissement) - vouloir s’élever en tant qu’esprit vers la déification en Dieu dispensateur de l’essence même de la déité par sa transmission aux créatures spirituelles demeure lettre morte, propension inimaginable pour l’écrasante majorité de l’espèce!
Nous y reviendrons
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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