Déification de l'homme, une culture permanente de l'esprit en sa vérité

Par Camille Loty Malebranche

Dans un monde de déchéance métaphysique et civilisationnelle de l’homme, dans un monde où les déshumanisations sont légion, où les multitudes, pareilles à des légions de marchandises, se prostituent pour quelques faveurs et privilèges, telle une traite infâme où les vendus s’offrent eux-mêmes pour leur macabre condition, rarissime est l’idéal de déification par la vraie foi spirituelle dans l’amour fusionnel avec Dieu, fusion où l’homme manifeste la gloire de Dieu qui l’habite et qu’il porte consciemment en lui!

La déification de l’homme est aussi la proclamation exaltée irrépressible du Bien absolu en Dieu où aucun mal ne saurait exister; C’est le chant impérieux de la Vie par le croyant qui sait que Dieu a créé la Vie, l’Homme Vivant et que jamais, en aucun cas, il ne façonne le vide, le néant ou le non être... 

À celui qui croit Dieu en sa miséricorde, son amour sans limite et sans ombre donne de rester ferme et persévérant malgré l’instabilité de ce monde de vicissitudes de toutes sortes car c’est Lui qui nous purifie de nos propres misères de peccabilité, nous sanctifie loin des relents immondes du mal et finalement, nous fortifie pour nous faire dominer, régner au-dessus des faiblesses mentales et charnelles de la condition terrestre. Cette condition d’homo viator où, d’une part, le méchant tend ses pièges à notre cheminement temporel; où d’autre part, nos propres pulsions pourraient nous faire tomber et provoquer notre perte.

L’homme tend à la déification par manifestation intrinsèque de son éprouvement de l’esprit qu’il est et qui sait, en deçà et au-delà de tout discours, de toute explication rationnelle, qu’il est intimement esprit malgré toutes les misères et banalités d’ici-bas, ancré par nature dans la nature divine de son Créateur. Déification de la Créature inscrite dans la descendance de la nature divine et non seulement œuvre démiurgique sans rapport à l’essence spirituelle de Dieu. C’est pourquoi, il est trois grands péchés de l’homme contre Dieu : l’athéisme qui nie l’existence de Dieu; l’impiété qui est le mépris de Dieu; l’idolâtrie qui constitue l’adoration d’un autre être que Dieu. Dieu qui, faut-il l’expliquer, n’est pas abstrait mais un concret intangible de la vérité intérieure de l’homme tout comme il est le Créateur objectif immatériel des mondes immatériel et matériel.

La déification est la transfiguration de l’esprit de l’homme qui fixe son regard sur Dieu au point d’avoir son propre être fixé sur l’être de Dieu par une espèce d’amour fusionnel, amour fusionnel déifiant telle une théurgie métamorphosante, une énergie active et réactive opérant la communication de la déité propre au milieu divin où réside l’homme de la foi. 

Il n’y a pas d’alchimie métaphysique à pourvoir transmuter la poussière inerte en plénitude vivante éternelle, il n’existe point de thaumaturgie pour transmuer la bassesse criminelle en valeur civilisationnelle ou idéal entéléchique. Seule la Foi y parvient. 
  

Notre prière à Dieu pour la déification 

Dieu, toi qui fais de ma vie ton royaume, de mon corps ton temple vivant, je te contemple, toi le Créateur et seul Seigneur de ma vie. Toi qui veux que l’esprit que je suis et que tu as fait à ton image, s’accomplisse en sa substance, donne-moi de toujours être ton hôte digne, ton adorateur permanent, en esprit et en vérité, ton interlocuteur d’esprit à esprit; Fais que je vive en tout instant, la sensation de ta présence, que je sois toujours conscient de ta présence indéfectible, ta grâce totale infrangible en ma faveur. Donne-moi, Seigneur d’être par ta grâce toujours avec toi en mon conscient et mon subconscient. Fais que ma conscience soit toujours spirituellement éveillée à ton univers immatériel et intangible. Donne-moi, mon Dieu, de toujours rester avec toi, car toi, je le sais, tu restes toujours avec l’homme de foi et n’abandonne jamais les tiens. Mon Dieu qui soupire après la réponse positive de l’homme que tu appelles à être à la foi en toi, car la foi est l’unique et exclusive manière d’être à toi; Dieu qui veut, de tout amour, de toute ton appétence divine être avec moi, donne-moi, Seigneur, en ce monde du sensible où le primat de l’immédiat de la matière est comme une caverne ténébreuse qui éclipse l’esprit, donne-moi la lumière intérieure de te voir et d’être toujours avec toi par le rapport médiat de la Foi qui dépasse le sensible. Car toi, tu es déjà fidèlement avec moi pour me transmettre ta gloire, ta déité! 

Sois le penseur-acteur de ta déification par la Foi, cet effort en spirituel ancrant en Dieu, Démiurge Suprême et Unique de la Création, qui s’est transmis en toi en te communiquant son être et sa substance. Et, en voulant renverser Dieu et laisser vide son trône comme le prônait Stirner, les hommes ont oublié de détruire la seule autorité sale et injuste - celle du vrai Dieu étant toujours juste et salvatrice au plan métaphysique - de leurs pairs soi disant élites qui les font moins que rien par la finance et l’idéologie.   

Apprends d’abord à être avec Dieu sans Trompette ni faste cérémoniel car si les cérémonies et les rites sont pour toi une manière de manifester ta foi, quelle vanité abyssale, quelle vaine inanité serait que tu les pratiques sans être d’abord tout à Dieu au fond de toi, si tu n’as pas accueilli Dieu en toi pour vivre avec lui dans l’amour fusionnel de l’esprit que tu es avec Lui, l’Esprit en qui tu dis croire! Les cérémonies sont des ostentations utiles pour certains selon leur sensibilité, et cela est totalement bon à cette nuance près, elle ne doivent jamais être substituées à la vie intérieure de la Foi; Les cérémonies sont bonnes mais facultatives et le seul principe suprême indispensable de la vie avec Dieu est la Foi comme Amour intérieur, vie spirituelle Intime avec Dieu en Esprit et en Vérité. Prends garde toujours que les rites et cérémonies ne te détournent de Dieu ne dévie ton culte du royaume de Dieu qui est en toi et que tu es; prends garde que la religion extérieure rituelle et cérémonielle ne dilue dans la bruyance des mots et cantiques incantatoires ou ne dissipe dans l’ostensoir des décors, l’unique vraie religion qui soit, ta conscience intérieure et vivante de la vérité présente du Dieu vivant au fond de toi. N’imite jamais la vacuité vaniteuse, la gestuelle hiératique de ces prêtres et pasteurs qui crient le nom de Dieu pour leur propre règne mesquin, pour instiller leur facticité spirituelle, leur croyance vide, désubstantialisée et leur mascarade à des ouailles zélatrices qui les suivent et les singent! 

Le véritable visage de la nature spirituelle de l’homme, lorsqu’il s’exprime, le propulse immanquablement vers la plénitude du Seul vrai Dieu qui l’a fait à son image et à sa ressemblance comme marque de la vocation humaine à la déité par l’ancrage, l’enracinement en Dieu! La déification de l’homme est une ascension vers la plénitude inatteignable de l’Esprit Créateur et Père, son origine.
 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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