P ar Camille Loty Malebranche
Force est de constater que parmi les êtres de la temporalité de la matière, Adam fut le seul à avoir conscience de l’infini et de la déité; lui seul porte en soi la destinée d’être intemporel selon la condition inhérente à l’esprit qu’il est par delà la chair et le sang. Il n’avait pas d’habit mais n’était pas spirituellement nu. La nudité adamique est un état de conscience indigne, car c’est avant tout l’allégorie de la vulnérabilité métaphysique, la catastrophe de l’incohérence mentale, la ténèbre conscientielle, ténèbre ordalique par la violation volontaire de la vérité malgré l’enseignement divin; c’est la condition de l’esprit privé de vérité par le scepticisme et l’obstination de ses propres fantasmes, propres errements intellectuels et ses aberrations spirituelles. C’est le vide de l’esprit en la conscience de son être propre par indolence métaphysique ou par le doute qui dérive en désobéissance aux prescriptions divines.
Ainsi, Adam manifeste par le péché, la déficience conscientielle de l’esprit incapable de penser et inapte à se diriger par lui-même, lorsque l’homme délaisse les prescrits divins. Et c’est pourquoi, c’est à la légèreté du laisser-faire la chair et les sens qu’il s’est fourvoyé, lui qui pourtant était averti par le Seigneur. Et, comme lui, ils sont légion, ces déficients conscientiels au niveau spirituel, des légions de légions d’hébétés car sans la foi en Dieu, inaptes à assumer la vérité de leur nature véritable noyée, effacée dans les bas-fonds abyssaux de leur mollesse. Eux qui pataugent aux abîmes de leur refus du sens qui les interpelle, et qui préfèrent caresser leur indolence débile, leur vacuité de volonté, leur mauvaise foi autodestructrice.
Adam est le spécimen originel de la dénaturation métaphysique, la manifestation de la déchéance de l’esprit incarné qu’est l’homme, qui nie sa quiddité spirituelle et s’abandonne à la platitude de la chair par son inaptitude à voir et vivre la lumière divine inscrite en sa nature, sa condition d’esprit sorti de Dieu, qui le rendrait Fils de Dieu assumé.
C’est cette inaptitude métaphysique à voir la lumière que symbolise la nudité d’Adam, un Adam-créature-divine supérieure mais non encore parvenu au stade de Fils intégré, accompli de la famille spirituelle de Dieu! Et c’est pourquoi tous, nous devons par la foi en Christ, retrouver notre nature originelle d’esprit, nature spirituelle semblable à celle de Dieu et de ses fils dont nous sommes. Revêtir la vérité de notre essence, car c’est l’abandon de cette vérité principielle, la substance de son essence spirituelle qui dénude l’homme et le voue à la déchéance, la honte de s’être lui-même, dégénéré au stade de misérable dans l’être. La nudité d’Adam d’après le péché, est la marque de la misère ontologique du pécheur, la pauvreté existentielle, la désastreuse condition de déréliction et de vacuité dévorante de l’homme sans Dieu, qui ne vaut que la poussière du sol, cette insoutenable bassesse du lombric gigotant dans la boue du terrestre loin de la gloire céleste dont seul l’esprit est hypostase dépositaire parmi les dimensions humaines.
La nudité qui se maintient malgré l’habillement de gloire, offert à tout esprit, qu’est la connaissance de Dieu, est une abomination, car il s’agit pour l’homme de refus abject de grandir et d’être dans l’authenticité de sa propre nature spirituelle. L’homme n’échappera à la mort à soi qu’en retournant à la source. L’on sait qu’Adam, pécheur, se verra confectionner par Dieu même, une tunique de peau, symbolique malgré son apparente banalité, dont lui et sa femme se couvrirent; car ce fut le premier signe de rédemption offerte car l’homme en rupture avec Dieu, sauf miséricorde de celui-ci, ne peut échapper à la déchéance! C’est pourquoi, quand il se présenta à Dieu, c’est le Seigneur Dieu dans sa bonté qui l’habillera.
L’homme n’échappe à l’abaissement que par la rédemption qui vient de Dieu. Donc, Dieu, plein de munificence miséricordieuse tendit au premier couple humain, des vêtements de peaux dont il les revêtit comme un Père. Là, l’on imagine le symbolisme de la peau animale avec la nécessité de l’effusion de sang préfigurant le sang versé du Christ. Car c’est le sang de Jésus-Christ qui annihilera le dernier ennemi de l’homme qu’est la mort - cette nudité ultime où l’homme n’est plus rien - lorsque Christ, par sa résurrection, fera mourir la mort, noyant à jamais pour le croyant, la mort dans la vie éternelle qu’assure l’omnipotence divine selon la Bonté infinie de Dieu accordée dans le sacrifice christique. Notre seul vêtement de gloire contre la nudité d’un monde vide malgré sa surcharge matérielle, c’est la Foi et sa vie selon l’esprit où Dieu nous sanctifie et nous accorde la Rédemption. La Rédemption, libération spirituelle, soit dit en passant, détruit tout esclavage qu’il soit politique ou théologique par la religion. Car le Dieu qui interdit le vol de ce que l’homme a lorsque cet avoir est légitime, ne saurait permettre l’esclavage qui est le vol de ce que l’homme est.
Là où le péché et l’infâme attraction du charnel psychologique pousse l’homme loin des fruits de l’esprits tel un arbre privé de sa floraison vivifiante dont les fleurs mort-nées, éteintes, ne sont que nudité létale, frappées d’inaptitude à la fructification, la rédemption christique opère la métamorphose et puissance vitale de la réhabilitation spirituelle qui porte des fleurs vivantes et une fertilité luxuriante en fruits spirituels par delà la chair et le sang.
La rédemption offerte à Adam, c’est la spiritualité yahvéenne, celle que le seul vrai Dieu qui s’est lui-même nommé Yahvé à son apparition à Moïse, octroie à l’humanité et accomplira en Jésus le Christ. Le revêtement de la gloire après la chute, est une œuvre que seul Yahvé a le pouvoir d’accomplir en sa déité, sa souveraineté divine de Créateur Décideur. Lui qui élimine et prévient tout mal pour ceux qui croient et espèrent en Lui.
Du reste, n’est-il pas logique que seul le Créateur puisse choisir de redonner la vie à ceux qui ont encouru la mort par déchéance spirituelle pour avoir manqué de foi, cette omnipotence divine, ce bouclier invincible contre tout mal!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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