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Par Camille Loty Malebranche

 

La finalité logique et morale de toute action sociale et à fortiori de celle qui s’inscrit dans la politique comme mode d’orchestration suprême de la chose sociale et d’administration du vivre ensemble collectif, est de niveler par le haut, l’homme et la nation. Il est, d’ailleurs, en l’homme une forme de préconception intuitive du bien, une sorte d’immanence morale sensualiste en notre sensibilité métaphysique. La politique se désavoue et se désubstantialise quand elle patauge dans la saleté idéologique de quelques-uns qui en font un abîme contre les valeurs authentiques de l’humanité. Ce n’est certainement pas d’abaisser la nation à des monstruosités telles le bellicisme, le nationalisme, mais de l’élever pour la grandeur vraie pour que tout ce qui est possible pour rendre l’homme plus humain et plus heureux, meilleur dans ses rapports avec soi et l’altérité soit mis en place dans l’action publique.

Pour élever l’homme de la cité, le fameux homo civilis appelé des vœux de toute société dite civilisée pour avoir conjuré les ignominies de la barbarie, il faut, par exigence de cohérence, s’employer à faire la politique comme un humanisme collectif - ce qui est d’ailleurs, sa seule vocation digne et morale. Car si la politique n’élève l’homme au moins en vrai citoyen effectif et accompli sans asservissement par l’État et d’autres forces obscures utilisant l’État, elle patauge dans le déni de sa vocation et est entachée d’inanité et d’abjection.

Niveler vers le haut, c'est-à-dire concevoir et créer le meilleur cadre possible à l’émancipation pluridimensionnelle de l’homme. Émancipation pluridimensionnelle perçue comme fin de toute action politique où enfin la personne humaine peut vivre sans freinage idéologique, sans instrumentalisation de son être pour des intérêts mesquins d’une lugubre ploutocratie de droit divin dans une société sans déviation des facultés et talents individuels au service des méfaits du pouvoir. Une société où l’homme est traité pour lui-même et la communauté plutôt que pour les vœux obscurs, obscurantistes des élites sordides et de idéologie de classe. Tout ce qui instille la turpitude dans les mentalités et ravale le mental en déshumanisant les masses, tout ce qui détruit le bien-être matériel et menace la dignité temporelle des populations par la paupérisation et la misère, est un crime contre les peuples, une déviance abjecte de la mission de la gouvernance politique; c’est de fait, une félonie ignoble des préposés élus ou nommés, dûment engagés et payés, pour être au service du bien commun. Quand les dirigeants n’ont comme volonté suprême que le contrôle de l’opinion publique, il faut constamment niveler vers le bas la pensée collective, en standardisant l’idéologie officielle.

Le but originel de la vie sociale qui est culture, c’est de rendre effective l’humanité que porte l’individu, individu qui se fourvoierait dans un strict figement de son être s’il n’avait l’autre vers qui se dépasser! Ainsi l’autre est-il toujours complice de l’accomplissement individuel. C’est pourquoi lorsque la société, cette mise en contact des altérités devient un lieu paroxystique de mascarades d’interactions fausses où tout est simulacre pour la prépondérance de classe de quelques-uns, l’humanité de la plupart des individus se perd car privée du vrai rapport avec autrui, sa terre d’enracinement, son tropisme d’humanisation. Car l’autrui se dégrade et dégénère dès qu’intervient la classe et sa domination qui écartèle les vraies relations humaines.

La classe, dès qu’elle est fondée et intervient dans les rapports humains, nivelle l’homme vers le bas en rabaissant ses élans de grandeur interindividuelle par l’intrinsèque pour lui appliquer la facticité d’une assignation artificielle, d’une dimension controuvée de faux dépassement que crée de toute pièce, l’idéologie. C’est pourquoi la société de classes est haïssable car elle tue la vérité de la dimension sociale de la nature humaine. Et, perdu au milieu des flots des aberrations idéologiques, l’homme n’est même plus un individu mais une fonction réflexe, une sorte de programme dans l’automation structurelle du système politico-économique.

Pour dominer, les élites transforment les instituions d’éducation en lieu de dressage idéologique où la praxis est programmée sans laisser la capacité de recul des masses prise au piège d’un mode de réflexes préfabriqué. L’on comprend alors la face pitoyable des sociétés soi disant démocratiques où la souveraineté populaire est réduite au prétendu choix électoral que représente le bulletin de vote avec tous les désenchantements, toutes les déceptions qui s’en suivent pour les votants qui voudraient bien croire à leur pouvoir de choisir! Car leur choix sitôt fait est vite défait car altérés, piétinés dans la facture opaque des actes politiques de leurs élus.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE   

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Tag(s) : #Monde du Concept
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