Incohérence perceptive de la violence dans les sociétés humaines...

Par Camille Loty Malebranche 

Les hommes ont beau brailler, se lamenter contre la violence, je désigne ici la violence agressante ou létale - car il est, comme je l’ai expliqué dans d’autres textes, une violence toute vitale et donc admirable - je dis que la violence des civilisations, la violence exterminatrice des uns envers les autres à travers l’histoire et dans l’actualité, fait inavouablement, hypocritement partie des codes de l’honneur, ô, sinistres codes d’honneur et de grandeur des sociétés humaines et de leurs ressortissants y voyant le moyen de dominer ou d’affermir leur prépondérance sur autrui!

Un animal sauvage, agressif qui mime la paix mais ne la respecte que quand il est dissuadé et forcé de se tenir à carreau, tel est, fors quelques rarissimes exceptions, l’homme de la civilisation qui, dans ce contexte, s’avère surtout être l’animal humain, soi disant civilisé, qui n’a point dépassé les réflexes primitifs de son passé sylvestre! L’homme, sauf quelques saints marginaux, ne croit, hélas, qu'à la domination violente de son semblable! 

L’Histoire est claire, ce sont par-dessus tous les autres qui se refusent à la conquête par la foi en l’homme et au-dessus de tous les hommes paisibles non portés à l’agressivité de la soumission d’autrui par respect de l’humanité, les brutes, les protagonistes de la prédation de l’homme par l’homme, les exterminateurs qui se font craindre, que les civilisations et les foules des multitudes célèbrent! En général, l’on ne magnifie jamais que les rois, les empereurs, les généraux, ceux qui soumettent par l’épée, le feu, la famine et autres terreurs, leur victoire et leur prépondérance dans l’effusion de sang et la conquête ou dans l’humiliation asservissante, annihilante de l’altérité. Et, nous le voyons, la prétendue domination du monde va de préférence aux cuistres étalant leur fortune happée par la haute finance prédatrice, les politicards propagandistes les plus frustes, qui savent régner par la guerre et la violence! Même le prix Nobel de la paix en est une illustration ostentatoire. Plusieurs de ses lauréats sont des bellicistes qui, après avoir copieusement tué et massacré, le reçoivent pour avoir arrêté des guerres qu’ils ont eux-mêmes provoquées! Les foules médiatiques les aiment tant, qu’elles les héroïsent et déifient au point de considérer leur essence comme supérieure à celui des humains! La violence des ancêtres des actuels rois, aura donc transformé leur lignée en une sorte de panthéon vivant, tant leur dynastie est idolâtrée! Même le dernier minable de leurs descendants, est prince ou roi que les hordes dites sociétés humaines consentent à continuer à magnifier au présent jusque dans leurs plus extrêmes dépenses somptuaires d’aristocrates que lesdites sociétés, des plus riches aux plus pauvres de leurs ressortissants s’empressent de financer, même au prix du sacrifice, même en temps d’inflation et de crise économique, par leurs taxes et leur dévouement!  

En fait, les populaces innombrables du monde n’aiment que la poignée des violents, qui les domine telles des bêtes de somme, en leur faisant brouter l’herbe d’une fausse appartenance à l’ordre de leur propre sujétion!

En vérité, l’inaptitude à s’estimer eux-mêmes porte les misérables foutriquets de la grande plèbe planétaire à s’identifier aux violents qui leur infligent l’expropriation même de leur être systémiquement réifié parce que ceux-ci sont forts et riches! Hélas! Des multitudes populacières s’associent abjectement à leurs bourreaux bien-aimés pour combattre les esprits libres dont la seule faute est de croire à la dignité d’esprit, d’être contre l’ordre des idoles sacralisées pour leur violence! En vérité, l’individu ordinaire, le fameux monsieur tout le monde, l’écrasante majorité donc, comme une cohue débile, masochiste qui perpétue ses propres tourments, est ébloui par le crime décoré de parures institutionnelles; car le crime le plus odieux devient épopée dès que les formes de la gloire s’en mêlent!

Ainsi, au macabre théâtre des ignares vastement majoritaires, l’arbitraire abject, le crime du pouvoir par les biens et apparats mal acquis, criminellement conquis, est exploit fascinatoire dans la perception hébétée des foules, la logique introjective, sale et abyssale des anthropomorphes heureux de la servitude mentale! Et, bizarrement, bêtement, la victime qui hèle contre l’abus subi des excès de l’autre, le plus souvent, se transforme en excessif et bourreau, une fois devenu le plus fort dans cette sinistre adhésion à la prépondérance par la violence!

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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