Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Par Camille Loty Malebranche 

 

L’abnégation, cette forme de silence de soi éloquent de la grandeur mentale, est en relation ou interaction humaine, un art de transcendance de la bêtise de l’autre. L’abnégation est donc évitement de situation, où agir en réponse à la bassesse de l’autre, pourrait se révéler contreproductif. Malgré sa sérénité, son apparente bénignité, l’abnégation bien orientée est une stratégie pour cheminer vers la victoire sur l’adversité, et, en aucun cas, elle ne peut être abdication du vouloir ni petitesse devant l’injustice, ni sacrifice de la souveraineté d’action pour pulvériser le mal et son infâme importun; c’est donc pourquoi elle ne saurait signifier la renonciation au droit de réplique ou le renoncement par dépit, à un noble but poursuivi. En aucune circonstance, l’abnégation n’est synonyme d’abandon du bien ou d’un idéal juste.  

 

Jamais en aucun cas, l’abnégation n’est ni négation ni humiliation de soi. Au contraire, c’est une manière supérieure d’imposer sa hauteur au milieu des platitudes endémiques de la populace de toutes classes et catégories qui jalonnent les pavées et coulisses de la vie sociale. L’abnégation sait donc quand rompre le silence pour expédier les minables agressifs et les innombrables ignares arrogants fonctionnels, les arrivistes exhibitionnistes, les manants complexés qui, hélas, infestent et éclaboussent souvent l’humanité! Le calme sitôt perdu et vite retrouvé selon la prégnance de la maîtrise de soi, est une caractéristique forte de l’homme de l’abnégation. Il connaît la supériorité de ses valeurs et la précellence de ses voies face à celle des multitudes et il se rit du succès des banalités dans un monde vulgaire au jugement malsain et indigne. S’affirmer par l’éloquence de la sagesse sans jamais abdiquer, est l’art de la juste abnégation expédiant ce qui serait dilemme au néant pour proclamer les valeurs supérieures de l’esprit contre ce qui amenuiserait l’éclat en telle circonstance délicate.

 

Quand vient le comportement indu voire abject de l’autre, l’abnégation de l’homme se transforme en mépris et hauteur sans s’interdire de se défendre de manière symétrique. Toutefois, si cela ne vaut pas la peine, le silence d’abnégation et non de couardise ou de flatterie, est parfois le plus efficace outil pour désarçonner l’importun d’en face, le minus agité. Par ailleurs, contre la bêtise des sots agressifs qui infestent la civilisation, il faut agir parfois avec la dernière rigueur car si elle fait transcender la bêtise, l’abnégation ne suffit point pour freiner les gens bêtes ou méchants qui veulent imposer leurs forfaits! L’abnégation, parce que silence volontaire de ses facultés du droit sacré de réplique, ne fonctionne qu’au cas où l’autre peut au moins savoir reconnaître ses limites et ne pas les outrepasser comme une bête en rage sans la moindre maîtrise de ses bas instincts. L’abnégation est réaction, elle peut choisir la réplique mesurée ou le dédain du mutisme ou de l’inaction. Elle n’est pas pour autant de la passivité. Dans un environnement sociopolitique où l’idéologie lâche ses chacals invasifs qui se vantent de leur puanteur de par des forfaits de charognards autorisés dans la finance et dans les mœurs, il faut se défendre avec toute la rigueur nécessaire pour que le silence ne soit pas perçu comme faiblesse par la crapule qui y verrait le signal pour continuer ses crapuleries. On ne doit jamais jouer de raffinement avec des brutes primitives et des barbares infrahumains maquillés de pseudo-culture, drapés d’accoutrements civilisationnels.

 

Encore une fois, je le dis, l’abnégation n’est pas la flatterie ou la peur du méchant qui fait du mal à son prochain et ensuite se gonfle d’arrogance; non, un tel mufle doit être méprisé comme il convient en toute justice, car il est méprisable, et en tout bon sens, mis hors d’état de nuire. L’abnégation n’est pas de l’autofustigation de l’innocent victime du scélérat qui ne se lave point de ses ignobles actes car le malfaiteur se salit lui-même et doit savoir se purifier par la repentance. Et même, celui qui, victime ou non, sous prétexte d’abnégation tolère le malfaiteur et ses méfaits dont celui-ci se plastronne sans respect pour lui-même et autrui, est à la fois un vil flagorneur, un lâche, un complice. Ce tolérant funeste de l’infamie, n’est pas si différent dudit malfaiteur et de ses acolytes. Le raffinement relationnel n’est pas du laisser faire le mauvais.

 

La bonne abnégation est affirmation forte de soi, si forte qu’elle ne craint pas de renoncer ponctuellement ou provisoirement à certaines prorogatives pour mieux manifester des valeurs supérieures qu’elle fait primer en des circonstances particulières. Ce qui signifie que l’abnégation vraie n’est jamais perte de pouvoir, faiblesse d’autorité ou veulerie caractérielle mais puissance du tempérament sûr de soi et de sa capacité qui se fait disponible pour la bonne cause en taisant volontairement son sceptre. Elle n’est jamais, pour l’abnégat équilibré, que sagesse de retenue afin de mieux assumer les vertus du pouvoir qui sait se pondérer.

 

L’abnégation est l’art des esprits forts et sûrs de soi qui savent momentanément surseoir à un pouvoir dont ils sont dépositaires afin de ne pas provoquer un heurt ou un déséquilibre que leur pouvoir mis en exécution pourrait déclencher.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2021

Politique de Reproduction

Les textes du Blog INTELLECTION peuvent être reproduits, en tout ou en partie, gratuitement, à condition d'indiquer clairement la source http://intellection.over-blog.com/, avec lien actif vers notre site. Dans le cas de la reproduction sur un support autre qu'Internet, la mention de l'adresse du Blog INTELLECTION (http://intellection.over-blog.com/) est exigée.

Tag(s) : #Monde du Concept
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :