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Par Camille Loty Malebranche
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La face de tout combat théorique ou pratique de la libération de l’homme opprimé par une forme d’ordre social ou culturel, c’est d’être axiologique, élaborant une axiologie du refus, une axiologie négative que nous appelons axionégation. L’axionégation se caractérise par la mise au ban des valeurs injustes voire déshumanisantes imposées par l’autorité sociale dans un monde de perceptions sinistres appliquées comme conception de la place de l’homme dans l’univers! L’axionégation est le non implacable et critique que répond l’anarchisme authentique aux valeurs fausses qui font mal à l’humanité!
Dans la logique de l’anarchisme, il est toujours pertinemment question de concevoir des valeurs alternatives et de les porter comme mode idéel et actif de substitution aux factices valeurs liberticides du statu quo dénoncé. À ce titre, tout anarchisme est protagoniste de valeurs qu’il juge justes contre les valeurs dénaturées et danaturantes en cours!...
L’anarchisme pertinent est un appel, une exigence de valeurs justes et applicables devant servir de tremplin à la dignité de l’humanité, loin très loin des débilités folkloriques et malsaines d’un certain libertarisme bête, béat et affecté. C’est donc la proclamation de la justice véritable et équitable dans un monde où les valeurs appliquées et la justice systémique établie sont fausses; un monde sordide et menteur où la morale des chartes est en décalage flagrant avec la morale factuelle du fonctionnement institutionnel dans la vie sociale effective, au cœur du comportement institutionnel et interactif à travers les rapports des hommes, les interactions morbides des classes et le traitement souvent amenuisant voire déshumanisant que les institutions infligent à l’homme majoritaire non coopté par le système. Une morale simiesque par ses simulacres de fausse équité, inique au cœur d’une société empoignée de privilèges infâmes, lesquels rendent aisée l’application des lois pour les puissants et les privilégiés orchestrant le mode économique et l’ostracisme structurel sans souci de la condition insoutenable des classes paupérisées et masses marginalisées, systémiquement sacrifiées, pour qui la vie quotidienne régie selon le légalisme est un faix infligé.
L’anarchisme politique est le refus implacable de l’ordre livide, mortifère, taillé sur mesure pour les puissants dans les méandres et excès de la factualité sociale, qui tyrannisent l’humain, en aucun cas il n’a besoin d’être nihiliste ou athée.
De l’anarchisme au-delà du social et du politique...
L’anarchisme n’est pas que social ou politique selon la veine d’un Proudhon ou d’un Bakounine comme le supputent certains, il arrive parfois, qu’il soit spécifique à des champs de pensée et d’action, inscrit dans des visions du monde propres à ces champs. Et, sans être jamais strictement théorétique parce que destinée à l’action, l’anarchisme sans se désavouer n’est des fois qu’axiologique, où il cible la morale et la culture soit globale soit institutionnelle par sa discursivité critique. L’anarchisme est sans doute même, par sa manière cogitationnelle, non immédiatement politique, mais action intellectuelle immatérielle comme perception du monde; weltanschauung qui nie ce qui constitue la vision logico-morale établie. L’anarchisme, dans son essence axiologique, est, in facto, de l’axionégation en affirmation idéelle du possible et c’est donc très loin du nihilisme, une utopie intellective en ses racines; car c’est toujours par d’autres valeurs précellentes, une alternative logico-morale supérieure, que l’anarchiste nie les valeurs appliquées au nom desquelles les autorités iniques et inhumaines du monde, exercent le pouvoir et prétendent régner et régir l’existence des hommes! Là il faut comprendre que l’anarchisme peut être adjectivé selon les spécificités, il est par exemple un anarchisme qui, par son axionégation, renvoie de fausses valeurs soi disant scientifiques, je vois ici la révolution épistémique de l’héliocentrisme copernicien et l’axionégation de multiples courants esthétiques libérant la création artistique et le regard porté sur la beauté dans l’oeuvre d’art, en renversant les normes exclusives que des devanciers ont voulu, autoritairement, de par leur pouvoir, imposer aux artistes. (Nous y reviendrons sans doute dans un autre texte).
Toute l’impulsion et la propension active et réactive de l’anarchisme tient en son exigence à la fois axionégative et axioaffirmative de révolution des valeurs par et pour le Bien comme Humanisme fondamental selon les principes authentiques de la Justice digne et sans ombre.
L’anarchisme accompli est une axionégation affirmative qui apostrophe le sens établi à la praxis et l’action, désavoue l’essence autoritaire de nombreuses valeurs monstrueuses et inhumaines que des puissants au pouvoir imposent, érigent en système, comme naturelles et suprahumaines dans la civilisation et la culture!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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