Par Camille Loty Malebranche
Il est un péché dont la morale tronquée généralement culpabilisante et autoflagellatoire de la prêtraille institutionnelle ne parle jamais dans l’homilétique officielle, c’est le péché contre soi, l’offense de l’homme contre lui-même. Le pire déni contre l’humanité puisqu’il affecte et fracasse la seule humanité expérimentée de l’intérieur, qui est celle du sujet par lui-même!
On sait qu'il est des modalités du péché qui sont en fait les voies de l'expression humaine en ce monde: l'on parle de la pensée, de la parole, de l'action, et de l'omission. Ce sont des manières d'agir ou de se comporter et le mal que ces manières entraînent parfois si les grands principes de justice et de charité y sont bafoués. Maintenant qu'en est-il de l'essence même du péché comme violation du bien, transgression du juste?!
Nous décantons dans les faits, quatre types, quatre essences de péchés : 1) Le péché contre Dieu; l’intelligence de ce commandement nous dit de manière tacite que Dieu, l’apparent Tout Autre, nous est proche et Père et veut notre affection filiale en réponse à son Amour. Le péché contre Dieu se manifeste par le refus de la foi qui est l’espace de l’amour, le rejet de Dieu par l’homme en rébellion, l’impiété qui méprise Dieu à travers ses deux grandes variantes d’opposition ou de neutralité gnosique (de connaissance) respectivement représentées par l’athéisme avoué et l’agnosticisme, puisque l’homme est appelé et ne peut prétendre vraiment ignorer!
2) Le péché contre l’homme couramment appelé le prochain, péché se perpétrant contre l’autre semblable par tout mal infligé au prochain à travers toutes les iniquités, les injustices.
3) Le péché contre la nature, évoquant le respect de sa nature humaine, respect factuel et praxique (dans les pratiques courantes) de toute la dignité de l’esprit et du corps dans leur essence inviolable par le sujet humain portant cette nature.
4) Le péché contre soi, péché tu, amuï, oublié qui, pourtant, est catastrophique dans ses retombées contre l’estime de soi en général mais surtout l’estime du soi spirituel avec son suicidaire impact de perte de vue de l’homme ici-bas comme incarnation missionnaire! On feint d’ignorer que s’aimer soi-même est la plaque tournante, le socle, la clé de voûte, le fondement sine qua non de toute charité envers autrui, ce que la loi en son intelligence énonciatrice édicte par le fameux « comme toi-même » dosé comme un leitmotiv inscrit au commandement. Si le péché contre autrui réfère toujours à une injustice, un préjudice infligé, il est pertinent de dire que le péché en général, tout péché commence dès la pensée du mal en mode d’altération du jugement sain et du sens idoine de la grandeur par une conscience d’homme. Le péché contre autrui est un fagot d’égoïsme qui transgresse par impassibilité ou haine, le principe de charité envers et contre l’autre. Force est ici de préciser que l’égoïsme n’est pas seulement la cupidité matérialiste qui sacrifie l’autre mais toutes formes d’hypertrophie de l’ego sans balise, qui veut dominer et primer tous par toutes espèces de voies indues et arbitraires infligeant souffrances et violations du principe de justice…
Pécher contre soi, inhibition broyeuse de l’estime de soi.
Le péché contre soi est particulièrement sordide, et, si tout péché est en soi chute car indigne de la noblesse originelle de l’esprit par essence, l’offense contre soi - où l’homme ne s’aime pas et préfère aimer la bêtise sociale à ses propres dépens - est une forme de suicide inavoué, d’autodestruction servile. Un péché terrible mais méconnu selon la bêtise de la haine de soi sciemment entretenue par les écraseurs psycho-idéologiques de l’humanité pour régner aux dépens des pulvérisés de l’inhibition programmée et entretenue. Bêtise que l’écrasé manifeste par à-coups serviles dans de nombreux actes. À l’instar du péché envers sa nature, péché dit contre-nature, pécher contre soi manifeste toujours un rapport dévié à soi. En vérité, vaut mieux la révolte la plus pugnace que la moindre offense contre soi-même qui transforme l’homme en infrahumain. S’aimer d’un amour sain et pur est le préambule de toute œuvre qui vaille, l’augure incontournable de toute grande action pour soi-même et pour autrui loin des mesquineries qui minent et égrugent la multitude de minus qui dirigent cet espace de misérabilisme à profusion générateur de toutes les injustices sociales et iniquités de toutes sortes, érigé en pouvoir d’État et en vie commune dans la société des anthropomorphes ayant allègrement droit de cité avec la complaisance des foules désignées par l’appellation « monde ». Se laisser faire par un monde immonde, est toujours un grave péché contre soi, c’est une forme de manque d’amour de soi et une violation du principe d’autoprotection tout comme de défense combative de la dignité. L’homme a, nous le redisons, pour mission sacrée de s’aimer lui-même, l’on saisit donc pourquoi toute la morale envers l’autre me dit de l’aimer comme moi-même, un moi qui réfère ici au soi que je suis comme sujet pensant et agissant mais avant tout comme esprit fait à l’image de Dieu.
S’élever, un refus de prendre sur soi la bêtise humaine.
Les autorités mondiales font du monde une géhenne à bien des égards et ils se déchargent de leurs déchets à nos dépens en nous demandant d’obéir à tous leurs forfaits en acceptant leur ordre infect comme normal et suprahumain à respecter. L’éducation sociale de l’individu a les allures du tragique de la proie désignée, née pour être mentalement dévorée par les infamies du pouvoir de répétition de la tyrannie de quelques dominants infects à travers leur injustice abjecte qui seraient désignés supérieurement naturellement pour dominer et gouverner les hommes. C’est le fait de reconnaître une quelconque légitimité aux scélérats maintenant le monde dans le pire et de reproduire par réflexe les us et coutumes d’un monde malsain que nous commençons par pécher contre nous-mêmes, contre nos aptitudes à comprendre, à refuser le mal et à vivre souverains. Nous préférons harceler et torturer nos proches par le sort pour les forcer à s’adapter au monde tel qu’il est, monde dont nous nous plaignons pourtant des injustices criantes, plutôt que de concevoir la refonte des valeurs en croyant à la grandeur inaliénable de notre humanité.
S’aimer soi-même implique une attention à s’élever dans la vraie grandeur qui est celle de l’esprit, laquelle, si elle s’exprime toujours dans la main offerte à l’autre pour sa propre élévation, ne tolère jamais de s’abaisser avec les déchus endurcis en leur déchéance qu’ils veulent imposer pour régner par l’imposition de leur arrogance irrespectueuse, leur mesquinerie d’ego, leur intumescence de dominateur.
Célébrons la vie pour la gloire de Dieu, loin de ces religions institutionnelles prostituées, marchandes et vénales qui font mal le bien qu’elles prétendent faire, telle la présentation factice de Dieu qui, selon elles, cautionnerait le pouvoir économique et étatique des establishments tout comme celui des politiques servant ce pouvoir! « Tout pouvoir vient de Dieu disent-elles » en répétant idiotement les pires pages de la Bible, qu’en plus, elles décontextualisent, pour idolâtrer les autorités établies, alors que ces mêmes autorités dévorent les faibles et paupérisent les majorités! Oui, expédions aux cloaques de l’histoire ces églises incohérentes et menteuses en leur homilétique hypocrite appelant à la charité envers les pauvres, en même temps qu’elles refusent et fustigent la révolution populaire qui pourrait tout changer, préférant soutenir l’ordre des riches et le système des ploutocrates.
L’amour de soi n’obéit qu’aux grands principes d’humanité envers et contre un monde en crise d’humanité qui se vautre dans des valeurs factices et bâtées où les codes de la gloire sociale sont de la vanité miséreusement bête de l’accumulation et d’ostentation. Le vide - celui de la vacuité la plus abyssale - n’a jamais été autant habillé de faux plein qu’en notre temps d’ombres hagardes. L’amour de soi est donc contre la brillance chrysocale des trophées de la prédation. Ainsi pour l’aimant de soi, tout ce qui contribue au mal contre soi ou contre les grands principes spirituels de foi et de justice, est un péché contre soi, car transgressant grossièrement le principe divin qui est pour chaque être humain de s’aimer soi-même et de se protéger contre toute force d’aliénation de l’essence humaine.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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