Par Camille Loty Malebranche

L’estime de soi est un ancrage aux valeurs sacrées appelant l’homme en ses tréfonds d’esprit en évolution dans le monde, un appel en mode de vocation transcendante à cultiver la substance spirituelle et sa haute dignité ontologique comme hypostase humaine supérieure qui doit se manifester par la pensée et l’action. L’estimant de soi voit la vérité de sa nature en pleine conscience alors que l’égocentrisme est avant tout le rapport extrinsèque, vulgaire et immédiat à l’ego en sa haïssable propension à la superficialité!
Ici, il faut rappeler la différence entre le moi et le soi. Le moi n'est pas une dimension de l'homme à proprement parler mais une posture de l'individu en rapport au social et donc toujours en scène et en comparaison-compétition avec l'autre, alors que le soi est le schème (ipséitaire) c'est-à-dire schème de la substance humaine, dimension du sujet qui est en soi et pour soi; ipséité, en d'autres termes, essence de l'esprit comme substratum de l'être humain, qui se corse dans les profondeurs des attributs humains de pensée et d'action selon des valeurs éminemment humaines. Hélas! la plupart des hommes semblent ne vivre qu'au niveau du moi, stade de l'ego sans jamais pouvoir s'enraciner et s'élever dans le soi! L’égocentrisme est une vision du moi et non du soi, car sa perspective bornée est conditionnée par les codes ostentatoires du prestige social exhibitionniste, créés précisément par des élites pour flatter l’ego, ces codes fussent-il insensés et inhumains. Et, nous savons combien l’obsession du prestige par le paraître confine à toutes sortes d’excès haïssables et dérive et fait chuter par des glissades automatiques dans des délires et des rodomontades grotesques quoique socialement saluées par la foule misérablement superficielle. Ce sont ces codes du prestige fondé le plus souvent sur la domination et l’exploitation de l’homme qui font de la société capitaliste, aristocratique ou bourgeoise, une société parturiente de multitudes bêtement égocentriques. L’égocentrisme n’est donc pas de l’estime de soi mais son contraire, étant souvent le repaire du vaniteux pris au rétiaire des vanités sur la scène sociale selon les égarements excentriques de l’ego. L’égocentrisme est la sphère de l’individu non crû vers le statut de personne. Une attitude qui se prolonge dans le social où l’on pourrait parler d’égocentrisme de classe…
De toute façon, l’égocentrisme est l’empreinte du social orchestrant chez l’individu la servilité de la posture sociale ostentatoire selon le comportement conforme aux codes du prestige! Les bases de l’égocentrisme sont culturelles, excentrées car elles vont du dehors vers le mental.
L’estime de soi est, quant à elle, ipsocentrée puisqu’elle émane de la conscience intime du soi profond qui prime et transcende tout code social, pour façonner le comportement selon l’envergure intrinsèque que l’homme y trouve de lui-même en ses tréfonds, son for intérieur. L’estime de soi est loin de l’égocentrisme, et même elle n’est pas réductible à du subjectivisme, car le subjectivisme est intime et reste fatalement intime incommunicable à autrui; l’estime de soi constitue un ipsocentrisme où la subjectalité - cette essence même du sujet personnellement assumé dans les valeurs supérieures (spirituelles, intellectuelles et morales) - manifeste la grandeur de l’essence humaine éprouvée par le sujet conscient qu’est l’homme.
L’estime de soi est un enracinement alors que l’égocentrisme est un conditionnement, et assez souvent, une trappe abyssale sur le narcissisme! Il est normal que l’estime de soi, soit une vérité vécue alors que l’égocentrisme, une gestuelle adoptée car adaptée du monde extérieur. Force est remarquer que celui qui a ses bases de considération à l’extérieur de soi ne peut connaître que l’égocentrisme et sa fragilité.
Altération sociale de l’estime de soi et explosion d’égocentrisme.
La société, la civilisation, telle qu’elle se présente est une vaste savane, où de graves déficients en estime de soi, couvrent ou tentent de couvrir leur manque par des apparats et des apparences flattant leur vanité d’égocentrisme! L’égocentrisme est donc l’inauthentique quête de valorisation de soi chez le sujet déficient en estime de lui-même. Une quête caractéristique du comportement offensant envers les plus faibles, prête à toutes bassesses et méchancetés pour satisfaire à ce qui est reçu du conditionnement social dans une société où tout tourne autour de l’extrinsèque. Il s’agit de perception standardisée, inculquée et acceptée par la foule des manipulés de l’institution sociale idéologisant la grandeur selon les fausses valeurs d’un ordre matérialiste et structurellement hiérarchisant ses membres selon les apparats et apparences au sein de convenances ignobles.
L’estime de soi voit l’essence humaine à considérer alors que l’égocentrisme est esclave des contingences, voilà pourquoi, il est porté vers des excès d’ostentation et préfère pactiser avec le plus fort pour se glorifier avec lui, même dans les pires injustices, même dans les plus abjectes iniquités contre le prochain.
Encore une fois, nous le disons, dans cette société du paraître et des vanités, l’estime de soi est la denrée rarissime des hommes ancrés en leur humanité dont ils prennent l’entéléchie active et actuelle comme leur vocation. Ainsi, l’homme de la société du paraître, société des vanités, sauf révolution ipséitaire et autoconstruction intérieure ne peut connaître que des débordements d’égocentrisme; car en aucun cas, cette société du faux, ne saurait porter à quiconque l’authentique estime de soi qui est avant tout appréciation hautement et profondément appréciative des valeurs véritables que doit cultiver l’essence supérieure qu’est l’Homme. Et, dans le sillage maléfique de ce contresens social, des multitudes humaines déshumanisées, sinistrement égocentriques, hiérarchisent les hommes selon leur place sociale, leur désignation par l’institution sociale corruptrice et corrompue, car elles ignorent que la valeur humaine inestimable en titres ou en monnaie, est intrinsèque et ontologique avant d’être institutionnelle ou sociale. Mais cela, les avortons de l’égocentrisme qui vont parfois jusqu’à la singerie de classe jusqu’à la reproduction des tares des « grands » pour leur ressembler, ne sauraient l’imaginer jamais, pas même dans leurs rêves les plus aberrants selon leur hubris absurde!
L’estime de soi transcende les besoins banals de l’esbroufe sociale qui s’agite pour paraître et être perçu sans se soucier d’être! Elle est l’immanente vision des possibles de la nature humaine même en temps d’adversité, étant l’inhérente force de propulsion de l’esprit en la conviction intime de sa valeur naturelle supérieure à toute contingence situationnelle, à toute création artificielle que la civilisation peut inventer et imposer aux consciences que ladite civilisation structure et détermine chez la plupart des humains! L’estimant de soi proclame la foi en son humanité qu’il entend propulser constamment vers les cieux de sa grandeur éprouvée, son accomplissement pressenti comme un appel des horizons ici-bas inatteignables mais injonctifs de dépassement de soi…
L’estimant de soi est exigeant avec lui-même car il visualise son être à travers le regard de l’esprit dont la vocation est de briser les prismes des mirages d’un monde trompeur pour dépasser les finitudes en les faisant reculer dans sa course à l’horizon de la conquête d’humanité, la conquête de soi en voie vers son point de mire dans le divin, l’infini.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION - 2019
Politique de Reproduction
Les textes du Blog INTELLECTION peuvent être reproduits, en tout ou en partie, gratuitement, à condition d'indiquer clairement la source http://intellection.over-blog.com/, avec lien actif vers notre site. Dans le cas de la reproduction sur un support autre qu'Internet, la mention de l'adresse du Blog INTELLECTION (http://intellection.over-blog.com/) est exigée.