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Par Camille Loty Malebranche

 

 

 

Il est un fait, pour l’homme, être social, la qualité des relations avec l’autre est, après le rapport à soi et à Dieu, la chose essentielle de la condition interactive de chaque individu courant sa part de temps ici-bas. Nul, à moins d’être gravement désaxé, ne peut se dire bien sans une interaction qualitative avec l’autre, car le seuil de bien-être, le schème de bonheur possible ou au contraire le mal-être temporel ici-bas se corse en bonne part dans le relationnel où l’autrui et moi cheminons interdépendants quoiqu’il arrive, dans la convivialité ou le conflit, dans l’agrément ou le désagrément voire la souffrance conflictuelle.


L’indépendance prétendue des individus dans les sociétés occidentales de grand isolement et de solitude individuelle se matérialise en crise relationnelle révélée par la prise compulsive de drogues, la misère dérélictive, l’addiction au travail, les maladies mentales de toutes sortes, le sexualisme altérant la sexualité saine... La crise relationnelle est devenue un abîme aux pieds des sociétés de l’automation où l’homme, lui-même automate, a perdu jusqu’aux réflexes sains et équilibrés de l’humanité comme le simple fait de se parler, de jouer ensemble, de s’aimer entre homme et femme avec amour et désinvolture... Les humains sont rendus conditionnés par l’obsession de la consommation et du marché orchestrant l’ordre politique, socioéconomique et culturel, dressant les murs idéologiques des claustrations modernes...

 

C’est toujours une altération de perception de la conscience humaine qui pousse un homme à vouloir faire mal à l’autre en oubliant que quelque part, il s’autodétruit! Le cas du tyran - ce malade mental qui veut régner aux détriments de tous en semant la terreur - traitant même ses ministres comme des sortes de larbins méprisables, lesquels tremblent à l’idée de tomber en disgrâce devant lui, est une forme éloquente de la misère relationnelle! Car un tel monstre souffre en premier et incarne l’archétype du malheur de vivre contre tous. Quand on bascule dans la mauvaiseté contre tous, c’est qu’on est déjà plongé et inhumé dans un néant d’humanité qu’on s’est appliqué par haine de soi. La paranoïa, l’obsession de rester au pouvoir, la propension au meurtre gratuit et le besoin d’effrayer et de dominer par l’effroi sont les signes pérennes de cette mort à l’humanité des Staline ou Caligula. Ce sont des hommes parmi les plus malheureux et les plus dédaignables qui soient, lesquels s’enferment dans des murs imaginaires de leur idéologie et les murailles physiques de leurs palais, cloîtrés dans ces prisons habitables sans autres geôliers que les malpropretés mentales de ces soi disant humains. Leur fonction, telle une tour assiégée d’agresseurs vrais et fictifs est façonnée d’un déchirement intérieur qui les réduit à n’être que sous-hommes prisonniers du pouvoir comme leurs écroués dans les geôles, les victimes de leur régime et de leurs sicaires. Ils n’ont de pareils que les actuels tenants de l’ordre financier du monde où des banquiers et quelques industriels tels ces magnats des pharmaceutiques qui préfèrent empêcher la mise au point de médicaments pouvant traiter des maladies guérissables présentées incurables, laissant impassiblement, cruellement, cupidement souffrir voire mourir des humains pour mieux senrichir avec la complicité des politiciens vénaux et la connivence des États subvertis et croupions soi disant démocratiques.

 

Vivre avec l’autre un appel au partage et non à l’assimilation.

 

L’assimilation est domination via la phagocytation d’un faible par le plus fort. C’est toujours une entreprise de domination, une aventure de sujétion. Voilà pourquoi nous n'avons cesse de rappeler que c’est une morale fondamentalement spirituelle et pleinement ontologique que le plus fort tende la main au plus faible pour autant que celui-ci le veuille afin de l’aider à être lui-même pour lui-même et non un pion de servitude pour des besoins d’asservissement inavouables. La préséance du plus grand et plus fort doit toujours se manifester comme pouvoir d’orientation et non puissance d’écrasement. Un règne de grandeur sans mesquinerie qui procure à l’autre les voies de son autoconstruction. Toutefois, le moins apte le moins doté qui refuse le bien et préfère se vautrer dans ses miasmes doit être abandonné comme de la peste par le plus haut qui veut se garder des éclaboussures de la mauvaise foi. Loin du lugubre couple domination-soumission, la face de l’altérité doit être motivation de partage pour autant que l’autre veuille partager des valeurs. Elle prend forme aux bornes choisies du partageable mutuellement voulu, et en aucun cas elle ne peut s’imposer par la force, l’intimidation ou la manipulation.

 

Comment vivre avec l’altérité en équilibre et sans souffrance? En choisissant avec qui nous interagissons autant que possible, en gardant la bonne distance et en faisant tout ce qui incombe à notre responsabilité pour que priment les bonnes valeurs altruistes comme le respect, la bénignité interpersonnelle, l’estime de humanité en l’autre.

 

Le Christ nous a indiqué dans son évangile cette voie régalienne de la transcendance de l’ego par la moralisation du soi sachant se dépasser comme personne plénière où les failles égotistes et les faiblesses égoïstes de l’individu s’estompent pour ne voir la vie que comme chant du bien de tous qui fait de toute relation humaine, un champ de l’action bienveillante.

 

Crise relationnelle, claustration civilisationnelle.

 

Aucune société matérialiste et de consommation faisant primer les objets et les hiérarchies structurelles sur l’humain, ne peut engendrer de vraies relations humaines.

 

Le rapport à l’autre est une part importante de tout le déploiement de notre assumation de notre propre ipséité. D’où un rapport sain à soi, dans une société malsaine, grivoisement matérialiste, exige souvent une culture forte des valeurs dignes selon une sélection draconienne du sens afin de ne pas se faire prendre au piège des aberrations et abominations systémiques qui aliènent les multitudes.

 

Savoir vivre avec l’autre mais refuser l’infrahumanité envahissante du monde que porte de nombreux spécimens de l’espèce... Car il existe parmi le grand nombre, d’innombrables laxistes veules sans caractère, sans volonté, sans choix qui, sans être abouliques, n'assument point leur personne et se laissent mener comme des jouets par les diktats ou les décisions d'autrui tant il se sentent moins que rien. Ces laxistes si veules sont pourtant agressifs avec les hommes de volonté qui exigent de vivre selon le vrai. Hélas, aujourd'hui des multitudes comme des légions inavouées de l’horreur sociale donnent cette impression de veulerie face aux oligarchies! On dirait des débiles qui n’aiment que le mal et ne poursuivent que le malheur d’autrui. D’où, par exemple, le succès de l’extrême droite en politique! Qu’est-ce qu’en somme un extrémiste de droite? C’est l’homme du mal qui veut que les miasmes de sa méchanceté, ses haines de l’autre, deviennent politique d’État! Alors, il se raccorde électoralement à l’opportunisme électoraliste des politicards crapuleux et démagogues qu'il approuve et vote. Hélas, hélas, il est parmi l’espèce, en politique comme dans différents autres domaines, de ces saletés monstrueuses qui n’aiment que le mal. L’homme du mal qui cherche le mal de l’autre par mauvaiseté est un pervers métaphysique, un déchu ontologique qui contemple une sorte de fosse existentielle en lui-même, fosse où il se sent trop bas et trop infâme pour vouloir monter vers la clarté des valeurs humaines.

 

Finesse relationnelle…

 

L’autre et moi, une aventure de finesse qui doit, tout en étant bienveillante et charitable, rester de hauteur et de distance dans la grandeur et la dignité d’un rapport respectueux de l’humanité commune.

 

Faire en sorte que les rapports avec l’autre, cette altérité ressemblante, soient dignes et pleinement humains, demeure une assumation de l’humanité commune pour qu’elle reste humaine et valorisante.

 

En vérité, celui ou celle qui ne se complaît que dans les platitudes du papotage, de la vilenie ou de l’assouvissement pulsionnel comme il en est des incommensurables multitudes, doit être évité et abandonné à ses cloaques, c’est une espèce de miséreux qui vous rendra la vie misérable par ses suggestions débiles et son infériorité viscérale. Tout humain véritable qui se sent vraiment humain cherche l’ascension, guette la hauteur pour monter vers l’accomplissement intuitivement pressenti et à vivre! Le reste n’est que horde systémique déshumanisée!

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2019

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