La foi, un espace de mysticité mais pas de mysticisme.

5 Mars 2021

Par Camille Loty Malebranche

Celui qui croit à la révélation d’un Dieu Pur Esprit et à sa manifestation particulière dans sa vie par delà la théophanie générale qu’est la Création, que constituent les univers tangible et intangible, est nécessairement un mystique en tant qu’il vit le mystère divin qu’il contemple au-dehors dans le cosmos et dans les tréfonds du microcosme de son être, lui aussi théophanique puisque créature divine.

Une mysticité sainte totalement contraire au mysticisme qui est une collection de pratiques abjectes des croyances sales qui se vautrent dans le sortilège, la magie et le spiritisme.

L’univers de la foi chrétienne est un ancrage dans le mystère divin où, ici-bas, l’homme éprouve et vit la présence de Dieu au-dessus du rapport objectif qui caractérise la vie dans le monde tangible. Là, dans le lieu divin de son intériorité croyante, le croyant éprouve la vie avec Dieu comme Démiurge cosmique, source mystérieuse des causes principielles de la nature, un Dieu qui est maître suprême disposant de tout au profit de son bien-aimé. La mystique de la Foi est une posture intérieure de rapport à Dieu et selon l’éprouvement de soi-même comme nature qui vient de Dieu et que Dieu attire irrépressiblement à s’accomplir en la déité qu’il a placée en l’homme.

La mystique est le mystère vivant et vécu par l’esprit de l’homme en son for intérieur, alors que le mysticisme est un ensemble de pratiques souvent abusives pour ne pas dire fausses pour orchestrer un univers d’apparence parallèle ou de malfaisance maléfique, un peu à la manière de ce que les médias appellent grivoisement en leur langue sensationnaliste « le paranormal ».

Ainsi donc, la mysticité du croyant, c’est de vivre et d’agir en se sachant habité par Dieu accomplissant son plan d’Amour et de rédemption en lui, créature assumant sa vocation d’Imago Dei. Se reconnaissant porteur de ce projet divin de devenir fils de Dieu et d’être membre de la famille divine, le croyant s’assume comme un esprit en mission sur cette terre malgré la route parfois si ostensiblement blême, si apparemment insignifiante de cette planète de grisaille, en ce monde de tous les non sens.

La mysticité de la foi, est en fait cette puissance surrationnelle que l’homme de foi vit en enracinant son être dans le mystère d’un Dieu Actuel et Présent qu’il sait avec lui. Une puissance que l’homme de foi sait capable de tous les miracles favorables lorsque Dieu en sa miséricorde y consent. Ainsi, la mysticité de la foi est une vie dans la sphère supérieure de la présence divine qui prime pour le croyant la factualité sensorielle du monde et tous les faits de la vie dite « réalité ». Toutefois, toute mystique et transcendante qu’elle est, la foi n’est pourtant pas une schizoïdie contemplative parce que bien ancrée dans les tréfonds immatériels spirituels de l’homme où par ressemblance au Créateur, sied la part de déité de l’homme. La foi est littéralement la patrie intérieure dans la nature véritable de l’homme qui est esprit et projection créationnelle de Dieu.

La foi est la vie du mystère de l’intangible permanent et du sens malgré l’absurdité immédiate du monde impermanent qui s’use et s’efface. Tous les farauds mal lunés de l’impiété balourde ou du mysticisme mégalomane en mal de pouvoir, peuvent s’en moquer, la foi est la seule et unique clé d’accès et d’ancrage au mystère de l’être à vivre - mystère inexprimable et incernable à nos schèmes objectifs ou à une quelconque gnose, comme l’est tout mystère par essence - que seul le croyant éprouve en son intériorité.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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