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Par Camille Loty Malebranche
« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » Jésus à Marthe avant de ressusciter Lazare.
L’exigence de croire, précède les faveurs particulières de Dieu à l’homme. La gloire de Dieu étant non seulement perceptible dans la théophanie globale cosmique qu’est l’univers mais aussi dans la théophanie spécifique ontologique qu’est l’homme, si celui-ci ne croit pas en Dieu malgré ces deux modes démiurgiques de la manifestation divine, il ne mérite effectivement pas de recevoir des dons de la grâce de Dieu.
La foi en tant que mitsein humano-divin et sensualisme spirituel comme je l’ai désignée ailleurs, nous donne à vivre par son ancrage au mystère divin - dans une sorte de transe à la fois supraconsciente et subconsciente à travers la mystérieuse jonction de l’homme intérieur ici-bas avec le céleste infini - la permanence de Dieu. Dieu est le maître qui gouverne la vie du croyant par des suggestions sous formes d’inspirations-intuitions particulières au cœur de la grande intuition métaphysique que porte tout homme ici-bas. Le croyant, à tout le moins chrétien, participe à une bilocation du terrestre et du céleste où ces schèmes de son être duel à la fois d’esprit tiré de l’essence du Créateur, d’une part, et de corps extrait du sol et de la poussière d’étoile animée par l’énergie non spirituelle quoique supramatétielle dite âme, de l’autre, font de lui un combattant du soi, un conquérant par vocation de sa vérité métaphysique à vivre et à faire triompher. Dans la foi, la vie perçue comme un combat prend particulièrement son sens plénier, sa signification onto-humaine, son acception anthropologique globale. Le combat pour la maîtrise et l’orientation soumise des forces pulsionnelles, exige une attention spirituelle consciente et une focalisation mentale subconsciente sur Dieu, de tous les instants. Là, c’est le sens de l’éveil permanent de conscience que Jésus le Rédempteur a si sublimement présenté par l’allégorie parabolique des vierges aux lampes allumées qui, seules, sont habilitées à voir et rencontrer l’époux en pleine nuit à son arrivée.
La foi peut exalter le nom de Dieu par des cultes mais en aucun cas la cérémonie cultuelle ne lui est essentielle, car le seul culte dont la foi a besoin, c’est l’affection intérieure que l’esprit voue à Dieu dans la plénitude de l’amour intime et enflammée de son être. Le culte cérémoniel doit être une célébration de l’allégresse intérieure de l’esprit aimant qui vit la paternité de Dieu au fond de soi; car seul l’intensité de l’amour de Dieu est le culte essentiel et obligatoire de la créature spirituelle à son Père-Esprit.
La foi est l’adhésion à l’esprit reconnu comme primauté ontologique sur la matière, adoption des principes en toutes occurrences sur la lettre et la loi qui doivent être soumises à la justice principielle et à la justesse de son application sans quoi, c’est l’incohérence et l’injustice. D’ailleurs, la plupart des lois de bienveillance et de justice interhumaines sont inscrites dans l’humanité elles-mêmes et sont naturelles donc avant tout code écrit. C’est là que la foi constitue une loi supérieure en tant que ses lois spirituelles nous indiquent le comment croire au-dessus du simple instinct selon la véritable essence humaine qui est esprit fait à l’image de Dieu.
La foi nous fait intégrer le mystère et le vivre de l’instant à l’instant comme une dimension de notre nature. Un mystère qui est plus qu’un envisagement ou une option, car éprouvement vivant de l’esprit en son intériorité, ardeur sentimentale pour le Créateur débonnaire qui nous donne tout, ferveur mentale et comportementale de l’esprit pour ce Tout Autre qui est aussi le Tout Semblable dont il est à l’image.
La foi est l’univers sacré de l’esprit qui y vit en son monde selon ses lois et vérités de nature au-dessus des lois du monde fini et matériel. La foi est le mystère devenu vie actuelle et effective de l’homme vivant selon l’esprit pour avoir reconnu et appris à vivre pleinement les dimensions de sa condition ontologique d’esprit et de matière…
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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