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Par Camille Loty Malebranche 

 

Dans sa définition anthropologique, l’action est l’univers de toute manifestation humaine à travers des actes posés. Ainsi, l’action relève toujours d’une entreprise non innée non physiologique mais volitive exprimant les choix de la conscience. Les phénomènes ou activités physiologiques comme respirer, manger, excréter sont des états ou fonctionnements de la stricte nature physique de l’homme et non de l’action. Car l’action se reconnaît par sa mise en expression de l’essence mentale sous-tendant un comportement non physiologique des humains.

 

L’action, ce comportement qui met en scène la volonté en dépassant l’instinct qui, lui, est toujours lié à la programmation physiologique animale, est aussi multiple que peuvent l’être les circonstances. Il est pertinent de remarquer que l’homme est physiologiquement agi par la nature, et qu’il n’agit vraiment qu’au niveau de la culture, c’est-à-dire de la société créant un mode de vie, puisque l’individu n’agit en général qu’en contexte social. C’est là, dans le collectif social que l’agissement humain est une construction de l’espèce ajoutée à l’univers des corps et des forces naturels. 

 

Il est toutefois un champ unique où l’action est non en contexte culturel étant sans interaction sociale, il s’agit de l’agir strictement spirituel qui reste, par sa dimension métaphysique, une posture solitaire ne regardant que la personne humaine en son intériorité intimiste.

 

Au niveau culturel, l’homme en société, est, pour ainsi dire, un agissant actant, une conscience dont l’action se manifeste en une longue ligne comportementale constituée des actes posés, une marche constante où interviennent néanmoins par moments de crise ou d’exceptions, de grandes disparités et discontinuités, comme une ligne brisée à réinsérer dans sa droiture. C’est par l’action fondant la culture qu’au commencement les sociétés se constituent en vouloir vivre. La culture est creuset, moule impersonnel préorchestrant la modalité de l’action collective par laquelle l’homme fait l’histoire et se distingue de tous les autres êtres terrestres naturels, animaux et autres dont l’histoire est de la simple chronologie de leur temporalité; par exemple, l'animal n'agit pas à proprement parler, il se comporte et réagit sous des besoins, des instincts ou des conditionnements comme le dressage, il ne connaît que des comportements et ne sait pas poser des actes, or seuls les actes posés par une conscience décideuse, constituent de l'action. L’action individuelle ou collective des hommes est la suite d’actes de leurs agissements. Les actes librement posés sont des empreintes et attestations de l’état mental et comportemental global d’un homme ou d’une société. Donc en situation de pression et de contraintes, où la conscience humaine fait face à de lourdes exceptions, l’évaluation de sa réaction doit être spécifique hors de la morale courante ordinaire.

 

Gérer le spécifique en poursuivant la justesse situationnelle pour être toujours en congruence avec l’équité du principiel dans l’exceptionnel, est une exigence de sens tant logique que morale qui incombe à l’homme et à sa dignité de conscience libre assumant souverainement son devoir de responsable de sa voie. 

 

L’harmonisation de l’agissant et de l’actant - j'appelle actant l'homme en train de poser un acte particulier et souverain alors que l’agissant est l'homme considéré comme conscience par ses choix pensés qu’il établit comme de l'action constituant sa ligne de conduite générale - est la forme de l'unité d'un homme avec ses valeurs, ses convictions. Quand l'agissant se marie à l’actant au moment précis où l'homme pose un acte en situation particulière, il est à un carrefour du cheminement de la liberté où il doit garder le cap en trouvant l’orientation exacte pour ne pas s’y perdre. L’acte vraiment marquant, au-delà de la simple routine (hexis) qui est habitude courante, est à l’action ce qu’est l’inférence à la conclusion: c’est une étape significative, un moment fort, une sorte d’esquisse miniature condensée, mais pas une affirmation finale ni une construction définitive ni part nécessairement extensive dans la logique de l’action, la conception existentielle et conscientielle qu’est l’action…

  

L’homme en tant qu’agissant incontournable, est un cultivateur dont l’action consiste en un vaste champ à labourer par ses actes pour moissonner son humanité sinon l’altérer. La vie s’exprime par l’action au fil de ses actes, c’est l’espace où l’agissant doit choisir la bonne terre, faire le tri des bons grains tout en opérant les justes voies de culture existentielle pour la digne moisson du soi.

 

L’action est la scène vivante de l’existence de l’agissant qu’est tout humain, et les actes forts libres et choisis sont autant de prestations qui expriment la grandeur ou la petitesse de l’homme qui y exprime sa vérité comme conscience au fil des stades de son évolution dans l’être.

 

La lucidité finalitaire dans l’agir ordinaire, c’est-à-dire sans pression particulière dans des circonstances exceptionnelles empêchant l’exercice normal de la réflexion, est une exigence logique et morale qui n’est possible que par le niveau de conscience en intelligence et liberté pour choisir et projeter sa volonté par l’action définie dans l’acte posé. Toute négligence de mensuration consciente de la fin de l’action constitue une dénégation de responsabilité, une dénaturation des deux attributs fondamentaux de l’homme que sont penser et agir.


Il est important que mon agir envers l’autre reflète ma vision de cet autre à travers mes actes, et il n’y a pas de formule d’acte universelle pour tous car tous sont différents. Seuls les bons sentiments de charité envers l’humain ne doivent changer, ce, même si je suis obligé de me défendre violemment du violent qui m’agresse ou veut m’agresser.

  
Il est par ailleurs le domaine public où l’agir se situe particulièrement à un niveau supérieur parce qu’influençant autrui et parfois son destin; par exemple en politique, l’acte public est un moment particulier de l’action globale, qui confirme ou infirme l’orientation axiologique tant logique que morale de l’homme public qui y manifeste sa vision du monde par des actes qui doivent exprimer l’action qu’il dit affirmer. À ce stade supérieur des choses, l’homme d’action se définit par ses actes forts et choisis, sinon, il ne sera qu’un banal figurant! Ailleurs, comme la différence existant entre la vérité et les truismes, il est pour tout homme, public ou non, des actes qui signifient et de simples routines expéditives sans conséquence véritable...

 

Tout homme est un agissant-actant dont l'action existentielle prend forme par des actes forts où il manifeste la puissance des convictions qui extériorisent sa posture de conscience, sa stature d'esprit en route dans le monde. 


 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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