Le courage du sens contre l'aberration.

24 Octobre 2021

Par Camille Loty Malebranche

Le sens vrai ou l'aberration tient de la logique analytique d'un fait ou d'une expression, réfère à la substance idoine ou vicieuse du jugement; en aucun cas, l'un ou l'autre ne dépend du statut institutionnel ou du titre de celui qui observe et encore moins du nombre de ceux qui observent. La vérité est strictement inhérente à la saisie juste du fait et à son expression par le sujet humain, et en aucun cas, aucune erreur ni aberration ne devient vérité ou factualité par le volume du nombre ou de la masse humaine qui la profère.

L’aberration, c’est du non sens érigé en logique soit par manque de jugement, auquel cas l’entendement aberrant doit s’éduquer en prenant conscience de sa déficience, soit par lâcheté intellectuelle devant la pression sociale des convenances grégaires sur le mental de l’individu. Ainsi, les aberrations idéologiques introjectées et régurgitées par les individus deviennent de la convenance à ne pas violer au risque d’ostracisation. D’où la complaisance de certaines perceptions extrêmement aberrantes érigées en mode de fonctionnement social triomphant parmi les membres de notre belle société. Un mensonge socialement admis est de loin plus approuvable aux yeux des multitudes et des individus qu’une vérité impopulaire ipso facto perçue choquante selon l’indolence des cohues majoritaires.

En contexte politique d’opinion publique, l’aberration se confond avec l’hypocrisie. Car en politique, l’opinion publique revêt une importance capitale pour l’approbation idéelle de l’action étatique! C’est pourquoi les médias mainstream sont mis à contribution pour orchestrer des aberrations rendues populaires afin de marginaliser le bon sens qui oserait démasquer les impostures idéologiques. L’État brasse le cocktail malsain des manipulations logiques et morales consacrant les aberrations justificatrices pour en abreuver l’émotion collective, et, ma foi, les individus en foule lui donnent aveuglément raison, car chacun s’y abreuve allègrement comme à une onde polluée, par peur d’être minoritaire. L’aberration peut ici être définie comme la complaisance intellectuelle aux convenances indues, la foi au jeu factice de l’histrion hypocrite se mettant en scène par des simulacres avérés...

Une des aberrations convenues de notre temps est la domination du droit international par des puissances. Les grandes puissances militaires se permettent n’importe quoi et croient en être autorisées; au niveau de l’armement nucléaire, par exemple, cela s’en ressent car lorsque des codes de lois, les principes du droit international, n'ont pas de force coercitive pour obliger tous à les respecter et que tel empire se croit permis de les violer impunément par son statut, nul autre pays n'est tenu de s'y astreindre. Les lois régissent tous ou personne! Une autre aberration tout à fait ravageuse contre les producteurs rudes travailleurs du monde entier, c’est la prépondérance de certaines véreuses institutions financières du nord néocolonialiste, qui ne produisent rien mais déterminent et dominent légalement le sort des travailleurs planétaires par leur spéculation, un peu comme le banquier qui ne produit strictement rien, a le droit légal de créer l’argent dont il endette le travailleur en pleine prétendue démocratie!

Pour revenir à la dialectique du sens contre l’aberration, disons que seule la culture du juste regard spirituel, supralogique et logique, rationnel et intuitionnel pour la bonne saisie des faits, des situations et des choses, minimise la masse agressive et invasive des aberrations dans un ordre du monde menteur et un environnement mensonger, qui cultivent l’un et l’autre la facticité distillée dans les pires hypocrisies à des fins macabres de déstabilisation et de domination des individus. Le monde est le lieu de l’expropriation de la souveraineté individuelle par la puissance sophiste des aberrations fortement idéologisées et forcément convenues selon la logique déviante de l’ordre oligarchique, un ordre qui procède par façonnement des représentations collectives et par la dislocation des entendements individuels…

Priez et veillez conte l’aberration métaphysique.

De notre point de vue de croyant chrétien, nous reprendrons ici le « Priez et veillez » du Christ aux foules, c’est-à-dire, méditez spirituellement toute action et situation en demandant à Dieu son assistance de lumière quant à l’intelligence métaphysique qu’il octroie à quiconque croit, car seule la prière méditante nous fera échapper à cet ordre des choses qui agite les humains en égarés du tangible. Priez et veillez loin de la curie qui se pavane dans sa soi disant consécration officielle tenant lieu de statut sacral en ânonnant les redites convenues avec ostentation! Priez et veillez en votre for intérieur sans trompette ni curie car Dieu Seul, en sa miséricorde, nous garde de l’aberration métaphysique, cette perdition des égarés du sensible dévorés par l’absurdité matérialiste des conjonctures et des finitudes. Nous avons ici à abattre la catégorie d’aberrations métaphysiques et leur ravage perceptionnel, où les perceptions hypermatérialistes sous-tendent une représentation totalement erronée réduisant tout au sensible, représentation réductrice du monde au matériel. Aberrations qui doivent être exorcisées par l’esprit bien ancré en sa nature. L’esprit ne peut se construire ni se conquérir sans vaincre les mensonges et demi-vérités qui jalonnent sa voie pour le détourner de lui-même et de sa vocation supérieure qui passe par la route déroutante des mirages de l’ici-bas.

Aberrations idéologiques.

Le monde est pour l’homme le champ des combats du sens contre les aberrations. Les aberrations idéologiques qui impriment la conception collective dans la société, orchestrent les grandes injustices, et c’est pourquoi démasquer les convenances sociales à l’injustice en général où les uns profitent en toute légalité des autres qu’ils mènent par les structures de domination, constitue un dévolu du citoyen assumé ayant dépassé le simple stade d’individu-fonction au coeur du collectif. La plus dégradante des erreurs, la plus ignoble aberration que l’homme puisse commettre à ses propres dépens et contre l’humanité, c’est de se croire obligé d’acquiescer les non sens convenus et adoptés de quasi tous à cause de leur popularité auprès du grand nombre, pour être en phase avec la majorité! La majorité peut, en certaines circonstances, être la plus abominable entité à laquelle s’ajuster!

Savoir être minoritaire et parfois solitaire parmi même ceux qui devraient être les premiers soutiens de notre vision juste, est aussi le courage transcendant du sage, face au flot débilement populaire de fréquentes convenances et aberrations.

Avoir la probité intellectuelle pour dépasser des aberrations idéologiques politiques ou religieuses et exiger de vivre selon la justesse de la raison et de la justice vis-à-vis de ce qui relève de la sphère du tangible connaissable de ce monde, est un pas décisif de tout esprit humain voulant être digne de la vocation de son entendement!

Toute justification ou tendance à justifier des spéciosités par intérêt ou lâcheté ou encore par complexe d’infériorité selon la sinistre identification du complexé à ceux qu’ils croient trop « supérieurs » pour ne pas les suivre servilement, est coupable d’aberration parce que dérogation honteuse à la dignité de l’esprit, sinistre déni d’intelligence et complicité dégradante avec les manipulateurs idéologiques qui usent de leur logique aberrante pour contrôler les majorités.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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