Par Camille Loty Malebranche
Dans nos rapports à autrui, il est parfois un dilemme pour nous qui aimons la vérité et respectons l’autre: c’est le jusqu’où peut-on et doit-on être ouvert et véridique par nos dires ou nos aveux à autrui? Ici, je ne parle pas d’hypocrisie ou de mensonge qui portent le projet de manipulation ou de domination pour faire mal au prochain, mais de capacité d’encaissement de telle révélation impliquant la vie de tel interlocuteur ou allocutaire. De toute manière, un mensonge sain pour sauver un homme, est en soi une œuvre de charité. Mentir à l’enfant qui refuse de boire son médicament amer pour l’inciter à l’absorber, est une technique saine de protection.
Pour revenir à mes propos liminaires, nous devons constater que l’homme, être émotif et sensible, n’est pas un réceptacle passif mais une conscience de métabolisation des propos reçus en communication. Conscience hyper-réactive! Conscience dont il faut bien cerner l’âge mental, intellectuel, métaphysique, émotionnel pour que le bien que l’on veut communiquer ne devienne une catastrophe par l’incompréhension, le malentendu.
La Discrétion n’est ni mensonge ni hypocrisie.
La discrétion se distingue de l’hypocrisie et du mensonge par sa finalité neutre ou bienfaitrice. Là où le mensonge et l’hypocrisie visent à manipuler, à faire souffrir, à exploiter..., la discrétion est délicate finesse pour se protéger ou protéger autrui sans provoquer de maux ou de souffrances. Sans esprit narcissique de perversion dominatrice, de duplicité ou de haine. Éviter tout dégât et empêcher tout préjudice à soi-même et à l’autre, voilà le but noble que poursuit l’homme discret dans son expression, son action qui, sans la discrétion discernante, peut engendrer des interprétations fallacieuses désastreuses, des diffamations et des réactions émotives erronées, douloureuses voire destructrices ou irréparables. Car une vérité dévoilée à une conscience humaine non à même de l’assimiler et de l’interpréter en toute maturité, risque de dévier en motivation au mauvais et de faire très mal, retournée maladroitement contre ladite conscience et contre tous. Ce qui est un galvaudage de la vérité dont le but est et doit être toujours le bien. Ainsi, la vérité doit rester à l’usage de ceux qui peuvent l’accueillir sereinement et l’assumer par des usages sains dans la pensée et l’action.
Être discret pour éviter le fourvoiement de l’interlocuteur en face de moi ou de l’auditoire vaste qui m’écoute, est un pouvoir discrétionnaire de ma conscience jugeant du niveau de mon allocutaire.
Dans certaines circonstances, dire la vérité, toute la vérité, doit être toujours une décision responsable face à l’autre qui accueillera cette vérité. Quand la vérité risque d’être désastreuse contre le bon sens et le bien, la discrétion est un art de la juste mesure du messager qui s’exprime et communique, afin de préserver l’équilibre émotionnel et agissant de ses auditeurs, lecteurs ou interlocuteurs, en tenant compte de leur niveau de maturité.
Pour illustrer la pertinence de la discrétion plutôt que l’aveu d’une vérité qui peut tout détruire, choisissons le mot « positif » en guise d’exemple : en cas de test médical, être positif implique le mal c’est-à-dire la présence de la maladie, alors qu’ailleurs, être positif face aux défis du monde, est le bien nécessaire pour agir et vaincre. De même, pour respecter la logique contextuelle, être véridique avec un aliéné, un arriéré ou un immature est purement contre-productif, alors que la vérité renforce l’homme mûr et digne de son dévoilement. Car une vérité, une information est richesse et connaissance pour la conscience mûre mais incitation à la déviance et aux exactions pour un immature, une brute. Tout est donc question d’âge mental, intellectuel, spirituel et émotionnel du destinataire. La discrétion bien ordonnée est la posture du communicateur qui sait bien discerner en évaluant le niveau global de son interlocuteur. Et gare à celui qui dit la vérité à cet ami, mari excessif que sa femme trompe, lequel rentrant chez lui, la tue dans sa colère!... Ce dernier cas, nous met en présence de l’hypocrisie et du mensonge de la vilaine femme adultère, sans pour autant laver la grave faute d’indiscrétion de l’informateur...
Dans le strict contexte de la communication interindividuelle, en certaines occurrences, notamment de tempérament d’émotion insoutenable et foudroyante ou de caractère en risque de grave méprise déviante pouvant conduire à l’irréparable, une discrétion qui protège, vaut mieux que mille vérités dérisoires qui ne peuvent rien corriger mais détruisent leur destinataire. Un interlocuteur intéressant - pas un complexé méchant, sottement arrogant et de mauvaise foi - qui n’a pas le stade de maturité et de finesse pour pénétrer certaines vérités subtiles, doit être finement épargné de l’évocation de ces vérités quand nous lui parlons, sinon, il deviendra bêtement un ennemi, alors qu’il nous est cher! Toutefois, en aucun cas, il ne faut ménager quiconque quand il s’agit de dénoncer une grave injustice entretenant de grandes souffrances objectives, ne jamais ménager les monstres ou prédateurs avec leurs mensonges idéologiques responsables de tant de maux dont on cache les causes humaines. Non, jamais aucune discrétion protégeant les minotaures du pouvoir politique, religieux, financier qui séquestrent les biens communs des peuples et des humains! Nous avons le devoir de vérité, de toute la vérité, quand il s’agit de proclamer les vrais principes spirituels, tout comme lorsqu’il faut dire haut et fort les faits non révélés aux masses bernées par les prédateurs politiques et économiques qui profitent du monde entier à travers le mensonge et la désinformation, orchestrant l’ignorance des majorités sciemment maintenues désinformées sur les causes de leur propre condition!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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