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Par Camille Loty Malebranche

 

Contempler, c’est être ravi au point de se sentir une part de l’être contemplé.

Le contemplatif est un sollicité sentimental si puissamment happé, affecté par l’être contemplé, qu’il finit en quelque sorte par entrer dans le champ de celui-ci pour vivre son univers qui devient l’univers du contemplatif.

La contemplation - cet affect de l’émerveillement qui engendre tout un imaginaire de représentation, ce transport émotionnel de ravissement en situation - est un stade particulièrement élevé de la fascination. Une fascination si forte, qu’elle nous fait participant de l’univers de la magnificence qui nous éblouit, selon sa sphère humaine ou suprahumaine de splendeur. 

La fascination touche et émeut mais la contemplation, par delà l’émotion charriée, nous meut et fait agir comme par engagement envers le contemplé, tout en dévoilant le sens profondément supérieur de la sensibilité abstractive de l’homme qui y dépasse toute dimension somatique pour vivre dans l’éprouvement d’un affect fort qui l’émeut, le meut… Le contemplatif est un homme dont la conscience est mue intérieurement sous l’action d’une splendeur qui le ravit hors de soi. Et pourquoi, les plus belles créations artistiques, les plus touchantes œuvres esthétiques passent ou tout simplement proviennent de la contemplation devenue un moment si insoutenable par son flot passionnel, son attraction irrésistible qui inspire, sort, s'exprime à travers le chant de l’artiste.

Force est de remarquer que chez l’artiste, la contemplation est une seconde nature, une latence caractérielle caractéristique, un état psychique sous-jacent qui surgit beaucoup plus fréquemment que chez le non artiste. C’est littéralement ce que le commun critique parfois comme rêverie et désigne comme tempérament aérien chez l’artiste qui vit « sur un nuage »… 

L’univers de la contemplation est un champ magnétique pour la sensibilité, un aimant de cette puissance éblouissante qui touche un humain au point de capter tel un aimant captant et maintenant une limaille de fer, toute disponibilité mentale du contemplatif.

La contemplation n’est pas sans une prédisposition, sans une culture, sans une représentation du monde qui prédétermine la sensibilité. Le niveau et le type de conscience sous-tendant l’envergure de la sensibilité, est ce qui imprime la forme de contemplation. Un jeune sportif contemplera le jeu des grands de son sport favori, alors que la jeune aspirante ballerine sera contemplative devant un spectacle du « Lac des cygnes ». 

Contemplation de l’éros à la spiritualité. 

Il faut distinguer le transport psychologique de la contemplation qui est strictement émotionnel non charnel, de l’attraction physique et pulsionnel même si l’un peut entraîner l’autre. Car je peux être attiré par les appâts érotiques d’une femme et ne pas la contempler du tout, cela n’implique pas nécessairement ceci. Heureux l’amant ou l’amante qui peut déclencher la contemplation chez l’autre! 

Le plan spirituel (à tout le moins chrétien) semble le seul domaine où la contemplation humaine du croyant pour son Dieu, est affaire de deux personnes, de deux consciences en ignition fusionnelles. D’où, l’on saisit les débordements de la possession qui n’est ni crise ni délire dans une spiritualité saine comme le christianisme, mais puissance  passionnelle de la piété inaccessible au simple mortel sans la foi. Ravissement devant et en l’unique Ineffable qu’est Dieu qui m’imprègne à un moment insoutenable de piété et d’exaltation intérieure du mystère infini de Dieu par la foi.

Ma plus intense contemplation commence lorsque le chant en mes profondeurs d’esprit, suit le chant divin de la vie et de l'amour par l'éteinte immatérielle pourtant tangible en mes tréfonds que la foi enchante...

Les trois formes de la contemplation.

La contemplation a trois schèmes particuliers trois caractères selon la source qui la déclenche :

a) La contemplation atypique sous-tendue par un étant non humain voire infrahumain, qui peut être une chose, ici je vois un phénomène de la nature tel un crépuscule, un vol d’oiseau. 

b) L'anthropo-contemplation qui a rapport à l'humain tel un emportement amoureux, l'admiration d'un héros historique, l'éblouissement intellectuel par un grand penseur. 

c) La Théo-contemplation, émerveillement métaphysique, mystique devant la sphère divine, adoration de l’Étant divin dans l'extase du ravissement spirituel qu’il déclenche. 

En tout cas, la contemplation confine à une puissante attraction et touchera la conscience du contemplatif selon son stade de culture, de représentation de soi et de l’être en général.

La contemplation divine - au-delà des formes non sacrées de contemplations - est une sorte de rappel du soi à lui-même, un souvenir de l'esprit humain de sa propre nature hautement profonde et céleste et qui s'élève vers sa Source Éternelle qu'est l'Esprit divin.

Si tu peux te contempler toi-même sans narcissisme, parce que tu suis la transcendante voie régalienne de ta nature sans céder aux pressions d’un monde dénaturant, tu seras alors digne de contempler la splendeur de Dieu qui t’a fait esprit à son Image, où tu es comme le missionnaire de ton être à réaliser dans sa vérité contre tous les mensonges du monde et les illusions du sensible.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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Tag(s) : #Monde du Concept
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