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Par Camille Loty Malebranche

 

Ce que j'appelle « le charnel » renvoie à la posture déviante de l'esprit dévié qui galvaude sa vérité et avilit son essence par un comportement indigne à travers sa pensée et son action. C'est donc le champ malsain de l'aliénation métaphysique. Le charnel psychologique est la culture du charnel susdit érigé en mode de vie et de vision du monde chez un humain incapable de s'élever au stade de personne humaine spirituelle. Il faut ici rappeler que seul l'esprit renvoie au charnel car une fois substantivé par le langage métaphysique, cet adjectif évoque non plus le somatique mais le contexte d'un mode de vision et d'action, ces attributs de l'esprit comme conscience pensante et agissante.

Nous sommes des perfectibles, et l'état d'une conscience perfectible est celui d'un coureur évolutif qui brise ses manques et constamment contourne ou transcende ses faiblesses pour tendre vers le parfait inatteignable. La peccabilité est la condition liée à nos propres dénégations latentes de notre vérité humaine profonde et supérieure dans un monde où le bien est un idéal à poursuivre avec acharnement alors que le mal tient du laisser-aller, de cet amorphisme qu'est l'abandon de soi au charnel et à l'antispirituel sévissant dans le monde. 

Il n'y a pas d'acte profane au plan moral métaphysique, car chaque acte grand ou vil exprime l'état ponctuel de l'esprit, et cette sorte de vicissitude manifeste de l'agir nous démontre la grande dépendance de tout humain, inaptes que nous sommes par nous-mêmes à correspondre au mérite du salut sans le secours d'un Rédempteur. 
 
La peccabilité est la condition métaphysique de l'homme pris dans l'imperfection de cette existence où tout le mérite humain somme toute, spirituel, est dans l'évolution méliorative qui répond à la perfectibilité de l'individu accomplissant par l'étude et la pratique, la foi et la piété, son humanité effective, sa vocation plénière de personne.

 
Le péché est offense contre la Justice qui est congruence avec l'esprit, notre vraie nature. La Justice étant la vie selon le Véritable, elle est donc la vie selon les principes spirituels supérieurs de la déité où l'homme assume son essence émanée de l'essence divine. Une voie donc qui doit toujours primer pour l’homme en route vers l’accomplissement de sa propre nature sur la terre. Voilà pourquoi, parmi les manières de léser le Véritable, la négation de Dieu dans une conscience humaine est avant tout négation de la nature humaine perdue par une conscience engluée dans la fausseté et vivant contre soi. 

Les pires péchés sont ceux qui s’insurgent contre l’Être de Dieu, que j’appelle les deux grandes théonégations constituées par l’idolâtrie et l’impiété. L’idolâtrie est la prostitution de l'esprit qui adore et sert par ignorance grivoise ou par affairisme flatteur un autre être, une autre entité que Dieu. C’est donc léser la gloire divine pour un être autre. L’impiété est l'indifférence envers Dieu, elle recèle de tous les refus de Dieu par le scepticisme. Elle prend des noms divers comme athéisme, nihilisme..., et se déverse par des ignominies comportementales telles le blasphème, la simonie et toutes sortes d’abominations.

Je prends conscience de ma peccabilité qui est ma propre zone d'ombre potentiellement autodestructrice, toutefois j'exulte en mon être intime lorsque je me rappelle la faculté de transcendance qui est en moi, imago Dei et je suis pantois d'extase quand je sais toute l’action divine de rédemption entreprise par manière de justification, par delà la condition pécheresse espécielle, à l’homme de foi. 

Le devoir de l'esprit est de reconnaître que la voie de la victoire sur la peccabilité est le retour permanent aux sources spirituelles dans la détermination de sa volonté de vivre juste selon son essence, dans un monde où la vérité essentielle est masquée par le matériel, et inaccessible au tangible.

Tous les sacrifices vétérotestamentaires n'existaient que pour faire sentir, par l'effet spéculaire des symboles et du rite, à l'entendement humain, la gravité du péché et de ses conséquences funestes et létales, en tant que le péché coupe l'homme de sa propre nature et ainsi de Dieu, la Source de son essence; le péché entrave le seul rapport sain de l'homme à sa propre nature profonde. Dieu n'a jamais ni accueilli ni respiré la fumée des bêtes; Esprit, il ne saurait manger ou aspirer de matière organique! Le sang des effusions sacrificielles, par sa puissance évocatrice de la vie, frappant la sensibilité humaine, était pour faire éprouver aux pécheurs leur terrible forfaiture spirituelle et la damnation que de devenir un aliéné métaphysique, un perdu dans son être méconnu par le péché non reconnu pour le mal autodestructeur car dénaturant qu'il est. Il n'est pire mort que celle à sa propre nature! La mort des bêtes évoquait donc par allusivité, la mort qu'est le péché pour qui s'y complaît en refusant le repentir et la conversion. Seuls les tangibles manifestations du mal peuvent donner une certaine perception du désastre de la désertion spirituelle qu'est l'abandon au mal, voilà pourquoi le sang innocent de l'agneau pascal jusqu'au sang pur de Jésus, incarnation de la pureté divino-humaine quand Dieu et l'homme sont pleinement en fusion, a coulé pour montrer aux hommes le prix de la justice ontologique sans quoi, l'humain finit par perdre l'être, par mourir de la seconde mort, l'irréparable et irréversible mort, celle de l'esprit perdu sans Dieu et inapte à vivre.

La puissance christique de Jésus notre Sauveur envoyé du Père, c'est de nous délivrer de nous-mêmes, de nos terreaux qui accueillent le tentateur par nos propres inclinations indignes et antispirituelles. Rien, aucun défaut, aucune inclination indigne, aucune tendance malsaine, aucune persécution spirituelle par le tentateur ne peut vaincre le racheté de Jésus-Christ qui, ayant accepté son propre salut de la part du Christ, est divinement préservé par le Paraclet, justifié, déclaré juste par Dieu Lui-même, selon les mérites du sacrifice du Rédempteur qu'il s'applique par la Foi dans le salut que Dieu nous donne en Jésus. Ainsi, comme l'apôtre, crions qu'«il n'y a pas de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ»! 

Il n'y a pas de damnation, ni de condamnation pour le croyant chrétien parce que pour être damné, il faut être prédestiné au mal; et pour être condamné, il faut être jugé! Or Dieu ne maudit personne avant sa naissance et n'entre jamais en jugement avec les siens qui croient en lui comme Créateur et Père tout en acceptant le Salut offert en Christ. C'est pourquoi sur la route du désastre de la mort de l'esprit qui guette à chaque pas le parcours de l'homme dans ce monde de péchés, Dieu assiste et accompagne les siens par le Saint-Esprit, sa dimension de Paraclet dans la vie de l'homme, et ainsi, garantit au croyant véritable, le salut que tout jugement aurait empêché vu que tous sont pécheurs condamnables et indignes de l'éternité.

Vaincre le charnel, refuser le charnel psychologique et sa tare immanente de la peccabilité, est le combat de la foi en union avec Dieu qui rend l'esprit harmonieux dans son essence pour transcender les appels pulsionnels et se relever du péché, ces chutes intempestives qui voudraient entraver la transcendance, l'extase pieuse et sacrée. La transcendance par la piété intérieure consciente et subconsciente permanente, est, dans la sphère de l’extase espécielle - cette immanence du triple appel de la transcendance en nous (sacrée, esthétique et amoureuse) - la part supérieure, celle de l'extase sacrée, car c'est ici-bas l’aménagement mental du spirituel, le principal espace conscientiel subjectif et objectif de la vie selon l'esprit.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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