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Par Camille Loty Malebranche

 

L’influence - comme la foudre qui ne tombe pas par hasard où elle tombe - n’atteint jamais sans causes et déterminations humaines et sociales imprégnant affects et représentations, le sujet humain qu’elle atteint. L’influence est adresse de percepts à la sensibilité d’une conscience libre dont les affects et les représentations feront une conception dans la pensée et l’action. 

 

L’influence est conditionnement mental d’ordre persuasif, non convictif en tant que la conviction demande une sorte de didactique pédagogique pour prendre forme et porte essentiellement sur l’orientation du sujet humain en pleine conscience de cette orientation à court ou à long terme. Il faut aussi spécifier ici que la persuasion se distingue des conditionnements naturels et hormonaux tels les pulsions ou les réflexes et des conditionnements pathologiques telles les addictions. L’influenceur vrai, usant de son tact, persuade mais ne convainc pas; et c’est pourquoi il n’est pas directement mis en cause dans le comportement de son influencé à la différence du meneur instigateur de l’acte commandé à autrui.

 

À partir d’un certain stade et âge de développement mental, l’influence soi disant subie est un choix, choix assez souvent inassumé de la conscience façonnée par l’éducation, la culture, l’histoire personnelle et donc prédisposée à ce qui la meut de l’extérieur. On peut sciemment choisir d’être influencé par le bien, par ce qui nous touche comme modèle. Il s’agit ici du stade de conscience du sujet jugeant et choisissant les valeurs par lesquelles il se fait influencer, pour se déterminer par la qualité de l’influence adoptée.

 

Dans quelles que soient les occurrences d’influence, l’influencé est lui-même part non passive de son influencement. Une pulsion, telle une pratique malsaine liée à un groupe fréquenté par l’individu, ne constitue pas en soi une influence, même si pour en être curé, le sujet doit commencer par abandonner ledit groupe pour ensuite, comme en tout cas de conditionnement somato-psychique, opérer un désapprentissage et un mode de persuasion curatif par la rééducation des sens et des réflexes. Par contre, l’influence culturelle par des idées et coutumes jugées mauvaises, fût-elle religieuse, le religieux étant toujours plus fort plus ancré que le profane, se jugule par le dépassement intellectuel, l’adoption de nouvelles idées différentes et saines. Ici, nous devons souligner qu’il existe des influences idéelles qui se résorbent par l’apprentissage d’autres idées si l’on découvre que les idées reçues, sont indignes; et des influences émotives qui s’inscrivent dans des rapports affectifs. Dans le cas des influences émotives, nous sommes particulièrement en présence de la complexité des affects humains et des prédispositions à des types d’affects.

 

Le principal caractère de l’influence ordinaire non volontairement ou tendanciellement choisie donc subie, c’est sa subtilité et la discrétion persuasive par l’habileté de l’influenceur. Quand vient la coercition même indirecte telle le chantage, il n’est plus question d’influence mais de pression voire d’oppression d’une force autoritaire. L’influence est contrôlable voire refusable selon le degré de maturité du sujet ciblé, lequel devient objet lorsquil est assujetti sans le savoir par laction de l’influenceur qui peut être un individu ou une institution exerçant ses suggestions mentales et comportementales.

 

L’influence déviante est la manifestation de tares enfouies soit identifiées soit insoupçonnées chez soi par l’influencé qui, sous l’appel de l’autre, montent comme irrépressiblement à la surface de l’envie, du désir ou de l’attirance, et peuvent, sans un exercice mental de résistance et une capacité forte et éprouvée de transcendance, entraîner des passages à l’acte. Dans notre société de manipulation où l’éducation vise à dresser l’individu et à dompter les consciences pour les réifier, les instrumentaliser au service de la fonctionnalité systémique, nous avons une collectivité d’analphabètes inconscients car fonctionnels - ceux que j'appelle les scolarisés analphabètes - inaptes à lire par eux-mêmes le faire social et idéologique pour identifier les codes de la mauvaiseté et de la fausseté sévissant en eux, codes qui influencent leur prétendue souveraineté agissante, la soi disant liberté de leur comportement réduit au stade de réflexe fonctionnel. 

 

Se distancier des influences culturelles et de la rection sociale qui y sévit, est un préalable à toute liberté, une liberté qui affirme le soi par l’assumation lucide de l’héritage culturel charriant à travers toutes les institutions, les bons et les mauvais de l’humain en action dans le monde. Enfin s’examiner toujours et chaque jour pour débusquer l’influence inconsciente qui nous fait agir afin de la dominer en la gardant ou la rejetant selon sa nature digne ou non, voilà une exigence de notre dignité et liberté de personne humaine plénière.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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