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Par Camille Loty Malebranche

 

La société industrielle, société de consommation par vocation, a été « unidimensionnelle », ainsi que la percevait Marcuse au temps de la société mécanicienne… Société réductrice de l’homme à une seule dimension, celle de l’économie marchande et de son idéologie grossièrement matérialiste. Nous devons préciser que la société mécanicienne régnait à l’époque de l’économisme, où le capitalisme était encore orienté vers la production et l’économie reflétant la réalité du travail des producteurs malgré les immondes injustices du mode de ladite production.

 

Aujourd’hui, il suffit de constater les ravages de l’économie virtuelle des organes mondiaux de la finance technologiquement corsés par l’automation à l’heure de la cybernétique, coïncidemment heure de la financiarisation paroxystique de l’économie, pour saisir que nous vivons au temps du financiarisme et que l’homme et la société d’aujourd’hui ont disparu des contours d’une quelconque dimension définie. 

 

Nous sommes à l’heure des hommes adimensionnels, dans ce qu’il convient d’appeler l’ère de la société-vacuum et son idéologie de la vacuité. Mais attention, l’idéologie de la vacuité est loin d’être vide ou d’être elle-même du vide car elle est pleine de toutes les facticités et manipulations que les organes idéologiques de l’État peuvent véhiculer. Le faux, le mensonger, s’ils réfèrent leurs victimes au vide, c’est-à-dire à ce qui n’est pas, font quand même fonction d’un plein en leur mental, leur imaginaire, leur représentation du monde, leurs affects conditionnés que les arguties de ladite idéologie construisent en rudiments macabres de la réalité pour les individus et groupes qu’ils imprègnent…



L’homme et la société vivent dans un non être gigotant où l’économie elle-même est fausse et virtualisée. Où toutes les propriétés du plus riche des hommes peuvent s’effacer d’un clic de souris informatique. L’homme lui-même, en hologramme hyperactif qui se perd dans l’indéfinition de l’action volée à sa conscience par l’ordre du monde, n’a plus de rapport consistant avec son être désubstantialisé. Les spéculations de la finance, pour y revenir, ont fini par égruger l’homo oeconomicus pour imposer le règne de la virtualité de l’argent. L’automation ayant supplanté le temps de la simple machine de la société dite mécanicienne, les donnes ont changé et le peu de substance a disparu de cette factualité active que l’on appelle improprement la réalité. La réalité ou plutôt la Factualité active de notre société est elle-même emportée par une cybernétique collective jouant le deus ex machina sous la kunée des structures et le pouvoir sans pitié du virtuel qui en sourd.


Dans la cybernétique dominant la plus essentielle des activités sociales au contexte hypermatérialiste de notre temps, je cite l’économique, il est clair que l’homme n’a même plus la dimension d’agent économique (car un agent est par définition, souverain), mais est refaçonné patient d’un financiarisme qui peut se permettre au gré des volontés des establishments contrôlant les machines financières de fixer la valeur du travail des humains par les caprices boursiers, de séquestrer les sommes épargnées par des individus selon les besoins déterminés par des conjonctures; les cas de l’argent des accusés de terrorisme sont ici probants, sans oublier la manipulation de la valeur de la monnaie elle-même… Tout cela constitue le visage impassible et morbide de l’adimensionnalité de la société actuellement financiariste et de ses ressortissants pris au piège de l
évanescence voire de la désignification de la politique faite vanité et inessentialité par un État à la solde de quelques oligarques ploutocrates.



Dans un monde qui ravale tout au numéraire virtuel et réinvente l’homme aux rabais de l’avoir fantasque et de son symbole qu’est l’argent, il n’y a tout simplement plus d’humanité, il n’y a qu’un simulacre conceptuel qui ose appliquer le prédicat « humaine » à une espèce socialement réifiée, décomposée, très loin de la vérité de son essence originaire. Le capitalisme et sa vénalité sacrilège mettant à mort tout ce qui n’est pas rentable, n’en finit pas de signer la conspuation voire la disparition de l’homme au pressoir idéologique des aberrations morbides où priment l’infamie cinglante, le délire du règne de l’avoir compulsivement accumulé par des humains sans être véritable à le posséder et humainement l’utiliser.


CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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