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Par Camille Loty Malebranche

 

Les dernières initiatives d’Obama ayant abouti au fameux accord tant médiatisé sur le nucléaire avec l’Iran et le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, constituent deux percées en porte-à-faux d’un jeu politique, qui, en fait, n’ont ni le socle réel de leur maintien ni les bases idéologiques selon la nature extrêmement différente des États-unis par rapport à chacun des deux pays concernés.

 

Dans ce billet, je ne verrai que le cas de l’Iran, nous reviendrons sans doute un jour prochain pour interroger celui non moins flou et fragile des relations étasuniano-cubaines.

 

Tout d’abord, il s’agit d’un coup d’audace du président Obama sur la question du nucléaire iranien, qui tient à la fois de la volonté de montrer autant à Netanyahu qu’au puissant lobby juif étasunien Aipac, que leur peu de considération pour la présidence étasunienne constitue de la témérité punissable, car quoiqu’il arrive, malgré ses limites et contingences politiques, le président des États-unis est celui qui en dernier ressort, définit la politique extérieure notamment diplomatique de l’État fédéral d’Amérique du nord. Cela a donc une odeur de petite revanche personnelle du président Obama sautant sur le sujet sensible d’une prétendue éventuelle capacité et volonté iranienne de fabriquer une bombe nucléaire. D’ailleurs, sur cet aspect de la question, on sait qu’Israël lui-même nanti de l’arme nucléaire, cherche surtout à nuire à l’économie iranienne par une propagande pseudo sécuritaire où la république islamique fait figure de prétexte aux nuisances par toutes sortes de sanctions économiques, diplomatique sans omettre l’isolement partiel dû à l’embargo subi par l’Iran de la part des occidentaux alliés de Washington. Là, l’on comprend qu’Obama a marqué un point sur les arrogants contempteurs de l’Aipac, groupe de pression dont Netanyahu tire conséquence pour infliger son mépris affiché envers la Maison Blanche. En permettant un desserrement de l’économie iranienne, Obama renforce l’ennemi des sionistes au pouvoir, malgré les récentes déclarations d’Ash Carter, haut fonctionnaire étasunien du gouvernement d’Obama, ce lundi 20 juillet 2015, sur l’option militaire toujours en vigueur contre l’Iran si celui-ci menaçait l’existence et la sécurité d’Israël.

 

En dehors de considérations logiques sur l’illégitimité du refus du droit à l’arme nucléaire à l’Iran alors que s’en gave Israël, ce qui renvoie à de la pure aberration discriminatoire interétatique, l’accord avec l’Iran que Netanyahu pourfend désormais avec tous les moyens et toute la sinistre propagande sioniste à sa disposition, est comme suspendu aux basque d’un président étasunien en fin de mandat qui ne saurait garantir à travers la force pérenne institutionnelle et étatique, le respect des termes dudit accord par son pays signataire, une fois qu’il aura laissé le pouvoir. Personnellement, j’imagine mal un Trump ou un Bush maintenant ce contact à minima de respect des Usa envers l’Iran pour ne pas saper l’accord sur le nucléaire lorsqu’on sait l’excentricité et le peu de scrupule voire de culture diplomatique voire globale de ces politiciens républicains candidats à la succession d’Obama. Et, même dans l’hypothèse de l’arrivée d’une Hillary Clinton démocrate, après Obama, nul ne peut, hors de tout doute raisonnable, prétendre qu’elle maintiendra ledit accord.

 

Iran-Usa Un mur mytho-idéologique plus fort que la diplomatie.

 

Tant que l’Iran demeurera une république islamique chiite, l’aversion des iraniens pour les étasuniens et vice versa, sera un mur quasi infranchissable à toute relation sereine entre ces deux sociétés. Là, nous ne pouvons que constater le primat du mytho-religieux sur les artifices politiques ou diplomatiques. Le peu de partage serein que se peuvent les États, doit au moins profiter d’une neutralité des rapports entre leurs sociétés. Une société comme l’étasunienne foncièrement impérialiste par la finance et les multinationales quoique se servant des sectes protestantes pour asservir mentalement les peuples ciblés par son impérialisme, ne peut ne pas se heurter contre la société iranienne musulmane quasi théocratique, où le capitalisme est constamment subverti par la religion et où celle-ci constitue le fond idéologique primant toute institution, que celle-ci soit politique, économique ou diplomatique.

 

Pour revenir au coup de revanche, coup d’habileté d’Obama, il faut ici le lui accorder, il est intéressant de rappeler ici la différence entre le séducteur qu’est, en l’occurrence, Obama, et le charmant.

 

La séduction, un peu comme la conçoivent Kierkegaard puis Baudrillard, est toujours affaire de parure, de stratégie, d’ostentation pour attirer, où l’artifice renvoie à ses deux disséminations sémantiques adjectivales que sont l’artificiel et l’artificieux. Bref, le séducteur procède par la surenchère d’effets recherchés pour ravir en se faisant voir. La séduction prend forme par le mirage hyperostentatoire du geste séducteur. Remarquons ici que le charmeur est un séducteur qui mime du charme.

 

Le charme, lui, n’a que faire des manières non naturelles, il est immanent à la nature dont il émane. Une belle fleur odorante est naturellement charmante, une jolie femme se penchant pour ramasser sa monnaie, qu’un homme voit de loin, sans même qu’elle ne le remarque, le brise de son charme féminin au point que le mâle fera tout en son pouvoir pour la rencontrer si possible ne serait-ce que pour la regarder de près. Le charme est la fascination par le captage de l’instinct et de l’éveil d’affect par la naturalité…

 

Ainsi donc, les conquêtes de la séduction, fussent-elles politiques - à l’image de son champ érotique, celui de la catin et de l’hétaïre faisant branler sexuellement leurs séduits - sont peu fiables quant à l’épreuve du temps, vu la faiblesse de leur fondement malgré l’intensité qu’elles puissent receler au départ. Aujourd’hui, soit, iraniens et étasuniens se séduisent dans le ludique politique d’un accord, mais gare à celui qui croit à un quelconque fond de confiance entre ces importuns que tout, surtout leur nature mythologique sociale et mentale, sépare comme par une redoutable cloison d’acier immatérielle, invisible…

 

L’Iran et les Usa, en leur sillage d’antagonisme et de rivalité géostratégique au golfe persique et au Proche-Orient en général, nous placent devant une sorte d’énigme politique quant à leur futur de conflictualité et de diplomatie, un futur que ni Argos ni Janus ne peuvent voir ni prévoir dans toute sa complexité en devenir.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Tag(s) : #Monde du Concept, #Actualité, #Dossiers spéciaux, #articles et vidéos
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