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Par Camille Loty Malebranche

 

Le propre de la nature humaine est de manipuler voire de contourner la nature pour l’ajuster à ses vœux. La nature humaine est le centre du sens, la conscience herméneutique de l’univers qui, forte de ses percepts, choisit son rapport au cosmos voire la définition du cosmos.

 

La nature humaine crée la culture partout où se trouvent les hommes; la manifestation interprétative du monde est le signe sans équivoque que la nature humaine est fondatrice ou lectrice du sens car la culture n'est jamais qu'interprétation de ce qui est. Toutefois - comme un retour de l'effet sur sa cause - à travers les sociétés, en désignant la signification des êtres et choses, la culture va déterminer l'orientation que l'homme imprime à sa nature pour cheminer dans le sens culturellement établi.

 

La nature au piège de la culture.

 

La nature est - ne serait-ce que par notre corps et les éléments immédiats, air, eau, terre… - la proximité usuelle, le connu en nous. Pourtant, paradoxe, la nature est aussi une mère dominatrice, une terrible mégère souveraine, souvent inatteignable. Quel humain dictera à la nature de ne pas frapper par ses cataclysmes, quel mortel dira à la nature, qu’il refuse de mourir le temps venu?... D’où, tout ce qui renvoie à la nature humaine est utilitaire ou sacré selon les occurrences. Et au stade ontologique, dans le rapport à son être, l’homme ne peut que constater que la nature constitue sa substance tant immatérielle qu’organique voulue par Dieu ou à tout le moins, l’univers, selon l’herméneutique croyante ou incroyante de l’humain qui juge. Il faut ici constater que la contre-nature est de fait contre la nature humaine, l’homme étant membre de la nature. La nature rappelle à l’homme la déité ou la cosmicité créationnelle: c’est Dieu ou le cosmos qui crée cette œuvre colossale, mystérieuse à bien des égards; et l’humanité créée est donc née pour vivre avec la nature, la substance du créé qui l’entoure et qui le détermine au plan organique mais aussi avec cette autre nature intangible que sa conscience ne cesse d’entrevoir comme porteuse de sens en son for intérieur.

 

Disons-le, la nature est sacrale, la culture séculière. Néanmoins toute séculière qu’est la culture, elle n’a rien de profane en ses fondements, ses invariants constitutifs des repères du sens pour les sociétés et les humains qui les composent. La nature est sacrale car sortie de L’Être inaccessible du Créateur Supérieur Transcendant (Dieu ou le Cosmos) alors que la culture façonnée par l’homme est dispensatrice de sens pour son cheminement en tant que conscience intelligente exigeant les deux dimensions de la signifiance à vivre : l’interprétation de l’univers et la conception du mode de vie collectif selon l’organisation sociale.

 

Rapport à l’univers et vie sociale sont donc les deux grandes configurations herméneutiques dispensatrices de la signifiance qui détermine le comportement des humains à travers différents domaines du sens.

 

Société sacrilège 

 

La société actuelle est sacrilège car elle fait de toute la culture, une vile course à la consommation via un matérialisme crapuleux qui efface toute sacralité de l’homme et détruit les moindres rapports transcendants par le plus vulgaire utilitarisme pour le plus minable hédonisme des profiteurs du marchandage de tout qui instrumentalise même la nature humaine pour le profit. L’on comprend qu’en plein 21ème siècle de l’ère dite chrétienne, les pulsions les plus infrabestiales de la finance et de la course à l’armement semblent éclipser la moindre possibilité d’amitié internationale alors que l’économie de consommation altère quand elle n’empêche les relations saines entre les individus à l’intérieur des sociétés. C’est que l’homme n’est plus humain quand il croit dominer la nature en se vautrant dans la dénaturation marchande de tout. Le capitalisme façonne l’humain de telle sorte que même son propre être est perçu comme devant être mis à contribution pour l’économie et le monnayable.

 

La nature humaine entre en conflit avec elle-même dès que l’avoir y prime l’être et absorbe toute l’énergie de conscience, là où l’homme aurait dû accomplir sa vérité pleine du mystère intouchable de l’Être.

 

Seule une ennaturation profonde et consciente sauvera l’homme de la culture de déviance qui ne fait qu’émaner les perversions de l’esprit déchu, rendu le pire ennemi de l’humanité.

 

Dans une société qui se veut sans Dieu ni divin, il est hélas fatal que peu à peu la nature tout court et la nature humaine soient objets de chosification utilitaire. Heureusement que pour ceux qui, comme nous, croient au message chrétien de l’homme imago Dei, la dénonciation du mal va à la source de la déviance et proclame que la principale source de toutes les déchéances est dans la désacralisation de la nature humaine, l’abominable profanation de l’être même de l’homme qui s’évalue simple présence insignifiante propre à tous les usages sociaux…

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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Tag(s) : #Monde du Concept
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