Par Camille Loty Malebranche
La loi spirituelle est là pour garantir les principes d’harmonisation de l’homme avec sa nature, tout usage social, toute instrumentalisation institutionnelle du spirituel pour la domination d’un groupe sur un autre, en constitue la corruption. La loi n’est jamais qu'un servant de la justice, elle n'est là que pour nous aider à être juste. C'est pourquoi, en cas d'exceptionnalité situationnelle, la loi doit être ponctuellement écartée avec intelligence et pertinence pour permettre la justice. Le primat est à la justice jamais à la loi, surtout du point de vue spirituel.
Le but de la lettre est de signifier, non d’imposer littéralement - ici le littéraire n’est onques littéral - une certaine vision du bon et de l’équitable. La vérité juste relève de la métaphysique, de la morale générale et de la morale particulière qui est éthique et déontologie. La justice, en spiritualité, est amour envers Dieu et bonté envers l’humanité. La justice est l’antithèse théorique du mal, l’affirmation et la praxis du bien. En spiritualité, la justice est l’adhésion mentale aux principes divins selon la vérité de la nature humaine qui est esprit en incarnation ici-bas.
Le péché, autre nom de l’injustice, n’est que la mauvaise assumation de soi contre la nature spirituelle, à l’envers de l’essence humaine. Le péché est la brisure du conatus comme devoir. Car la justice spirituelle est voie entéléchique de l’humain. D’où, hors de la justice spirituelle, l’homme est littéralement un égaré pris dans l’errance. La justice est donc l’itinéraire dont la bonne loi constitue les repères, un peu comme une praxématique de l’homo viator voulant garder le sens exact, la route précise dans un monde si déroutant d’imprécisions, si porteur d’absurdités. Pécher, c’est, pour l’étant humain, violer la logique de la nature humaine, transgresser son essence qui est esprit et donc être en disharmonie avec son être. Vivre contre soi finit donc par détruire l’humanité de l’animal humain et tuer l’homme dépouillé de sa vérité et de toutes les promesses induites par le destin spirituel vu la mort du pécheur endurci à l’esprit. C’est précisément le sens du vocable « le salaire du péché, c’est la mort ».
Société bourgeoise et illusion du droit.
L'illusion du droit en société inégalitaire économiquement clivée, est un art lugubre des riches pour berner les pauvres sur une prétendue égalité sans équité économique. Le droit sans souci d'équité que brandit notre civilisation ploutocratique, n'est qu'artifice pour noyer la justice dans les lois.
À l’échelle cosmique, la loi garantit la nature dans son essence et les fonctionnalités de ses éléments inscrits en ses ensembles tels les galaxies, les systèmes stellaires ou planétaires etc. En société, la loi fixe l’autorité des gouvernants décideurs du mode de vie collectif. La loi sociale n’est jamais que la garante de l’ordre. L’authenticité des lois tient à leur effectivité à défendre la justice loin des apparences clinquantes du droit qui profite toujours aux plus forts dans une société clivée et de classes. Les lois synthétisent le pouvoir des autorités sociales, c’est une création des principes par lesquels la société détermine le sens collectif, les normes de l’agir individuel dans l’espace public et l’orientation politique de la gérance collective administrative. Ce qui sous-entend que losrqu’une société est menée par une oligarchie nécessairement porteuse d’intérêts propres particuliers, toutes prises de lois que cette oligarchie influence via le vote des élus qu’elle contrôle et le mode de droit qu’elle articule en tant que construit juridique, ne sera avant tout que pour garantir prioritairement ses intérêts oligarchiques, même si ladite oligarchie jette des miettes au peuple pour se justifier. L’on imagine pourquoi, il faut désobéir à la loi sociale quand la société est injuste car la loi, là aussi, garantit l’essence sociale, ses principes et ses fonctionnalités. Désobéissance qui doit aboutir à la révolution pour expédier l’ordre injuste qui ne règne que par notre collaboration civile, notre obéissance aux institutions de l’injustice, au système étatique de l’iniquité. Obéir en ces conditions, c’est favoriser l’injustice, c’est collaborer mollement, passivement comme nous le faisons lâchement presque tous, avec le mal et les malfaiteurs. Là, il faut trouver une stratégie de désobéissance civile globale pour notre libération collective de l’imposture inéquitable d’un droit injuste jusqu’à l’immonde.
La vocation spirituelle, intellectuelle et morale de l’homme est, à l’égard du jugement, de toujours être exigeant avec soi pour trouver le juste et le vivre. En toute circonstance, la loi n’est et ne doit être pour l’homme juste, qu’une proposition, un référencement à prendre en compte à travers son propre cheminement dans la justice.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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