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Par Camille Loty Malebranche
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Arrivisme, posture de grossièreté du faux extraverti confus qui se croit humainement « arrivé » par le rang ou la classe selon qu’il se réfère à une société spécifique hiérarchisée ou à la société globale. Pathologie de narcissisme faraud du sous-produit des clivages sociaux, qui s’imagine que la condition sociale constitue l’accomplissement humain, le départ et l’arrivée de la nature humaine. Et de fait, tout arriviste confond situation sociale et essence humaine car pour lui, l’homme n’est pas en soi mais hypothèse vide qui prend forme par la « réussite » sociale qu’il atteint et qui lui confère essence supérieure et statut.
Il n’est pas rare que l’arriviste se vende aux « démiurges » du pouvoir social, qui créent ou effacent les hommes qu’ils transforment en purs produits de classe ou de rang. D’ailleurs, c’est même un trait dominant chez l’arriviste que d’être prêt à toutes les platitudes comportementales pour avoir la faveur des démiurges susdits, puissants décideurs sociétaux afin d’en être le sous-homme créé au point de devenir à son tour créateur de sous-hommes dans la hiérarchie. L’essentialisme de classe ou de rang avec ses clivages, sa hiérarchisation des hommes, constitue la matrice putréfiée de l’arrivisme, la source pourrie où s’abreuvent les arrivistes à foison qui envahissent la société.
On rencontre des arrivistes dans toute sphère sociale clivée ou toute structure hiérarchisée, quelle que soit l’idéologie socio-économique appliquée; néanmoins, c’est en capitalisme où non seulement l’administration mais toute l’organisation sociale, avec force de publicités, encourage la croyance à la fausse arrivée par la consommation de biens, de titres, de services, que l’arrivisme se propage de manière exponentielle et polluante. Une société monstrueuse, au vide tératogène, ne peut que produire cette espèce de monstre de la vacuité de toute substance immanente ou transcendante, ce mort à toute valeur intrinsèque, ce malade de toutes les gesticulations et ostentations grivoises qu’est l’arriviste. L’emblème de l’arriviste, est le caractère récent de son statut économique. Car l’arriviste vient d’en bas et c’est son incapacité à assumer sereinement sa veine qui le fait comme névrosé du changement de classe.
L’arriviste, dans sa pathologie de fausse entéléchie, est un confus qui vit la pire des aberrations ontologiques. Alors que le phénomène est le cortex de la substance qui y apparaît, l’arriviste se prend à imaginer pouvoir inverser cet ordre en tirant l’être de l’apparence, une apparence tout droit sortie de sa gestuelle qu’il fait parturiente de tout ce qui est.
Déduire artificiellement les essences d’un paraître où il brandit les signes visibles de rang et de classe, exhiber l’essence sans substance de son monde par les signes et symboles de son importance, voilà la vérité de l’arriviste, ce reflet incarné des singeries sociales, cette ombre des complexes sociaux, ce gesticulateur déluré dans son délire des effets d’apparence.
L’arrivisme, de par son fondement aberrant, sa confusion de l’accomplissement humain avec le succès social qu’il ponctue de l’histrionisme le plus extrême et le plus excentrique, est en soi une des plus répugnantes émanations de l’abysse sans fond de la bêtise humaine. Quand toute une société distille comme par fantasmagorie idéologique un univers psychédélique où tous vivent de l’illusionnisme financier avec sa pseudo-économie, ses classes ou hiérarchies arbitraires et sa vacuité axiologique tant logique que morale, il ne reste, dans l’éthique factice des manières, que la surenchère d’une entéléchie postiche que donnerait la condition sociale, la vanité du maniérisme de classe ou de rang, la farauderie de l’arrivisme, la fausseté mièvre des hordes de parvenus.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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