Par Camille Loty Malebranche

Contrôler ou transcender ses pulsions, en en exorcisant les circonstances pour rester mentalement souverain, voilà une des armes puissantes de l’esprit libre en route dans le monde. Car la subjugation par le mal vient de la mollesse et amène la veulerie, cette prégnance morbide de la pulsion sur la conscience non affermie. On vainc immanquablement la pulsion au mauvais par la prière et l’adoption de principes spirituels et volitifs forts qui ne lui laissent aucune place, car la rejetant comme absolument sale et abjecte.
La pulsion non orientée est occurrence de non contrôle moral, c’est souvent la trappe du mal cherchant à piéger un esprit humain en évolution ici-bas. La peccabilité est donc la manifestation d’un laisser aller, là où le défaut constitue un état comportant une durable inclination. La pulsion non orientée prend allure de molle complaisance à une poussée immorale vers la violation du bien, qui se manifeste soit en offensant directement Dieu, soit en violant la nature par la contre-nature, soit enfin, en infligeant une injustice objective au prochain. Molle reddition à une poussée coupable parce que l'homme n'a pas rejeté totalement le principe du mal concerné pour en expurger sa vie en en rayant implacablement les conditions!
La pulsion n’est pas en soi un défaut, mais un débordement d’énergie négative, une force néfaste surgissant de notre être en situation d’affect qui nous entraîne au mal. Ainsi, le besoin de paraître chez un individu sans talent, peut le tenter, par la haine, de détruire l’œuvre talentueuse d’un autre ou de tout faire pour le freiner. L’orgueil social tente quelques-uns à accepter d’immondes compromissions, quitte à se prostituer le corps et l’esprit voire à servir de vils relayeurs et d’hommes à tout faire à un ordre idéologique infâme pour être près des puissants et avoir pignon sur la « gloire ». Tout comme les épreuves de la vie sont capables de tenter l’esprit non pieusement affermi en Dieu; pulsion assez courante que celle qui porte l’homme - via une sinistre saisie au rabais de la vie par la lorgnette déformante du pragmatisme social, le prisme aberrant de la réussite temporelle ou matérielle - à abandonner la foi, la spiritualité ou d’en changer pour le satanisme, le chamanisme...
Il est deux types de pulsions: les pulsions des sens et les pulsions de conviction.
Les pulsions des sens sont celles qui s’exercent par l’attraction perverse du monde sur nos sens, attraction puissante dans notre rapport sensoriel aux choses et aux situations. En cette forme de pulsion, ce n’est pas tant l’orgueil que la mollesse du laisser aller qui est la cause de chute à combattre. Refuser les circonstances qui rendent notre esprit esclave des débordements charnels et sensuels, telle est la voie victorieuse même si nous tomberons et tomberons sans doute avant de vraiment y arriver. Les désirs du mal sont renversables par notre fermeté à ne pas nous exposer à leur attrait selon nos inclinations qui font notre faiblesse tout en nous fortifiant par la prière et un mode de vie sain contraire qui bannit les situations de nos faiblesses.
Les pulsions de conviction sont la pression mentale que nous font les forces intellectuelles d’une vision pécheresse du monde, telle l’incroyance, le matérialisme. C’est le champ de l’orgueil paroxystique, l’orgueil dit de la vie, la vanité arrogante de l’homme trop plein de lui-même pour accepter l’humilité spirituelle de la soumission à Dieu plutôt qu’à ses délires de grandeur intellectuels ou de condition sociale. C’est pourquoi, l’une des pires faiblesses de l’homme, c’est l’altération de l’idée de grandeur par l’orgueil de ce monde en lui. Tout tient de notre capacité spirituelle à nous fixer par la foi, sur Dieu et à nous fonder des valeurs sur la vérité intérieure et supérieure de l’esprit. Nous battre pour notre élévation temporelle, matérielle et sociale, oui, mais jamais en détruisant notre essence spirituelle et sa morale. Dans le christianisme, n’en déplaise aux dénigreurs et aux ignares qui en disent le contraire, c’est la reddition aux méthodes du monde et les méthodes elles-mêmes de la soit disant réussite ici-bas contre la spiritualité, qui sont constamment condamnées, jamais la réussite et la gloire temporelle de l’homme.
En spiritualité, notre aptitude au dépassement des pulsions - aptitude à nous travailler multiplement c'est-à-dire autant par la prière que par l'orientation de nos habitudes de vie - constitue l'un des attributs essentiels de la liberté. Car l'esprit n'est jamais finalement esclave que des désirs malsains qu'il accepte par mollesse ou par injuste et perverse révolte, lesquels désirs, finalement, le ravalent, le dénaturent. Toutefois, l'homme de foi, heureusement, par sa focalisation sur Dieu plutôt que sur ses propres limites, par sa certitude confiante en la présence permanente de Dieu avec lui, par la grâce supérieure de Dieu, aura toujours le pouvoir d'être au-dessus de ses propres faiblesses qui voudraient l'emprisonner!
Oui, l'homme, en Dieu, a toujours le pouvoir d'inexpugnabilité et donc de la victoire sans coup férir, en se réfugiant en Dieu pour anticiper le mal et prévenir toute attaque. Là, le seul combat de l'esprit, pour lequel, il est déjà on ne plus armé selon les grâces de Dieu, est de rester ferme dans la foi par le soutien de Dieu qui fait le don de la Foi, et de la Foi inébranlable à ceux qui croient en lui, ceux qui l'accueillent et l'aiment. Oui, c'est une vérité fondamentale de la spiritualité qui illustre le mot du Christ "à celui qui a, l'on donnera encore": il faut commencer par croire pour obtenir le grand don de la Foi inébranlable!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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