Par Camille Loty Malebranche

L'Agnosticisme, cette ruse sémantique pour dire l'Athéisme.
On peut légitimement adjectiver son athéisme, nuancer en toute légitimité son incroyance, mais seulement à posteriori de son assumation comme rejet radical du divin et de tout ce qui s'y rattache comme non acceptation de l'existence de Dieu, voilà pourquoi, la désignation de soi comme agnostique est suspecte, manipulatrice comme présentation de soi et comme imposture de l'agnostique cachant sa posture d'athée effectif.
Le problème de l'agnosticisme est qu'il ruse sémantiquement pour paraître plus raffiné, démagogiquement plus nuancé qu’il n’est, s’édulcore par sa nomination pour laisser croire que sa manière est une méthode. Celui qui ne croit pas est athée en tant qu'il vit subjectivement la non existence de Dieu et donc n'a objectivement aucun comportement se référent logiquement et moralement à Dieu dans sa relation avec soi et avec l'être en général. Car l'objectivité du rapport à Dieu naît exclusivement de la foi sans quoi, Dieu n'existe pas pour l'humain. L'athée est donc celui qui n'a que faire de Dieu, celui pour qui l'existence ou l'inexistence en soi de Dieu, n'implique rien quant à sa posture métaphysique nihiliste où il ne croit pas à un être suprême au-dessus du monde ou même immanent immatériel au monde auquel l'homme pourrait avoir rapport. Arguer d'un non savoir pour nuancer le bannissement de Dieu dans l'assumation intérieure et expressive de sa vie, ne peut en aucun cas être le domaine purement métaphysique de la foi, domaine qui ne peut être scientifisé au nom de la raison ordinaire.
Il n’y a pas d’agnostiques, il n’y a que certains athées et leur athéisme louvoyant sur les ruses du discours, passant par l’évocation d’un non savoir soi disant justificateur. Dès qu’on doute de manière sceptique de l’existence d’une dimension intangible et donc non démontrable par la preuve, on est athée, c’est tout. Cela est une position existentielle du rapport à l’être, et parmi l’être, du rapport au sens et à soi de l’individu. C’est un rapport au sens et au sentir c’est-à-dire à la manière d’éprouver le sens. Est-ce que je sens seulement par les sens et ce à quoi les sens ont accès? Ou éprouvé-je un quelque chose de profond et fort non objectivable, par intuition et expérience intérieure vécue avec des preuves personnelles? Tout est là.
Le croire ou le douter au stade métaphysique, tient de mon rapport intime, intimiste à moi-même. C’est le champ du soi intérieur. Soi intérieur, soit, mais avec des évidences dans mon explication de mes propres expériences bien concrètes. Et c'est un peu couard et intellectuellement inassumé que de vouloir jouer verbalement à une troisième position qui serait mitoyenne entre les seules deux approches proprement établies dans la dialectique spirituelle, à savoir la foi et l'athéisme.
Ainsi, que j’aie été guéri de telle maladie dangereuse après avoir prié; que je sois sauvé d’un malheur qui a frappé et terrassé tant d’autres, que je sorte d’un piège mortel que l’on me tendait, que je m’échappe d’une situation impossible où des monstres abjectement haineux et mesquins voulaient me maintenir, que j’aie reçu une intelligence intuitive pour comprendre ce qui reste flou et subtil pour la raison ratiocinante; au risque d’être risible aux yeux de l’agnostique (l’athée rusant), j’affirme que ce qui apparaît comme aléatoire - c’est-à-dire simples contingences bénéfiques ou impondérables favorables - tient de Dieu qui m’accorde ses grâces.
Il s’agit d’être clair, intelligiblememt expressif par ses idées et non se dissimuler matoisement dans un flou pseudo-théorique, une théorétique de la fuite pour ne pas s’affirmer. Car être authentiquement homme et à fortiori, intellectuel, c'est aussi affirmer son statut d’herméneute quant à la condition ontologique et cosmologique de l’homme. Là, l’homme sent et sait par le sentir, l’intuition et son expression pour ou contre la détermination transcendante ou l’absurdité du fait d’être à commencer par le cosmos jusqu’au microcosme insolite et conscient qu’il est.
De fait, le problème posé ici, est le même que posaient déjà Antisthène et Pyrrhon, celui de l’homme désemparé du sens intérieur immatériel, qui se rabat sur le phénoménal en en faisant le seul champ de l’être, alors que l’être est tangible et intangible; immatériel et matériel.
Il faut tout simplement, par sagesse, cesser de vouloir réduire l'être au tangible et de ravaler l'homme à la rationalité du touchable.
Il ne faut surtout pas ériger un pernicieux fondamentalisme de la raison qui, comme les rationalismes désuets du passé, impose le savoir (aujourd’hui la science) comme seule voie du connaître.
Il faut arrêter de circonscrire le connaître au seul savoir… Tout humain est en rapport au savoir et au non savoir, c’est par volonté de manipulation sémantique perverse que certains en appellent à l’agnosticisme… Agnosticisme, amorphisme cognitif lâche qui n’ose dire son doute et prétend par inassumation expressionnelle ne pas prendre position entre croire ou ne pas croire dans une sorte de cinglante abstention métaphysique, neutralité ignorante, sorte d’indifférentisme rationaliste (agnostique)... Car la neutralité agnostique n’est point. Il n’y a pas de rapport neutre à l’être, pas d’évitement ni de passivité face aux prises de positions nécessaires, incontournables que ce rapport implique pour un humain.
Les agnostiques n’ont qu’à s’appeler sans subterfuge pseudo-théorique, les athées qu’ils sont pour gagner au moins en crédibilité d’herméneutes, loin de leur manière hypocrite de couards anherméneutiques, de pitoyables fuyards métaphysiques.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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