Suilogie et égologie: le je fermé et le je ouvert...

Par Camille Loty Malebranche

Quand je m’exprime, le sujet qui parle est le je dans son rapport à soi et à autrui, c’est donc le je fermé, indivis, autre de tous, qui assume le je ouvert à l’altérité, ponctuant ainsi son appartenance à l’espèce à travers son rapport à l’humanité.

L’expression de tout humain est suilogique et égologique:

1) Suilogique, le je se manifeste en son essence de sujet (subjectalité), où, comme communicateur, le je qui s’exprime, s’extériorise en tant que Soi de consistance, sujet strictement en soi. 

2) Égologique, le je est intersubjectif, essentiellement comme Ego, ce moi qui est élément du « nous » évoquant à la fois l'espèce et la société. Dans ce cas, c’est le moi avec sa part phylético-sociale, sa face de ressemblance aux humains constituant la grande communauté de l’espèce, qui manifeste sa ressemblance; là, le sujet qu'est le moi, en cette posture égoïtaire, garde inéluctablement le je en communication avec l’autre semblable, dans l’interaction collective ou interindividuelle.

Le je est donc à la fois assumation personnelle en tant qu’il est intra-subjectal et communication transpersonnelle puisqu’il est l'ego (le moi) porteur de cette extériorisation subjective qu’il manifeste.

Quand le je communique, il affirme en quelque sorte que l’autre humain est son pair égal sur le plan ontologique par la propriété de la conscience qui fait du je un mitsein, un (nous) singulier parce qu’en communauté et en partage. Là, se saisit la jonction sans fusion ni confusion du soi et du non soi.

Et si la fusion n’existe qu’au niveau strictement spirituel en mystique paraclétique avec l’être de Dieu, la jonction comme rencontre des différents semblables de l’espèce, que vit chaque je en interaction intersubjective, porte le soubassement de toute morale interhumaine digne: si le je est part de tous et porte tous en lui - en partie par l’essence avant toute assumation personnelle - le bien ou le mal que fait chaque je en action envers autrui, il le fait d’abord à lui-même. 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Comments

[Lobev]

Le je ne peut poursuivre son évolution spirituelle qu'au sein de la communauté des autres je qui le renvoient à lui-même, non une partie consciemment connue de son individualité mais aux confins de son être paradoxalement ignorés de lui-même.
C'est comme si évoluant en circuit fermé, il avait besoin du regard salvateur des autres consciences qui le rendent en quelques sortes à lui-même.
Car le je fondamentalement relève paradoxalement d'une complétude latente mais non réalisée.

[CLM.]

Oui, d'où toute la souffrance du manque d'amour, de l'absence de vrai partage et de la cinglante claustration que la société impose par des murs et clivages idéologiques aux individus ainsi figés dans leur incomplétude de cette complétude latente qui appelle l'autre.