Estime de soi et Amour de l’Humanité…

Par Camille Loty Malebranche

L’estime de soi est cette posture d’amour de soi comme appréciation méliorative de la nature humaine que nous portons comme sujet conscient et assumé dans notre spécificité personnelle ayant dépassé le simple stade d’individu, car l'individualité est forme singulière indifférenciée et insignifiante de la conscience non encore expressive d'elle-même.

L'estime de soi implique que le sujet s'assume pour le meilleur, un meilleur qu'il projette comme l'image qu'il a de lui-même, de son être particulier mais aussi de son essence humaine, son Humanité comme dimension spirituelle. Voilà pourquoi l'estime de soi, cette circularité du sujet se considérant sans narcissisme mais pleinement aimant de lui-même, est déterminante et capitale dans la qualité du rapport à soi puis à autrui. L’estime de soi a pour déviance et corruption: l’égoïsme, le chauvinisme, le narcissisme et leurs conséquences. Bien entendu, ici, il faut se gausser supérieurement des meutes d’imbéciles coutumiers, scélérats médisants, accusateurs dénigreurs, niais et minus qui n’ont pas de dignité pour s’aimer et cultiver leur possible et leur talent enfoui, car pour de tels poncifs anthropomorphes, être fier et souverainement expressif est perçu comme de l’arrogance voire du narcissisme! Ne pouvant s’élever par des qualités travaillées, les balayures mouvantes, fatras ambulants, rejets vivants de ce monde d’amenuisement social tant mental que matériel de l’humain, font tout pour freiner, dénigrer avec haine et envie les valeurs et splendeurs des vrais Hommes. Pour revenir à l’estime de soi, je dis que s’aimer spirituellement d’esprit et de corps, et projeter cet Amour de Soi dans un rapport sain à autrui, voilà le programme de l’homme empli de sa propre estime.

Il faut être clair à ce stade de notre exposé: de l’homme, tout rapport à soi se manifeste dans le rapport à Dieu, à l’univers et aux autres semblables. Les glissements corrupteurs de ce qui est légitime, piègent l’homme en leur démesure, leur torsion liée à des failles psychologiques, des faiblesses mentales. L’estime de soi est d’abord le sentiment de la grandeur humaine.

La société de classes, une ennemie de l’estime de soi par la domination…

L’estime de soi butte avant tout rapport de classe sur nos parents; puis sur la classe des dirigeants - classe du pouvoir - qui, au lieu de guider les hommes et de se contenter d’être simples guides éduquant, veulent manifester  leur pouvoir en les dominant et les soumettant. Là, la société de classes, par son infériorisation de tous pour les quelques représentants d’une classe supérieure, est l’ennemie systémique de l’estime de soi. Un dominé est exproprié de l’estime de soi face à son dominateur. Et de fait, le dominateur s’enorgueillit-il de sa supériorité! Mais le colon, l’esclavagiste, le violeur, le tortionnaire, le despote, toutes les ignobles racailles qui dominent implacablement et incontestablement sont-ils plus grands que leurs dominés!? Là, la réponse est dans la question! 

Briser le cercle vicieux de la méchanceté des perceptions collectives et refuser les fausses valeurs dominantes, transcender l’immersion mentale malgré l’environnement social et structurel qui corrompt, nous semble un pas décisif pour construire l’estime de soi dans un monde où l’ego dénaturé de quelques-uns, est mégalomanie dévorante qui assigne les autres au stade de reflets de leur orgueil.

Repenser les manifestations de l’ego, l’égoïté, c’est-à-dire notre manière globale de nous voir, par une éducation juste dans un système sans idoles privilégiées en tout qui règnent sur l’économie et l’État, voilà ce qui conférerait une meilleure compréhension de la valeur du soi humain aux majorités. S’aimer se faire valoir par le vrai talent sans pactisation avec des maîtres de structures à ne pas déplaire et à flagorner pour un sinistre retour d’ascenseur, est une part fondamentale de manifestation de l’estime personnelle. Pour revenir à la société, disons que lorsque la société est marchepied de quelques surhommes disposant du pouvoir structurel de désigner qui promouvoir et qui noyer par le systémique boycott méchant et crapuleux excluant la juste reconnaissance des valeurs et mérites, la domination et la maltraitance sont fatalement établies et la reconnaissance, marchandisée dans un monde de crapuleries hiérarchisées reproduites dans le reste de la société à travers abus et chantages.  

S’aimer pour aimer autrui, s’aimer de la charité transcendante pour être solidaire avec le prochain par respect de l’humanité et non pour des besoins mesquins de se mettre en scène ou de se donner bonne conscience, voilà le début de l’amour humain vrai dans toutes les richesses de la fraternité espécielle. 

Je ne crois pas qu’il n’existe de meilleure formulation succincte et supraprescriptive que le: « Voici le premier commandement: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique Seigneur; et: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là.»  in l’évangile de Marc 12 versets 29 à 31, où le Maître des maîtres, Jésus, illustre l’empan spirituel de l’estime de soi et de ses implications envers Yahvé et envers le prochain. Force est de remarquer que cet amour d’autrui dérivant de l’amour de soi, suit en fait l’Amour de Dieu que l’homme doit cultiver par-dessus tout comme voie de son Salut. Ainsi l’estime authentique et véritable de soi, je dirais du soi humain qui est éminemment spirituel, va de moi à l’autre dans l’univers supérieur de la transcendance métaphysique qui rejette le monde malsain des structures d'asservissements et de dénaturations ainsi que les appels inférieurs des pulsions malsaines, des faiblesses et des mesquineries, ces tares des esprits sans Dieu, sans aspiration à leur part de déité immanente selon leur nature issue du Père dont elle est l'image…  

Sans juste et plein amour de soi, en effet, nul ne peut aimer quiconque! On imagine le degré d’estime de soi de nos semblables! Moi, je dis que toute misère humainement infligée ou humainement évitable mais sévissant, est marque du grave déficit d’estime de soi extériorisé à travers les mesquineries et les méchancetés, ces platitudes des esprits égarés et déviés que sont la plupart des humains ainsi réduits en simples anthropomorphes sur la face de cette terre.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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